Que faut-il d'essentiel pour animer une soirée entre jeunes ? Le boute-en-train qui s'avèrera être un mec relou ? Le beau gosse de service sur lequel les filles fantasment ? Non, celui (ou celle) dont la présence est incontournable, eh bien c'est celui (ou celle) qui jouera de la guitare, acoustique de préférence. Ben oui, cet instrument est incontournable, il permet de tisser des liens entre les gens, et puis quoi de mieux que de démarrer le quart d'heure américain sur "Hotel California" ? Le piano, évidemment ! Dire qu'on en joue, ça attire des foules, ça permet d'emballer sévère, surtout en jouant des «grands titres» (au hasard, "Someone Like You" ou bien "Imagine"), pendant que le pauvre pékin qui joue VAN DER GRAAF GENERATOR sur son Arp 2600 se la mettra derrière l'oreille. Et quid du violon ? Si l'on écoute les préjugés, il reste dans les hautes sphères à jouer du classique, ou bien il appuie la mièvrerie d'une chanson pop à la con. Il en résulte que son utilisation dans un tout autre domaine sera vue comme excentrique, comme Lindsey STIRLING.

Mais qui est Lindsey STIRLING ? Une violoniste de génie qui s'est faite remarquer en 2010 dans America's Got Talent (elle est même allée assez loin dans l'émission, paraît-il), et qui fait le pari de combiner son instrument à des sonorités électro, ce qui donne des titres assez surprenants et plaisants, illustrés par des clips remarquables et bien réalisés où elle fait également preuve d'un bon niveau en danse, ce qui a participé à sa renommée – 3,8 millions de vues par vidéo en moyenne, ça ne trompe pas a priori. Et fatalement, le jour est arrivé où STIRLING a décidé de sortir son premier album solo cette année, regroupant des morceaux composés entre 2010 et 2012.

Et autant le dire, que l'on connaisse les morceaux qu'elle a déjà joués (y compris des reprises de Skyrim ou de Zelda, entre autres) ou pas, il n'y a pas de quoi être déçu sans pour autant être foncièrement content. Déjà, même si les titres de l'album sont dans la veine du easy-listening, il faut une écoute attentive pour ne pas se laisser avoir et se dire que tout se ressemble, tant les morceaux naviguent dans les mêmes eaux. En faisant cet effort-là, il apparaît alors des titres franchement exceptionnels et assez optimistes, à l'image d'"Electric Daisy Violin", une ouverture qui donne le la, ou encore "Shadows" où le beat s'accomode bien au violon, entre autres. Enfin, il y a aussi des morceaux moins enjoués comme le beau et triste "Song Of The Caged Bird", ainsi que "Minimal Beat" (qui ne l'est pas vraiment) assez classique mais qui fait son effet.

Les autres morceaux, eux, sont bons mais oscillent entre le remplissage et l'intéressant, à cause justement de leurs proximités, cependant il est quand même difficile de lâcher prise sur des morceaux comme "Stars Align", où l'on entend d'ailleurs la voix de Lindsey, qui n'est hélas pas au diapason de son violon, car assez banale. De plus, certains d'entre eux contiennent des sons dubstep penchant vers la branche commerciale du terme – ou dit plus simplement, des merdes à la SKRILLEX – mais ne dérangent pas, au contraire ils passent comme une lettre à la poste.

Pour un premier album, Lindsey STIRLING s'en sort finalement pas mal, mais il faudra l'attendre au tournant pour son prochain opus, et voir si elle a réellement les capacités d'aller aussi loin, et pourquoi pas de prétendre au titre de grande violoniste de la musique moderne, comme David CROSS. En effet, il s'agit clairement d'un cas d'école à examiner précisément, pour voir ce que peut valoir ce qui peut être appelé la musique 2.0, celle qui fleurit sur les sites web.

Note réelle : 3,5/5