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Charles AZNAVOUR - La Bohème (1966)
Par EMMA le 12 Juin 2025          Consultée 402 fois

Charles AZNAVOUR suggère des histoires, pas les plus poignantes, mais celles qui parlent à tous. Il capte de simples instants du quotidien, ceux qu’on vit ou ceux qu’on ne prend pas le temps de voir et les orchestrations qui l’accompagnent subliment cela. La chanson titre La Bohème est tellement ancrée dans nos mémoires qu’on en oublie le jour où on l’a découverte. À son sujet, tout a été dit et redit et il n’y a pas de raison qu’elle vole la vedette aux autres chansons. Chaque album d’AZNAVOUR regorge de fragments de vie et afin de ne pas répéter ce qui a déjà été dit nombre de fois au sujet de celui-ci, je vais tenter d’inscrire chaque chanson comme des scènes et donner leur donner vie à travers un court récit.

Au petit matin, Paris somnole encore. Un homme descend les marches de Montmartre, l’échine courbée par le poids des souvenirs, chaque pas résonne comme un vers oublié. Il parle à sa jeunesse, à "La Bohème" qu’il croyait éternelle, une photographie à demi effacée. Aujourd’hui, tout est différent. Seule reste cette valse mélancolique, où chaque violon se fait écho de cette époque perdue, et où la voix d’AZNAVOUR, nue et rauque, appelle ce qui ne reviendra plus. "La Bohème" flotte dans l’air.

Puis, la voix grave et tranquille d’AZNAVOUR se fait plus claire dans "Parce Que Tu Crois". Il se tourne vers l’autre, celui qui pense que l’amour rend faible, et la lutte commence. Dans une arrangement sobre et élégant, la musique s’étend, la tension se fait palpable. Et soudain, la pluie tombe. Elle n’est pas violente, mais persistante, imprégnant Paris de ce gris uniforme. L’ennui s’installe comme une ombre qui s’étire sur la ville endormie. Et pourtant, "Ça Vient Sans Qu’on Y Pense". L’air léger s’élève, la trompette se joue de nous. Un sourire et tout reprend. La voix enjouée, accompagnée d’une orchestration souple, une cadence qui ressemble à un pas de danse au rythme d’une pièce de music-hall. La mélodie ne force rien, elle laisse place au mouvement et tout reprend sens, même les mots, même l’envie d’écrire.

Il marche seul dans la nuit. Les rues déroulent leurs pavés comme les arpèges déroulent sur le clavier du piano. La mélodie est douce, presque secrète, et il se dit que "Il Fallait Bien" qu’un jour l’amour vienne. Il fallait y croire, même pour en être brisé. Les cordes, lentes et graves, enveloppent le chagrin. Le silence de la nuit s’aligne avec l’amertume du texte, un chagrin profond qui ne s’efface pas. "Il Fallait Bien" payer un jour, et il le paie seul, dans le silence d’un amour qui n’a pas pu se sauver.

La ville autour de lui semble mourir, tout comme l’amour qu’il a vécu. "Paris Au Mois D’août" c’était elle. Voilà la ville dans laquelle il s’est perdu. Une romance d’été, belle mais vouée à ne pas durer. La mélodie s’élève, douce, nostalgique, bercée par des cordes effleurant le souvenir. L’accordéon, discret, souffle comme un dernier soupir du passé. La voix d’AZNAVOUR flotte et la chanson est tournée vers l’intérieur. Il s’y retrouve, une moitié de lui restée là, accrochée à l’amour perdu, l’autre espère que ses lèvres retrouvent un peu d’août, un peu de lumière. Mais la musique se fait plus pressante, plus forte, lorsqu’il réalise que "Sur Le Chemin Du Retour" il a fait fausse route. Les cuivres grondent comme un rappel à la réalité. Il pensait qu’au bout du voyage, il trouverait l’oubli, que d’autres bras, d’autres baisers, suffiraient à le réparer. Mais tout ce qu’il trouve, c’est la fatigue, le poids du passé qu’il ne peut fuir. Les notes s’alourdissent, la marche devient plus difficile, et il ne lui reste que le poids du passé et cette fatigue d’avoir couru en rond.

Une présence manque, "Sarah". Partie trop loin trop vite, on ne comprend pas vraiment. On relit tes lettres, on devine entre les lignes un monde plus vaste une autre vie que la nôtre, mais ici, chaque silence porte ton nom. "Sarah" si tu entends, ce n’est pas un reproche, juste une voix au loin qui répète inlassablement ‘reviens vers nous’. Enfin, l’heure se fait douce. Les mots flottent, se cherchent, se rencontrent, puis se posent. L’homme, cette fois, n’attend plus seulement un sourire. Dans "Aime Moi", il implore, comme une dernière chance. Le mélodie répétitive, pleine de passion et d’urgence semble frôler la limite du supplice. Un cri muet dans l’air frais de la nuit. Et dans "Quelque Chose Ou Quelqu’un", il se dit que la vie a un drôle de rythme. Il se dit qu’un jour, peut-être, la vie lui offrira ce qu’il attend. Et tandis que la mélodie continue, douce et chaleureuse, les instruments semblent hésiter, comme lui. L’espoir est fragile, mais il est là, quelque part, flottant dans l’air, dans la musique, dans ces quelques mots suspendus.

L’histoire se termine ainsi, une note de musique, une promesse d’amour, un souffle d’espoir. Et, à travers cela nous retrouvons des morceaux de nous-mêmes. La Bohème est un album à l’image d’AZNAVOUR, l’arrangement musical est assez classique mais en harmonie avec le chant.

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1. La Bohème
2. Parce Que Tu Crois
3. Ça Vient Sans Qu’on Y Pense
4. La Route
5. Il Fallait Bien
6. Paris Au Mois D’août
7. Sur Le Chemin Du Retour
8. Sarah
9. Aime-moi
10. Quelque Chose Ou Quelqu’un



             



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