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2016 99 Cents

SANTIGOLD - 99 Cents (2016)
Par MK ULTRA le 16 Juin 2016          Consultée 1276 fois

Quatre ans après la sortie de son deuxième album solo, Master of my Make-Believe, SANTIGOLD revient avec 99 cents, constitué de douze chansons pointant du doigt discrètement les dangers d'une société ultra-consumériste qui nous dénature au point de nous rabaisser au rang de "jouets". L'ex chanteuse du groupe de Post-Punk Stiffed, qui a été repérée et lancée dans une carrière solo en 2008 sous le nom de Santogold, a de la ressource : après des embrouilles de droits d'auteur suite à la sortie de Santogold, son premier album, elle change de nom et devient SANTIGOLD, la seule, l'unique, la quadra timbrée qui fait tourner les têtes. L'allure même de 99 cents, plastifié, coloré, éparpillé, laisse présager le côté acidulé et déjanté de son interprète. Malgré la séparation en deux temps de l'album par les fans (les six premières chansons médiocres, les six dernières intéressantes), il semble bien plus évident de trouver en 99 cents une sorte de triptyque : les tubes réussis, le "ventre-mou" de l'album et les morceaux d'excellence.

L'album s'ouvre par ailleurs sur le tube réussi qu'est "Can't get Enough of Myself", un morceau joyeux qui sonne fin années 60, début 70, dansant et complètement barge. Un hymne qui prône l'estime de soi d'une façon ultra-déjantée, presque narcissique. Les paroles sont intelligentes, malicieuses et ironiques à souhait :  "Ain't a gambler but honey, I'd put money on myself". C'est très féminin et surtout, c'est bon pour le moral. Dans le même esprit, on retrouve "Rendez-vous Girl", un morceau super années 80, entraînant et également très réussi. Le dernier "tube" dans cette catégorie s'intitule "Banshee ". Il démarre sur un rythme enjoué, presque enfantin qui invite à danser. Bref, le pitch original de "Banshee" est celui de n'importe quel tube actuel. Là vous vous dites : "oui bon un classique quoi... ils font tous ça de nos jours..." mais je vous arrête-là : la chanson respecte son objectif, soit être entraînante ; elle n'est certes pas extraordinaire mais elle est bien fichue et au final c'est tout ce qu'on lui demande. Cependant, un petit détail me titille... la Santi-Nationale parle de Banshee, et qu'est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire que MK est intéressée ! "Mais, qu'est-ce qu'une Banshee, MK ?" me demanderez-vous. Et bien sachez, petits lecteurs interrogatifs, qu'une Banshee est une créature issue du folklore irlandais sensée annoncer la mort d'une personne importante. Bim, dans ta tronche l'idée que ça pouvait être une chanson toute innocente pour se déhancher joyeusement ! Tout de suite on est bien plus enjoué à l'idée d'aller danser n'est-ce pas ? SANTIGOLD fait passer un message fort et presque lugubre, "Come on ! Come on !" allez danser pour oublier la Banshee assise sur votre épaule. Ne serait-ce que pour l'intelligence du titrage et donc le double-sens parfait de la chanson, "Banshee" mérite d'être qualifiée de tube réussi.

