Americana.
The Band, ou le groupe de musique américaine ultime. Étonnant pour un groupe dont seul le batteur (Levon Helm) est Américain, et les autres (Garth Hudson, Richard Manuel, Jaime Robbie Robertson et Rick Danko) Canadiens...
Ce disque est leur premier album. Sous une pochette peinte par Bob Dylan (pas le meilleur peintre au monde : la pochette de son Self-Portrait...), Music From Big Pink est intemporel et remarquable.
Et la musique du Groupe, totalement adaptée à l'époque et à leur pays.

11 titres, 11 chef d'oeuvre. Certains sont signés ou co-signés par Dylan ("I Shall Be Released", "Tears Of Rage"), d'autres sont l'oeuvre du Band, ancien backing-band de Dylan (Robertson a joué sur Blonde On Blonde, entre autres). L'intégralité de l'album a été enregistré dans une maison rose (le titre du disque) située près de Woodstock, à West Saugerties, durant la période ayant suivi l'accident de moto de Bob Dylan. Un accident malvenu mais qui permettra au Groupe de voler de ses propres ailes...
L'album fut enregistré dans le sous-sol de la Big Pink, là où Dylan et le Band enregistrèrent les Basement Tapes qui ne sortiront que dans le milieu des 70's (en 1975 il me semble). Mais enregistrées en 1967. Parmi les titres enregistrés, certains se trouvent ici, dans d'autres versions comme "This Wheel's On Fire" ou "Tears Of Rage".

On trouve sur ce disque (je parle de Music From Big Pink, l'allusion aux Basement Tapes est finie) un tube qui illustrera une scène du film "Easy Rider" (sans se trouver dans la bande-son, pour des raisons de droit), j'ai nommé le sublime "The Weight", allusion à la drogue. Sur ce titre, Richard Manuel chante comme jamais.
N'oublions pas de citer le long "Chest Fever", que Led Zeppelin reprendra lors de leurs débuts (sans doute dans une version un poil différente...), un titre démarrant par un orgue religieux.
"To Kingdom Come" est un de mes morceaux préférés du disque. "In A Station", qui le précède, est tout aussi remarquable, mais très triste. Pas mal de titres sont calmes, mélancoliques : "Tears Of Rage", "In A Station", "I Shall Be Released", "Lonesome Suzie", "The Weight". A l'exception d'un "Lonesome Suzie" qui m'énerve un tantinet, les autres sont tous mes chouchous du disque.

Échec monumental à sa sortie (avec des concurrents tels que les Doors, Big Brother & The Holding Company, Cream et les Beatles, pas évident pour un disque comme celui-ci de cartonner...), Music From big Pink fera l'admiration de Eric Clapton (qui quittera Cream et fondera Blind Faith peu de temps après avoir vu le groupe en répétition à la Big Pink) et George Harrison, qui tentera d'avertir les autres Scarabées que, de l'autre côté de l'Atlantique, le rock pur se réveillait. En vain.
Au final, malgré la pochette assez affreuse (mais que vient foutre un éléphant ici ? Pourquoi un des musiciens a un pot de chambre sur la tête ? Pourquoi le pianiste joue derrière son piano, la tête la première ? Et surtout... pourquoi Dylan a-t-il peint cette pochette ?), Music From Big Pink représente un summum. Point final.