Tiens donc, je n'avais pas vu ce poisson d'avril d'il y a trois ans. Amusant... mais bon, l'essentiel est que ce chef-d’œuvre de musique pop ait obtenu la note qu'il mérite. Il faudra que je demande à Saska si cette note était plus sérieuse que la chronique, en tout cas moi je ne plaisante pas, ce disque est formidable.

Évidemment, on peut comprendre que le concept des Spice Girls ait traumatisé certaines âmes sensibles. C'est sûr que ce quintet de bimbos avait un comportement insupportable... Et après ? Oui, il s'agit d'un projet très commercial monté de toutes pièces. Les filles ont été choisies avec un casting serré et n'ont aucune implication dans la conception des chansons.

Et après ? Tous les projets commerciaux ne sont pas forcément bâclés, et il faut quand même dire que les anglais ont moins tendance à rouler leur monde que les américains en la matière. En plus d'être terriblement efficaces, les chansons de ce premier album présentent de sérieuses qualités d'écriture, et il faut bien reconnaître que les filles chantent bien, dans l'ensemble. Il y a un monde de différence avec, par exemple, l'infâme Britney Spears qui leur a malheureusement succédé comme icône féminine de la pop.

Parlons de ces voix. Alors qu'elle jouait le rôle fort lisse de la naïve Baby Spice, Emma Bunton est la soliste principale du groupe, avec une voix merveilleuse (écoutez un peu les bridges de «2 become 1»...), quelle dommage qu'elle en soit restée là. Dans un registre plus grave, Melanie Brown la bien nommée offre une bonne contrepartie. Geri Halliwell a un peu la voix de fantaisie de l'ensemble, un timbre assez renfermé qui ne porte cependant pas tellement. Il est par contre difficile de ne pas entendre la voix acide de Melanie Chisholm... J'ai toujours trouvé qu'elle détonait un peu, mais elle donne d'autre part une certaine diversité. Quant à Victoria Adams, eh bien elle étoffe les chœurs... ses rares solos sont assez ridicules, il faut bien l'avouer. Quelle pitié que ce soit la seule dont le prénom soit encore connu quinze ans après, elle avait beau avoir l'air classe, elle était bien nulle celle-là.

On va me dire que j'avais quinze ans à l'époque, et que mes hormones ont pu me travailler, mouais bon. J'étais à fond dans la musique classique et mon éducation me poussait plutôt à ricaner de ce genre de chose. Et puis, ben j'ai entendu la dance funky de «Who do you think you are», l'insolence de «Say you'll be there» et la douceur de «2 become 1» et j'ai été forcé de changer d'avis. Ces chansons sont belles et réjouissantes et la plupart des autres titres vont dans le même sens, avec une variété salutaire. Il ne serait pas objectif de dire que leurs chansons se ressemblent trop, les tempos sont variés, l'ambiance va du plus feutré dans «Naked» au plus brillant dans «Wannabe» ou «Love Thing», les dix titres sont nettement différents et reconnaissables en quelques notes.

A l'époque, ce disque était le seul qui pouvait me mettre de bonne humeur en quelques minutes. Avec le temps, un élément nostalgique s'est ajouté mais je prend toujours un plaisir coupable à me le repasser. Notons que c'est une performance unique, le deuxième album étant nettement moins convaincant, sans parler du troisième, d'ailleurs il n'existe pas celui-là.