Depuis combien de temps entendons-nous parler de l’album solo de M et Mrs ROSSINGTON ? Nous savons que la santé du seul membre fondateur rescapé de LYNYRD SKYNYRD est fragile. Cet été, encore, le groupe a annulé plusieurs concerts afin que Gary puisse soigner son cœur. Et la liste des musiciens de l’album indique que les sessions se sont étalées sur plusieurs années, comme le démontre la présence de Richie Hayward, le batteur de LITTLE FEAT décédé en août 2010.

La pochette de Take It On Faith ressemble à s’y méprendre à celle de 80 de BB KING sorti en 2005. Même couleur, même photo de la guitare. Bizarre. Et puis c’est un album de ROSSINGTON à savoir Gary et Dale, son épouse, qu’il a rencontrée en 1977 quand elle était choriste de 38 SPECIAL, avant de rejoindre, dans la même fonction, LYNYRD SKYNYRD. Les musiciens qui accompagnent le couple sont surtout reconnus pour leur travail en studio. Pas de stars, tout juste peut-on remarquer que "Good Side Of Good" est co-signé par Billy GIBBONS de ZZ TOP. L’album est produit par David Z (PRINCE, Etta JAMES, Buddy GUY) en collaboration avec l’ingénieur du son de LYNYRD SKYNYRD, Ben Fowler.

Les douze chansons de l’album sont plus proches musicalement des deux groupes formés par le couple ROSSINGTON après le crash (The Rossington Collins Band et The Rossington Band) que de LYNYRD SKYNYRD. Certes, la guitare de Gary est en évidence sur l’incisif "Good Side Of Good" et sur l’excellent morceau d’ouverture "Highway Of Love", mais l’album met surtout en valeur la voix de Dale, et sa complicité avec Gary. Ainsi, Dale réalise une grande performance vocale sur "I Should’ve Known" s’imposant comme la front-woman avec une belle aisance. Et sa voix puissante sur ce titre s’adoucit merveilleusement pour "Take It On Faith", une vraie ballade qui sent bon le Sud sublimée par la guitare acoustique et la slide. Ecoute Gary, moi j’ai une petite idée : tu laisses tomber LYNYRD et les mêmes morceaux débités chaque soir, tu nous montes un groupe et tu joues l’album en live. Car Madame continue son récital et cet album révèle des petites merveilles cachées à chaque nouvelle écoute.

Sur le fond, Dale et Gary ont intégré que le southern-rock "canal historique" était un peu dépassé et comme de nombreux autres groupes, ils proposent une musique qui mélange les différents grands courants de la musique populaire américaine, ce cocktail qui allie la finesse d’un piano, les riffs costauds de guitare, les nappes de clavier et les chorus d’harmonica, le tout porté par une superbe voix féminine. Pour tout vous dire, j’appréhendais cet album, j’ai préféré l’écouter attentivement avant de le chroniquer car s’il avait été mauvais, l’écriture de la critique aurait été difficile. Heureusement, ce n’est pas le cas, bien au contraire. Les douze chansons ne sont que du bonheur. Le couple Rossington propose un album de très haut niveau qui confirme que Dale est vraiment sous-exploité dans son rôle de choriste. Il confirme aussi, si besoin, que Gary Rossington est un énorme guitariste, inventif, avec un jeu de guitare unique.