Cela faisait un moment que je souhaitais écrire une chronique sur Laura COX qui est une des guitaristes que j’apprécie particulièrement. Non pas en raison de son physique des plus engageants mais bien parce qu’elle est bourrée de talent, en plus d’être de notre beau pays. J’avais d’ailleurs acheté ses deux précédents albums que je chroniquerai dans la foulée parce qu’il s’agit vraiment d’une artiste à suivre.

Issue de la scène stéphanoise, la demoiselle, franco-anglaise au pédigrée fort riche (elle m’impressionnait depuis longtemps par sa faculté à jouer des plans de country et à les expliquer à travers des pédagos dans des magazines rock tel que 'Guitar Part', de même que lorsque je la voyais à travers ses vidéos YouTube (plus de 105 millions de vues depuis 2008) reprendre des standards dans différents styles, le blues et le rock apparaissant très largement comme ses préférentiels), suivie à travers le monde par plus de 500.000 'followers', a un toucher de gratte qui ne laisse pas de marbre. Bénéficiant d’un groupe soudé autour d’elle, elle développe dans ce troisième opus différents styles (elle parle à ce sujet de "Southern Hard Blues », sous-entendant qu’elle y mélange des éléments de blues, de rock et de country) et laisse, enfin dirais-je, parler sa versatilité alors que ses deux précédents skeuds étaient plutôt monochromes.

Et surtout, miss COX a enfin trouvé sa voix. Oui, avec un x. Autant, sur Hard Blues Shot sorti en 2017 et Burning Bright en 2019, je trouvais que celle-ci était par trop forcée, sauf à travers des titres plutôt calmes, Head Above Water me permet d’apprécier, enfin, cette voix à la hauteur du talent des chansons de la trentenaire. Aucune fausse note de ce point de vue et le progrès est assez extraordinaire pour le signaler. C’est simple, si parfois j’éprouvais comme une certaine irritation à l’écouter chanter jusque là, ce disque de 45 minutes passe comme une lettre à la poste et l’envie d’y revenir se fait sentir immédiatement. Aucun temps faible. Vraiment de la belle ouvrage.

Ayant apparemment troqué ses amplis Orange pour des Marshall, Laura COX a concocté onze titres particulièrement bien écrits, passant du bon blues-rock (le titre éponyme en ouverture, "Wiser", au rock chaloupé ou "Swing It Out"), au rock ("So Long", "One Big Mess") au blues plus lent ("Set Me Free"), rock sudiste ("Old Soul"), country / bluegrass ("Before We Get Burned", "Seaside", "Glassy Day"), rock échevelé pour headbangers ("Fever" et ses 5’27 commençant par un rythme lent qui accélère le tempo en son milieu). On ne s’ennuie pas une seconde, surtout que la belle a plus d’un tour dans son sac. Jouant de la guitare (ça on le savait), délivrant des soli tranchants et bien amenés, souvent très beaux, elle colore certains de ses titres du son du picking joué au banjo ou à la lap steel ("So Long", "Old Soul", "Glassy Day") ou de guitare slide, notamment dans le dernier titre qui constitue la fin parfaite de ce disque magnifique.

Si vous aimez Sheryl CROW, Mark KNOPFLER, Tony Joe WHITE, Webb WILDER, Z.Z TOP, Joe BONAMASSA, Ana POPOVIC, Erja LYYTINEN, quelques influences comme AC/DC ou SLASH, foncez ! Porté par les deux singles que sont "Wiser" et "So Long" (les clips sont visibles entre autres sur YouTube), ce troisième album de notre frenchy, enregistré à Bruxelles par Erwin Autrique et masterisé par Ted Jensen (EAGLES, Norah JONES, GREEN DAY), est encensé par la presse internationale et ce n’est que justice. Si seulement la justice allait vers ce type d’album alors que l’industrie du disque en France privilégie l’indigence musicale, Laura COX serait une des artistes les plus en vue de l’hexagone. Croisons les doigts pour que son auditoire croisse à la hauteur de son talent. Et croyez-moi, celui-ci est immense.

Note réelle : 4,5/5