Nous entrons maintenant dans la catégorie "ventre-mou" de 99 cents qui représente tout de même la moitié de l'album, ça commence à faire beaucoup. Ne nous attardons pas sur "Chasing Shadows", "All I Got","Run The Races" et "Who I Thought You Were", qui sont banales pour ne pas dire faiblardes, écœurantes, du genre à coller aux dents à la manière de contrefaçons de bonbons Haribo. Passons directement aux titres qui filent des caries, voulez-vous ? Deux titres méritent une médaille pour m'avoir fait friser les tympans :"Big Boss Big Time Business" qui en soit est plus un ovni complètement jeté et faiblard, qu'un mauvais morceau. La stridence de la voix de SANTIGOLD peut vite devenir crispante, mais si l'on trouve le courage (et il faut le trouver, il m'a fallu de multiples écoutes douloureuses pour comprendre le mindfuck qu'est cette chanson), il est possible de trouver ce rythme, cette stridence, accrocheurs. Je me suis prise à chantonner "Big boss, big time, business" au fil de la chanson, ne me demandez pas pourquoi, c'est un mystère. Mais vous voulez un exemple de mauvais morceau n'est-ce pas ? Vous le trouverez dans "Who Be Lovin' Me" un titre en featuring avec ILOVEMAKONNEN. Après moult tentatives, je peux affirmer haut et fort que ce titre m'horripile. Les influences éraillées et pixelisées de jeux vidéos rétros qu'ont les couplets rappellent les premiers Pokémons et pourraient donner un bon ton au titre, mais la voix de ILOVEMAKONNEN coupe complètement le charme de la chanson. Le refrain reste prenant mais d'une monotonie effarante que les couplets de SANTIGOLD ne sont pas en mesure de contrebalancer. Contrairement à "Big boss, big time, business", on est pas très heureux de se retrouver avec ce titre coincé dans la tête. Lui entreverrait-on un avenir à Guantánamo ? Reste à savoir si Guantánamo veut de lui... à ce niveau ça devient méchant pour les prisonniers...

Vous pouvez vous détendre, nous allons maintenant parler d'excellence, de grand SANTIGOLD. Trois titres se démarquent largement de l'album, étrangement ils sont bien plus sombres que ceux qui composent la majeure partie de 99 cents. Ces trois morceaux sont "Before the Fire", "Walking in A Circle" et "Outside the War". Le premier se caractérise par des influences tribales. La rythmique est dominée par des tams-tams, et la mélodie minimaliste qui cascade au fil de la chanson donnent une ambiance brumeuse au titre. "Before the Fire" est un morceau d'un sérieux remarquable, il ne comporte pas de prouesses vocales mais il dégage une émotion certaine, une langueur, un secret, un regret tout simplement sublimes. Le deuxième morceau d'excellence de 99 cents s'intitule "Walking in A Circle". C'est un titre super moderne au voicecoder poussé à fond qui lui donne un côté mécanique glacial légèrement menaçant. Il y a une tension sous-jacente dans ce morceau, quelque chose d'intense qui monte doucement, puis lorsqu' arrive le refrain, implose. Le voicecoder se mélange aux différentes voix de SANTIGOLD et tout cela résulte en un magma psychédélique incroyablement bien dosé. J'adore ! Le dernier titre est à mes yeux le meilleur de tout l'album, "Outside the War" est l'ovni absolu de 99 cents. Après les ondes sucrées diffusées durant les trois-quarts de l'album, on se retrouve avec ça. Des grognements, des cris, qui donnent au morceau un côté film d'horreur phénoménal. SANTIGOLD fait étalage d'une voix perçante, déchirante. "Outside the War" est sombre, violent, on se croit poursuivi par quelque chose de cauchemardesque, de démoniaque. On passe dans un autre monde, la voix s'enroule autour de l'auditeur, lui rentre dans la tête, il se retrouve isolé du monde extérieur avec la chair de poule. L'exemple d'un morceau génialement réussi et magistral. On notera le clin d’œil à 28 Jours Plus Tard avant de repartir de plus belle dans un trip horreur glaçant. On est loin de la simplicité qu'on imaginait de 99 cents. Il n'y a pas de mot, simplement du grand SANTIGOLD.

Globalement donc, 99 cents est un album mitigé, il comporte de très belles réussites mais également une forte proportion de titres moyens voire faibles qui abaissent drastiquement la qualité de l'album, un seul mot : Dommage !

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1. Can't Get Enough Of Myself
2. Big Boss Big Time Business
3. Banshee
4. Chasing Shadows
5. Walking In A Circle
6. Who Be Lovin' Me
7. Rendezvous Girl
8. Before The Fire
9. All I Got
10. Outside The War
11. Run The Races
12. Who I Thought You Were



             



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