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1969 Delta Blues Band

DELTA BLUES BAND - Delta Blues Band (1969)
Par LE KINGBEE le 12 Mai 2018          Consultée 1770 fois

Si vous pensez avoir à faire à un groupe de Blues issu des rives boueuses du Mississippi, vous avez tout faux ! On ne vous en tiendra pas rigueur, il arrive parfois que le nom d’un groupe soit légèrement trompeur. Fondé en 1968, DELTA BLUES BAND vient de la banlieue de Copenhague. En guise de Delta du Mississippi, il vaudrait mieux penser à la Baie de Køge ou à défaut au Détroit de l’Øresund, si cela peut vous aider à clarifier l’endroit aussi glacial que champêtre d’où vient ce groupe.

Sous la houlette du guitariste Troels Jensen et du guitariste Thomas Puggaard-Mûller évoluant sous le nom de Troels & Thomas, le duo se transforme deux ans plus tard en quatuor avec les arrivées du bassiste Søren Engel, et Michael, frangin de Thomas aux baguettes. Si en cette fin sixties THE BEEFEATERS règnent sans partage sur la scène Blues danoise, Delta Blues Band décroche un contrat avec Parlophone, filiale d’EMI, qui les expédie au Wifos Studio, là où enregistreront Burnin Red Ivanhoe et Culpeper’s Orchard. Si le groupe s’est rôdé à la scène Blues dans toute la Scandinavie, la firme a la sagesse de ne pas presser son nouveau poulain nordique. Ce disque sans titre est enregistré lors de cinq sessions en avril et mai 1969.

Replaçons ce disque dans son contexte. Nous sommes en 1969, Aux Etats Unis les STONES triomphent avec « Honky Tonk Woman », les BEATLES leur rendent la pareille avec « Get Back », tandis que SLY & The FAMILY STONE cartonne avec « Everyday People ». PETER PAUL & MARY se font plus tendres avec le folk « Leaving In A Jet Plane ». Chez nous, on a aussi droit à des mets de gourmet : Rika ZARAI nous donne des lumbagos avec son « Casatshok », Richard ANTHONY se fait une énième adaptation avec « Le Sirop Typhon », MOUSTAKI nous fait réagir avec « Le Métèque » alors que Jean- François MICHAEL pleure « Adieu Jolie Candy ». *
Oui … … je sais, ça fait mal, le pays est musicalement à la ramasse, à la traîne, je dirais même au fond du trou. Seul GAINSBOURG avec Jane BIRKIN peut se glorifier de rentrer dans les classements européens avec « Je t’aime... Moi Non Plus ». Tout ça pour dire que le Danemark avait en 1969 une sacrée longueur d’avance avec des groupes que nous ne connaissons pas, la faute à nos télés et radios qui nous repassent les mêmes daubes jusqu’à plus soif.

La pochette avec ce bonhomme en combinaison rose bouffante pleine de nuages et de figures (fleurs et paysages), une main sur son cœur, l’autre dirigée vraisemblablement sur celui de sa dulcinée, ne laisse guère de doute sur le contenu : du Flower Pop, et oui on n’est encore en plein Summer Of Love. Sauf que contrairement à la plupart des formations scandinaves du moment, DELTA BLUES BAND oriente son répertoire sur du Blues tendance Psyché.

En ouverture, « The Return Of The Pink D.F. », avec son intro de flûte entre JETHRO TULL et transe hindouiste et le bruit apocalyptique d’une explosion ou d’une bombe nucléaire, laisse place à une pièce de Blues teintée de Psyché avec basse bien ronde et de bons riffs de guitare via « Clouds Covering The Sun ». Changement de cap avec « We’ve Got Hard Times », une variante du « Hard Times » de Sunnyland Slim, pianiste vétéran du Chicago Blues avec lequel la formation enregistrera un disque quatre ans plus tard. A la douce intro de guitare avec effets de cymbales de « Shit On My Shoes » s’ensuit une déferlante modérée de guitare fuzz pleine de reverb. « Simple Sound » d’une durée de 13 secondes fait office de maigre coupure évoquant au choix le bruitage d’un engin spatial ou une déformation hertzienne, les plus romantiques y verront une cymbalisation (chant de la cigale). « You Don’t Know My Mind » s’engouffre dans un modèle de Blues Psyché tempéré juste ce qu’il faut et épicé de quelques cuivres.

En face B, la basse bien ronde devient rapidement entêtante et la guitare cristalline sur « Highway 51 » (sans lien avec Bob DYLAN) propose de belles nuances et n’a rien à envier à certains gros titres du British Blues ou de l’Acid Blues US. Virage à 180° avec une déviation vers le Delta, « Lock Me Up In Jail » reprend tous les artifices en électro acoustique du Mississippi, un beau mélange bien boueux sous forme de boogie entre Johnny SHINES et Muddy WATERS. Second interlude avec « The King Of Denmark » d’une durée de 24 secondes dans lequel on entend les sabots d’un cheval sur une route bitumée sur laquelle passent des voitures. Cet intermezzo curieux laisse place à un étonnant mélange de Bluegrass et de Rag avec « Where The Water Tastes Like Wine », titre probablement inspiré par Thomas Puggaard-Müller grand amateur de Bluegrass. Le disque se termine avec le long « Opus I », titre dépassant les 9 minutes et dans lequel les influences Acid sont évidentes avec flûte, orgue, variations de mouvements. Cet instrumental que certains jugeront long comme un jour sans pain propose tous les ingrédients du Rock Blues Psyché de l’époque avec un gros travail de basse qui module cette fin de disque à elle seule.

Ce disque inventif nous immerge totalement dans un univers Blues Psyché bourré de contrepieds typique de la fin sixties. On notera au passage que le guitariste Troels Jensen, toujours actif, a servi d’accompagnateur à plusieurs vedettes de renom (Bo DIDDLEY, Eddie KIRKLAND, Mickey BAKER, MEMPHIS SLIM, Link WRAY). Un album curieux qui témoigne de la richesse et de la créativité de ce groupe scandinave bien en avance sur ce que nos pauvres radios nous ressassaient sans vergogne à cette époque. A ranger entre SAVOY BROWN, FLEETWOOD Mc et Keef Hartley Band.

Note réelle 3,5.

Cette chronique provient de l’écoute du CD édité par le label suédois Flamed Gems spécialisé dans la réédition de groupes obscurs. La côte du vinyle original pressage danois avoisine en ce moment les 310€.

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   LE KINGBEE

 
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- Troels Jensen (chant, guitare, orgue)
- Thomas Puggaard-müller (guitare, chant)
- Søren Engel (basse, chœurs)
- Michael Puggaard-müller (batterie)
- Kjeld Ipsen (trombone 6)
- Jens Jørgen Gjedsted (trompette 6)
- Bent Hesselman (flûte 1-11, saxophone 6)


1. The Return Of The Pink D.f.
2. Clouds Covering The Sun.
3. We've Got Hard Times.
4. Shit On My Shoes.
5. Simple Sound.
6. You Don't Know My Mind.
7. Highway 51.
8. Lock Me Up In Jail.
9. The King Of Denmark.
10. Where The Water Tastes Like Wine.
11. Opus 1.



             



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