Existe-t-il un groupe de rock français plus nul que KYO ?

À l'époque de la sortie de ce premier album (très) méconnu, c'est un peu difficile à affirmer avec certitude, cependant on ne peut pas dire que KYO marque des points pour nous prouver le contraire ! Pas besoin d'épiloguer pendant des lignes sur les débuts de KYO, combo pop rock francilien qui voit le jour au milieu des années 1990 parmi les adolescents rescapés du choc de la mort de Kurt Cobain. Seule chose à retenir : aux alentours de l'année 1997, nos quatre larrons des Yvelines se font signer par Sony Music et font quelques apparitions aux côtés de David HALLYDAY, ce qui leur ouvre la voie des studios pour un premier album à l'horizon de l'an 2000.

Pour être honnête, ce premier album éponyme des Français, personne ne se serait douté de son existence si KYO n'avait pas connu le succès trois ans plus tard avec l'horrible album à tubes Le Chemin. Brièvement ressorti de l'oubli à cette occasion, on se demande très franchement s'il n'aurait pas mérité d'y rester. Pendant longtemps, j'ai cru naïvement que ce premier opus de KYO serait une bonne surprise. C'est vrai, après tout : premier effort d'un groupe encore juvénile (et donc forcément immature), qui déclare avoir été influencé par NIRVANA et SOUNDGARDEN à ses débuts, il semblait fort logique que cet album soit mâtiné de sonorités plus crues, plus brutes et donc forcément plus intéressantes que la soupe infâme que KYO allait oser nous sortir durant les années à venir.

SAUF QUE NON. PAS DU TOUT. MAIS ALORS PAS DU TOUT DU TOUT.

En l'an 2000, KYO veut déjà vendre du plastique, alors KYO nous propose sur son premier album la meilleure soupe d'endives du supermarché Sony Music. Instaurant déjà sa marque de fabrique, KYO parle ici de cœurs brisés, nous affirme que la vie c'est beau, et que la mort c'est pas bien. KYO dit également « yéââh » sur beaucoup de refrains, avec un superbe accent français pas piqué des hannetons. KYO balance aussi du poum tchak synthétique et des riffs de guitare aseptisés à tire-larigot, afin de rentrer comme il se doit dans les standards de Chérie FM. Et enfin, KYO arrive à nous réitérer cette recette insipide sur un album complet de 11 titres. Une véritable prouesse de mauvais goût ? Nos quatre garçons au visage de poupon ont en tout cas l'air assez mal à l'aise sur la pochette de l'album. Révélateur ?

Kyo (l'album) est effectivement aussi plat que l’électro-encéphalogramme d'une tranche de blanc de poulet. Concédons toutefois quelques bizarreries : « C'est pas juste », minauderie ultime en apparence, se révèle au final surprenante, car le groupe s'y essaie à quelques sonorités bruitistes « expérimentales ». Oui, oui, vous avez bien lu. Mais pas d'affolement mes cocos, c'est marqué KYO sur la pochette, pas KING CRIMSON. Les aspects orchestraux de la chanson de fin « Ferme les yeux » ne sont pour leur part pas excessivement laids, soyons honnêtes. Toutefois la mièvrerie totale des paroles achèvera de nous laisser assez circonspect.
Du reste, on navigue ici dans un gigantesque océan de guimauve aigre.

En l'an 2000, alors que la scène rock française se cherche toujours un nouveau souffle qui ne tardera pas à venir, KYO vient de réussir un exploit formidable : produire le premier album de rock français de type « yaourt 0% ». Prenez les 2 BE 3 (*), apprenez-leur à jouer de la guitare et de la batterie, enseignez-leur quelques bases de composition, flanquez leur un bon ingé son, et je suis sûr qu'ils vous pondront cet album.

Les années 2000 commencent à peine, et nous ne sommes pas au bout de nos souffrances.

(*) : R.I.P. Filip Nikolic.