J'avais conclu ma chronique du premier effort studio de Lindsey STIRLING en déclarant qu'elle pouvait devenir une grande musicienne, et me hasardant même à une comparaison malheureuse. Fort heureusement, avec le temps vient le recul, qui peut révéler les erreurs du passé. Donc non, Stirling n'est pas une grande de la musique, au plus une musicienne douée.

Il n'y a pas que le passé qui corrige le propos, il y a aussi le présent. Et le présent, c'est Shatter Me, le deuxième album de la violoniste. Surfant sur un succès qui n'est pas immérité, il faut le reconnaître, Stirling, pur produit issu de l'internet, se décide donc à continuer une carrière d'artiste « standard ». Ceci étant, le pari semble risqué pour celle qui s'est créée un style, à savoir le violin dubstep. A-t-elle pris conscience du risque de la répétition, ou s'est-elle contentée de répéter la formule, quitte à devenir une véritable auto-caricature ?

La réponse se trouve bien entendu au sein même du disque. La principale évolution remarquable n'est ni plus ni moins que... l'introduction de vraies chansons ! Certes, on avait déjà pu entendre STIRLING égrener des paroles sur "Stars Align", le dernier morceau du premier album, mais cette fois, c'est de la chanson, de la vraie comme on en entend tous les jours à la radio ! Problème : elles ne sont pas sensationnelles. Certes, elles montrent bien les velléités de changement, mais dans les faits, elles n'ont que ça pour se défendre. Enfin presque : sur "Shatter Me" (la chanson-titre, donc), la voix de Lzzy Hale, membre de Halestorm, impressionne positivement et marque, même si elle est sous-exploitée. Pas de pitié en revanche pour Dia Frampton, interprète sur "We Are Giants", tant elle possède une voix on ne peut plus bateau et dix mille fois trop entendue.

Quant aux autres morceaux, ce n'est guère brillant. STIRLING s'enfonce dans des plans vus et revus, et qui n'apportent pas d'originalité, ou du moins de l'efficacité. Allez, on peut concéder que "Beyond the Veil", envoyé en single éclaireur, n'est pas si mal loti, et que "V-Pop" est doté d'assez d'arguments pour attirer le clubbeur qui veut s'éclater sur une musique house/dance. Le reste n'est pas particulièrement excitant, et ce d'autant plus si l'on connait déjà Lindsey STIRLING et le monde qu'elle s'est créée. Le goût personnel pourra se faire pencher tantôt sur "Night Vision", tantôt sur "Master of Tides", tandis que des plages comme "Swag" (on applaudit ce titre !) horripileront au point de faire se poser la question « mais qui peut bien aimer ça ? ».

Au final, c'est la pochette de Shatter Me qui résume à merveille le problème de Lindsey STIRLING : ce qu'elle joue est beau, voire même très beau, mais à force de se répéter, elle a fini par se retrouver enfermée, à jouer la même chose. Et bien sûr, il ne faudra pas être étonné si elle ne se remet pas en question, surtout au vu des performances dans les charts de l'album.