En préambule, je rejoins THIERRY sur le fait que la majorité de la presse musicale spécialisée (en France comme à l'étranger), se soit souvent bien foutu de YES et de son public.
Mais qu'importe l'avis et le soutient des médias après tout, puisque le groupe a toujours pu sortir des albums bon an-mal an, et qu'il a rempli les salles de concert quasiment partout où il se produisait.
Pour ce qui est de Relayer, c'est un de mes albums favoris de YES.
Après les mythiques, mais pour moi bien soporifiques Close To The Edge et Tales From Topographic Oceans, ce cru 1974 voit la formation revenir à une musique bien plus urgente comme au temps de Fragile et The Yes Album.
Mieux encore, les musiciens n'ont jamais joué de façon si instinctive et animale!
Pourtant, au début de "The Gates Of Delirium" on se dit que rien n'a vraiment changé chez YES (l'intro aurait pu se trouver en ouverture des 2 albums précédents), mais le bouleversement musical n'apparaît qu'au bout des 3 premières minutes pour aboutir sur des passages de pure folie au fur et à mesure de la compo.
La basse vrombissante de Chris Squire tourbillonne en tout sens, sur certains passages Jon Anderson n'a jamais chanté de manière aussi fougueuse, le son et le jeu de guitare de Steve Howe est rugueux et brut et Alan White se lache comme un beau diable (tout en restant très carré, à l'inverse d'un Bill Bruford qui aurait ajouté encore plus de folie mais peut-être moins de cohérence à l'ensemble).
Quand au nouveau venu Patrick Moraz, ses claviers aériens donnent des couleurs jazz-rock-fusion à la musique de YES et bien moins d'emphase comme celà avait pu être le cas avec Rick Wakeman.
La conclusion de "The Gates Of Delirium" est de toute beauté et se termine de manière apaisée.
"Sound Chaser" est encore plus barré et marqué du sceau "jazz-rock-fusion" que le morceau précédent, mais ça fonctionne à merveille car tous les participans sont au diapason.
Après un tel déluge, la musique de YES ne sera désormais plus aussi innovante et délirante et la fin de l'album, "To Be Over" le confirme.
Certes, pour qui apprécie le genre, le morceau n'est pas mauvais en soi mais il ne me captive pas (comme la plupart des ballades chez ce groupe) et Jon Anderson retombe dans ses travers mielleux qui m'ont toujours horripilé. c'est Steve Howe qui pour moi tire son épingle du jeu sur ce titre avec ses belles parties de pedal steel et de guitare-sitar.
Dommage que Patrick Moraz n'ait pas participé à un autre album en studio avec YES. ça aurait pu être bien plus intéressant que le très moyen Going For The One avec le retour de Wakeman.
Une pensée pour le talentueux Chris Squire. R.I.P.