Dans ma famille, GOLDMAN c'est un culte. J'ai grandi avec les parents, les oncles et tantes sur fond de musique écrite et ou interprétée par Jean-Jacques, de TAI PHONG à Céline DION.

Rouge c'est à la fois le souvenir d'un Noël 1993 en famille, quelques mois après un évènement tragique, et des vingt et un ans de mon oncle Lionel, qui se voit offrir la version limitée du blockbuster Rouge de FREDERICKS GOLDMAN JONES. Ce disque dans son écrin metallique trône toujours aussi fièrement dans ma cdthèque depuis que j'ai pu en faire l'acquisition d'occasion.

Rouge c'est aussi un contexte, et mon cerveau l'associe toujours à la dramatique guerre de Yougoslavie à laquelle les paroles semblent régulièrement faire écho, le morceau-titre en particulier.

Tous les éléments, du sommet de popularité de Jean-Jacques à l'alchimie créative entre les trois protagonistes, contribuent à ouvrir totalement les vannes. Et Rouge de devenir le chef d'œuvre de GOLDMAN et son album Rock Progressif. Et le voir par ce prisme permet à mon sens d'en apprécier la diversité d'écriture, au-delà de vocaux à trois voix à tomber par terre ("On N'A Pas Changé", "Que Disent Les Chansons Du Monde") sans même parler de "Rouge" avec ses chœurs et son texte écrit par Jean-Jacques avant traduction en russe.

Mais le plus frappant, c'est comment déstructurer ses chansons pour en tirer l'impact le plus fort et la quasi majesté de certains titres : "Fermer Les Yeux" avec ses guitares harmonisées QUEENesques et ses chœurs bulgares qui fendent le cœur, "Rouge" avec son texte sur l'illusion déçue de l'idéal socialiste, porté par des chœurs de l'Armée Rouge telluriques (ces voix de ténor...) ou encore "Elle Avait Dix-Sept Ans" qui ne ressemble à rien d'autre hormis sa thématique qui peut rappeler "Elle A Fait Un Bébé Toute Seule" et ses œillades appuyées à Mark Knopfler. Mais aussi le Heavy Metal de "Des Vôtres" qui trouve son écho avec le fédérateur "Frères", le pendant électrique de "Nos Mains".

Rouge sera l'album de la démesure, à l'instar de la tournée monumentale entreprise pour le promouvoir, et prendra une telle place dans le catalogue de Jean-Jacques, qu'il passera l'année suivante à écrire son plus gros carton (D'Eux) pour la Rolls Royce Céline Dion dans un registre Pop plus pur (avec l'appui d'Erick Benzi), avant de prendre le contrepied total de Rouge avec En Passant.