Existe-t-il un groupe de rock français plus détestable que KYO ?

C'est en substance la question que se sont posés tous les amateurs du genre depuis que cette formation nous casse les oreilles, c'est à dire le début de la décennie 2000. Et une question que ce quatrième album des Français remettra probablement au goût du jour. Je ne serais cependant pas une sale langue de pute, mes amis. Oui, il y a des gens qui aiment KYO sur cette Terre, et c'est franchement tout à leur honneur, car après tout il ne s'agit au final que de musique, et le fait d'aimer KYO ne les empêchera pas d'être des citoyens respectables et d'honnêtes travailleurs.

Bien que le groupe ne se soit jamais officiellement séparé, KYO avait été mis provisoirement en sommeil par ses membres en 2007, malgré qu'un projet de quatrième album ait été un temps annoncé pour 2008. Benoît Poher (chant) et Florian Dubos (guitare) avaient alors formé un nouveau groupe, EMPYR, en compagnie de membres de WATCHA, de PLEYMO et de VEGASTAR. Rien que ce concept, lors de son annonce, n'avait pas manqué de me faire éclater de rire : un "supergroupe" de rock français réunissant tout ce qui se faisait alors de PIRE dans le genre à l'époque ??? Pincez moi, la plaisanterie était énorme. Sauf que non, ça n'était pas une plaisanterie. Mieux encore, EMPYR chantait en anglais, afin de mieux se vendre à l'international. La seule originalité artistique de KYO (le chant en français) se voyait alors anéantie par une volonté évidente de faire avant tout du business et de conquérir le marché anglo-saxon.

De fait, EMPYR, c'était KYO... en pire, comme on disait à l'époque.

Malgré deux albums ayant réalisé des performances commerciales honorables, la courte carrière d'EMPYR n'eut pas vraiment le succès escompté et cela laissait évidemment présager d'un retour prochain de KYO en studio.
KYO revient donc en 2014, soit après presque 10 années de silence radio. Façon de parler, car leurs anciens tubes continuaient d'y passer, eux, à la radio. On pourrait cependant se dire qu'après autant de temps passé à cogiter sur leur futur grand retour, la maturité aidant, les membres de KYO allaient probablement revoir leur copie pour essayer de gommer leurs défauts de jeunesse. Mais... pas du tout. Carrément pas.
En 2014, KYO nous refait du KYO, comme à la grande époque.

Tous les ingrédients pour faire un parfait album de KYO sont ici réunis : ce qu'il faut de niaiserie, de bons sentiments, de rîmes tirées par les cheveux sans queue ni tête, d'arrangement sirupeux, et bien évidemment, pas la moindre trace authentique de rock. Ca va donc beaucoup parler coeurs brisés, ruptures ("L'Equilibre"), souffrance intérieure, mal être adolescent ("Poupées Russes"), peur de mourir ("Le Graal") etc etc... Des thèmes qui étaient déjà ceux de KYO au début des années 2000, et qui nous gonflaient déjà prodigieusement. Certains textes sont quand même un poil réussis, comme "Enfant du solstice" qui comporte quelques rîmes intéressantes. On se dit alors que peut être, le groupe a muri, et qu'on serait bien salaud d'enterrer cet album aussi rapidement. Mais "La Route", chanson finale acoustique évoquant la perte d'un être cher et chantée par Florian Dubos, se révèle d'une extrême indigence, et nous fait nous dire que non, décidément non, ce groupe sent toujours aussi mauvais.

Alors oui, je sais, les amateurs du groupe vont me sortir que "oui mais cet album il est différent, maintenant ils ont un style plus electro et moins rock, plus intimiste, plus posé, et patati et patata"... OK. Oui, vous avez entièrement raison les gars. Oui, il y a ici des arrangements electro, voir même presque new wave à certains endroits ("Nuits Blanches", "XY"), et c'est assez peu étonnant quand on voit que les Français ont travaillé avec Mark Plati, réputé pour son travail avec David BOWIE et Robert Smith. Sauf que je suis désolé, mais cet album c'est quand même d'abord et avant tout un album écrit par KYO. Et KYO continue de nous servir ici sa vieille recette moisie comme à la grande époque.

Non, KYO ne sera jamais le nouvel INDOCHINE, même en foutant de l'electro et des arrangements vaguement new wave dans ses compositions. Oui, Benoît Poher chante toujours de façon extrêmement insupportable et les frères Dubos ont toujours autant de personnalité qu'un tronc d'arbre. Non, KYO n'a malheureusement pas perdu cette image de brebis galeuse du rock français, même après presque une décennie d'absence. Oui, ce quatrième album est aussi mauvais que les précédents. Qu'est ce que c'est pathétique...

"Non, non, rien n'a changé, tout, tout va continuer, eh eh"