Quand je dis que Rouge est mon album préféré de rock français (et non pas le meilleur, ça j'aurais bien du mal à l'imposer), on a tendance à me rire au nez. C'est vrai quoi, GOLDMAN fait de la variété (de merde, pléonasme pour beaucoup), il ne sait pas faire du rock, il n'en a pas le droit.
Rouge est pourtant une sorte d'OVNI dans la carrière de GOLDMAN et bien sûr de ses acolytes FREDERICKS et JONES. Tellement à part qu'en dehors de la tournée qui suivra, l'artiste aura du mal à continuer de faire vivre les chansons qui en sont extraites en concert. Ce qui se présente comme un concept-album de prime abord est un savant mélange de variété (GOLDMAN reste évidemment GOLDMAN) mais aussi de rock puissant (le punk-hard "Elle Avait 17 Ans", "Des Vôtres", "Rouge" avec les choeurs de l'ex Armée Rouge, l'époustouflant "On N'a Pas Changé") et d'autres expériences inédites qui ne sont propres qu'à cette oeuvre. Par exemple, le blues feutré de "Il Part" chanté par Carole, le chorus de piano jazzy de "Des Vôtres", l'hommage à Mark Knopfler sur "Des Vies", les voix bulgares de "Fermer les Yeux" ou bien la flûte celtisante du superbe "Ne Lui Dis Pas". De toute façon, dès l'émouvant "Serre-Moi" on sait que ce disque sera mythique.
Voilà un disque de rock ou de variété au choix, qui ne se replie de toute évidence pas sur une seule identité.