Dans la vie, je suis plutôt un mec sympa. Honnête disons. Je ne me permets que rarement de critiquer quelqu'un ou quelque chose que je connais pas. BB Brunes, j'avais pas aimé les deux premiers albums. On pourra dire qu'à la base j'aimais pas non plus la personnalité des quatre zicos, ces quatre petits bourges se targuant d'être les héritiers d'un rock déjà pourri par le fric au départ, avec leurs conceptions musicales les faisant passer en radio AVANT d'avoir vraiment réfléchi à ce que le coeur et l'esprit souhaitaient eux vraiment réaliser, et sans doute aussi le fait qu'avec tout ça, ils parvenaient à se faire plus de filles que moi - j'aurais pourtant juré qu'une musique aussi excellente qu'AMON DÜÜL II aurait pu faire chavirer plus d'un coeur, ah triste époque mes amis ...

Bref, quoi qu'il en soit, dites-vous bien que oui, avant d'avoir écouté Long Courrier, je partais avec un a priori ultra-négatif, le genre qui vous aigrit au point que de toute façon, chef-d'oeuvre du rock ou pas, vous n'aimerez pas. Pourquoi l'avoir écouté du coup ? Et pourquoi ne pas tout simplement la fermer et se dire que les BB BRUNES sont un groupe qui ne me convient pas, car tout simplement trop inaccessible pour mes vierges oreilles ? Bonne question, mais sachez juste qu'en plus d'être un gars honnête, je suis un gars curieux et bien brave, qui se dit qu'après deux étrons, sortir vers la lumière est encore possible. Et puis de toute façon saint Philippe Manoeuvre, défenseur des Gong, Magma et autres Bérurier Noir nous a bien enseigné que BB BRUNES, c'est du lourd : un apôtre pareil a bien dû savoir déceler un once de talent que mes vierges esgourdes n'ont pas encore su découvrir. Voilà pour l'histoire, et oui, un peu, je m'égare.

Me voilà donc devant le disque. Pochette un peu moche, mais déjà plus recherchée que les deux premières. La musique ?! Deux secondes j'y viens. La musique ... la musique ? Soyons honnête, Long Courrier est mauvais. Peut-être un peu moins que les deux autres, je le concède, quelques mélodies de guitares restent accrocheuses par-ci par-là ("Grande Rio", "Lala Queen") mais l'ensemble reste sans originalité, vide, c'est plat. Vous allez sans doute me dire que moi et mes disques expérimentaux à la con, on peut aller se faire voir chez les Grecs, mais restons sérieux cinq minutes aussi : Long Courrier n'a rien pour soi. BB BRUNES n'innove pas, n'avance pas, ne propose que des morceaux sans prise de risque, du simple, du facile bien racoleur, à renforts de quelques synthés mal employés. Le tout s'écoute sans problème certes, quoique l'ennui guette parfois tant les chansons se ressemblent, mais rien ne capte vraiment l'attention. On peut se bouger la fesse gauche de temps en temps, mais l'énergie n'est globalement pas là, l'envie d'aller plus loin s'est arrêtée à la porte du studio, "l'outrage" - l'élément fondateur du rock selon Mister Manoeuvre - n'a jamais été là. On se prête alors à sourire lorsque nos petits gars emploient des termes tels que "Police Déprime" ou "Au Garde à Vous", titres dignes d'un Metal Urbain, et qui sur Long Courrier prennent l'aspect de compositions ternes et sans intérêt.

Les BB BRUNES ne tentent même pas de masquer leurs influences, de se forger un style qui les qualifierait autrement que de bâtards de Daho et des Strokes. Bien d'autres groupes, et pas seulement étranger, simplement étiqueté pop ou rock français, savent se montrer créatif sans pour autant compliquer leurs arts et ne se réserver qu'à une minorité d'oreilles habituées : Gablé, The Bewitched Hands ou encore Gush pour ne citer que ceux qui me viennent à l'esprit directement. Les BB BRUNES feraient bien d'en prendre de la graine s'ils veulent, un jour, sortir autre chose qu'un disque sans intérêt aucun.