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SPARKS - Hippopotamus (2017)
Par ARP2600 le 11 Décembre 2017          Consultée 3354 fois

Quelle charmante surprise ! Sans doute la meilleure pour moi en cette année 2017 bien morose en termes de musique populaire. À 70 balais, les frères Mael semblent être en pleine forme et nous servent un album des SPARKS empli de mélodies mémorables et de fraîcheur juvénile. Une leçon magistrale donnée à une jeune génération, américaine ou non, qui se contente de peu (1).

Tordons d'abord le cou à une éventuelle idée préconçue. La carrière des SPARKS a connu des hauts et des bas, notamment avec une série d'albums bien peu convaincants au cours des années 80. Ils se sont faits rares dans la décennie suivante, avec deux albums orientés dance pas mal fichus du tout, puis ont pris l'optique diamétralement opposée après 2000 avec quelques albums art rock fort intéressants mais d'accès difficile. Ce qui est inattendu n'est pas tellement que le nouvel album soit bon, mais qu'il soit aussi efficace et abordable, surtout après huit ans d'arrêt... bon, ce n'est tout-à-fait exact, leur collaboration avec FRANZ FERDINAND, l'album FFS publié en 2015, est loin d'être un détail. Il ne faut peut-être pas chercher plus loin ce sursaut de motivation et d'inspiration mélodique.

Ce genre de formule est fréquente avec les valeurs sûres, les critiques ont tendance à dire que le nouvel album est le meilleur depuis x années, et la plupart du temps, on oublie ledit album après quelques écoutes. Tout de même, je suis bien obligé de faire ce coup-là, parce que c'est un fait : Hippopotamus est le meilleur SPARKS depuis la paire Whomp That Sucker/Angst in My pants en 81/82... mais certains iront jusqu'à dire depuis Propaganda en 75. Entre humour trop capillotracté, faiblesse mélodique ou maladresse de conception, tous les disques publiés depuis se classent manifestement derrière, c'est ce que je voulais dire en parlant de surprise au départ.

C'est simple : après un petit nombre d'écoute, je peux chantonner chacune des quinze chansons de cette album. Elles ne sont pas toutes géniales, il y en a deux ou trois qui m'agacent ou sont trop longues, mais TOUTES sont mémorables. C'est à cette évidence qu'on reconnaît le disque de pop vraiment réussi. Le génie de Ron Mael n'a pas souvent été manifeste, mais ici c'est le cas : quand on entend ces mélodies, ces arrangements (qui n'oublient pas d'être modernes) et ces paroles, on ne peut que constater leur pertinence.

Il s'agit donc de musique pop, dans un sens assez large. Bien sûr, SPARKS a toujours pu être plus ou moins être classé dans le rock, qu'il soit glam, new wave, art ou autre, mais ils proposent ici un éclectisme étonnant. On sent qu'ils profitent autant de leur expérience dance dans années 90 que de leur chamber pop des années 2000. Il y a de la guitare, il y a du beat, du piano, des violons synthétiques et même de l'accordéon « à la française », et un semblant de hip hop sur l'épatante « Giddy Giddy ».

Les arrangements sont peu virtuoses, il est vrai, la production est belle mais sage, le disque est rythmé et varié, mais presque toujours subtil. C'est à la fois une qualité et le plus gros défaut de l'ensemble, on n'est quand même pas transporté par une classe démentielle comme sur le bon vieux Kimono. De même, l'humour est la seule chose qui trahisse vraiment leur âge, dans le bon sens du terme... leur pensée est amusante, mais subtile et remplie d'une sagesse surréaliste. Et que dire de la voix si joliment conservée de Russell... il a encore toutes ses dents, lui, pas comme un musicien d'art rock né un mois après lui que je ne citerai pas.

Il serait vain de parler individuellement des quinze chansons de cette belle mosaïque qu'est Hippopotamus... quel est le rapport entre la position du missionnaire, le mobilier scandinave et l'assassinat de Lincoln ? Pourquoi cette dualité entre la France représentée par Edith PIAF et Leos Carax et l'Angleterre représentée par Shakespeare en personne ? Sans oublier tout ce qui a atterri dans la piscine des frères Mael : une combi volkswagen, une peinture de Bosch, une chinoise avec un boulier, et bien sûr un hippopotame. C'est tout un petit monde étonnamment cohérent qui ne demande qu'à être découvert. Au final, je pense que ce disque est susceptible de plaire à n'importe qui. C'est de la musique pop dans le sens le plus noble du terme, ni trop bête ni trop cérébrale, inventive mais compréhensible par tout le monde. On peut vraiment tirer son chapeau aux frères Mael pour ce petit miracle.

(1) Avant de me dire que c'est pas vrai, écoutez un peu ce qui fait le top du billboard cette année, c'est à peine croyable. Entre « Despacito », Ed SHEERAN et des raps qui semblent n'être que des concentrés de vulgarité, on est presque obligé d'encenser Taylor SWIFT... c'est horrible.

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- Ron Mael (claviers)
- Russel Mael (chant)
- Dean Menta (guitares)
- Steven Nistor (batterie)
- Leos Carax (voix et accordéon sur 12)
- Rebecca Sjöwall (chant sur 15)


1. Probably Nothing
2. Missionary Position
3. Edith Piaf (said It Better Than Me)
4. Scandinavian Design
5. Giddy Giddy
6. What The Hell Is It This Time?
7. Unaware
8. Hippopotamus
9. Bummer
10. I Wish You Were Fun
11. So Tell Me Mrs. Lincoln Apart From That How Was Th
12. When You're A French Director
13. The Amazing Mr. Repeat
14. A Little Bit Like Fun
15. Life With The Macbeths



             



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