Basé dans l'Hertfordshire (comté situé juste au-dessus du grand Londres), le groupe anglais TOUCHSTONE voit le jour grâce à l'initiative du guitariste Adam Hodgson et du claviériste-chanteur Robert Cottingham qui vient de publier un album solo (Behind the Orchard Tree, dont un morceau inspire le nom du nouveau groupe).

Pendant trois ans, de 2003 à 2006, ils changent deux à trois fois de line-up, et à part eux deux, seul le bassiste Paul "Moo" Moorghen reste. Ils signent avec Proper Music Ditribution, un des principaux labels indépendants au Royaume-Uni (TRAVIS, Aimee MANN, Joan BAEZ, Richard THOMPSON) enregistrent un EP qui fait pas mal parler de lui, Mad Hatters. Leur chanteuse d'alors est Liz Clayden, mais elle ne restera pas longtemps, tout comme le batteur Simon Cook.

TOUCHSTONE pratique, dès le départ, une musique qui se rapproche du courant rock progressif grâce aux structures et à l'emploi de synthétiseurs (ils ouvrent d'ailleurs l'EP seuls et de manière assez aride). Mad Hatters garde cependant un son très AOR ou Adult-oriented Rock, étiquette qu'on utilise depuis les années 70 et qui a continué dans les 80's grâce au hard-rock notamment.

Adam Hodgson joue d'ailleurs sur une de ces guitares typiques du rock gras à forte saturation, tandis que la batterie dégage un son puissant et réverbéré. Ce qui permet à Robert Cottingham de multiplier des interventions au synthé Moog, avec une intention proche du mythique YES. C'est aussi lui qui chante la quasi-totalité de l'opus, par opposition aux albums futurs de TOUCHSTONE.

"Misguided Fool" est un blues-rock au son "heavy" lent et très inspiré, taillé sur mesure pour la belle voix du claviériste. Lorsque Liz Clayden viennent créer les harmonies, les deux timbres révèlent une symbiose totale, d'une grande finesse et l'émotion est décuplée. Le titre suivant "One Shot" est plus rapide, avec des riffs ronchons typiquement hard, mais très bon également.

Petite baisse de régime sur "Hear Me" au début planant, mais dont la fin chantée sonne moins aboutie. C'est, après "Misguided Fool", la chanson du chapelier fou (les progueux aiment bien ce personnage tiré d'Alice, décidément !) qui retient toute notre attention. Débuté au piano sous forme de berceuse, la ballade lente à harmonies vocales progresse doucement mais sûrement jusqu'à un final inattendu et libéré, explosif avec la voix féminine sortie d'on ne sait où.

Cottingham s'efface pour laisser Clayden chanter la voix principale, en vocalises seulement mais waouh ! Et pourtant, cette partie paraît si simple, évidente. On ne voit pas les huit minutes passer. Une bonne énergie s'en dégage et ce genre de moments donne envie de suivre TOUCHSTONE, groupe qui ne sera pas avare en la matière.