Recherche avancée       Liste groupes



      
SOUL  |  STUDIO

L' auteur
Acheter Cet Album
 

ALBUMS STUDIO

1968 Soul Master
 

- Style : Terence Trent D'arby

Edwin STARR - Soul Master (1968)
Par LE KINGBEE le 5 Septembre 2017          Consultée 1036 fois

Le nom de STARR risque immanquablement de renvoyer vers Ringo, batteur des BEATLES. Le Starr dont il est ici question demeure certes moins connu mais aura toutefois commis quelques bons succès et connu une carrière aussi longue qu’inespérée.

Charles Edwin Hatcher voit le jour en 1942 à Nashville, mais s’installe très tôt avec sa famille à Cleveland (Ohio). Avec ses deux frangins (et non ses cousins comme l’affirme Wikipedia) Roger et Willie, l’adolescent monte The Furetones un groupe de doo-wop, registre alors tendance du moment. La formation enregistre dès 1957 deux singles pour les micros labels Reserve et Tress Records. L’idée lui vient alors de faire carrière dans la chanson, le gars se débrouillant pas mal et faisant bonne figure sur scène.
Malheureusement, ce beau rêve prend du plomb dans l’aile quand notre chanteur est appelé sous les drapeaux. Pendant deux ans, le soldat Hatcher doit se contenter de camps de base en Allemagne et en Amérique. A sa démobilisation, il s’installe à Detroit, capitale de l’automobile et intègre l’orchestre de l’organiste Bill Doggett pendant deux ans. Il quitte le groupe en 65 et Don Briggs, manager de Doggett, lui suggère de changer de nom, lui prédisant un avenir de star. Notre Charles se transforme alors en Edwin STARR, espérant que les prédictions de son pote se concrétisent.

En fait de paillettes, Edwin est remarqué par Ed Wingate et LeBaron (pas notre collègue chroniqueur) Taylor, les patrons du label Ric-Tic. Ces deux-là sont de petits malins, ils profitent parfois de la présence des Funk Brothers, orchestre attitré de l’écurie Motown qui leur sert de backing en sous main. Ric-Tic n’en est qu’aux balbutiements, les trois premiers singles du catalogue n’ont pas rencontré le moindre succès.
Edwin STARR rentre en studio en juillet 1965 et met en boîte deux versions de « Agent Double-O-Soul », une version chantée et une instrumentale. Le succès improbable est quasi immédiat. Le titre sera repris par Alex Harvey (pas encore Sensational Alex Harvey Band), le jazzman Sonny Stitt et Little Bob & The Lollipops, grand groupe louisianais. Notre chanteur enchaîne quelques singles qui ne connaissent qu’un succès d’estime, à croire que la bonne étoile s’est éclipsée. En janvier 66, Edwin retourne en studio et met en enregistre son second carton « Stop Her On Sight (SOS) », un triomphe soudain qui attire l’attention de Berry Gordy, le big boss de la Soul de Detroit et patron de la Motown. Gordy, terrible homme d’affaire, ne prend pas de risque. Au lieu d’enrichir son catalogue en découvrant de nouveaux artistes, le bonhomme préfère éliminer ses concurrents en rachetant en partie ou totalement les labels pouvant lui faire de l’ombre. Ric-Tac ne va pas résister longtemps et tombe rapidement dans l’escarcelle du géant. Et oui, en musique, c’est souvent comme dans la vraie vie, les gros remportent généralement le jackpot. En tournée en Angleterre, notre chanteur apprend à son retour que son patron vient de changer et s’aperçoit sur le champ qu’il est mis au rebut. Mais où est donc passée sa bonne étoile ?

Le chanteur reste au placard pendant presque deux ans avant de retrouver le chemin du succès avec « I am The Man For You Baby », ce qui lui vaut d’enregistrer son premier disque sous l’étiquette Gordy Records.

Forgé aux harmonies du doo-wop, Edwin n’est pas seulement un bon chanteur, il excelle dans la composition et, à contrario de nombreux songwriters spécialisés dans la Soul, il n’hésite pas à incorporer des thématiques liées au quotidien de la population noire (chômage, exclusion, habitations sordides, ghetto, ségrégation, addictions diverses). Pour paraphraser une publicité d’une assurance, Starr est un chanteur militant sachant manier dérision et second degré.

« Soul Master » se compose de douze titres. Deux proviennent de singles Ric-Tic et six de 45 tours étiquetés Gordy, la Tamla Motown n’étant pas connue pour ses prises de risques a pioché une grosse partie du contenu dans des succès déjà parus pour ce premier 33 tours. La plume d’Edwin Starr est ici nettement palpable, cinq titres étant issus de son imagination. C’est bien sûr « Agent Double-O-Soul » qui a les honneurs d’ouvrir les débats. Petit clin-d’œil humoristique à la saga James Bond (Sean Connery a participé au clip publicitaire de la chanson) sur une mélodie conjuguant les premières mesures du film et des intonations au futur « Shaft » avec grosse ligne de basse. Edwin Starr prend ici un air un brin moqueur: « I dig Rock' n' Roll music-I can do the twine and the jerk- I wear strictly continental suits and high collared shirts … They call me Double O Soul baby-I’m agent Double O Soul …». La voix chaude et douce renforce le discours caustique du chanteur. Autre grand succès avec « Stop Her On Sight (SOS) », un titre dansant et efficace permettant de faire passer à la trappe le petit côté gimmick et des choristes sous le charme reprenant en chorus « Hey, Hey, Hey I’m sending out an S.O.S. ». « Oh How Happy », œuvre composée quand le chanteur était stationné en Allemagne, fut dans un premier temps offerte au groupe Shades Of Blue qui immortalisa le morceau sur un single Impact. Cette ballade rythmée avec la présence de certains membres des Funk Brothers se révèle plus groovy et efficace que la version précitée et bien supérieure à celles qu’en donneront Percy Sledge et Art Garfunkel. Autre ballade avec « I am The Man For You Baby » une compo de James Dean et William Weatherspoon, mais là le chanteur semble moins à l’aise, la romance n’est visiblement pas sa tasse de thé. Starr se montre plus convaincant sur « Love Is My Destination » le prototype de ballade déchirante que la Motown adorait produire. Autre ballade guimauve sans grand intérêt avec « I am Your Man », une compo du duo Ashford & Simpson dans un registre rappelant Gladys Knight & the Pips. Là, Edwin ne semble guère concerné par cette soupe insipide (et on peut le comprendre).

S'il est un domaine dans lequel Edwin est dans son élément, c’est bien celui de la Soul dansante et rythmée. Sa reprise de « Way Over There » relègue bien loin la version originale des Miracles de Smokey Robinson, le jour et la nuit ! Si « My Weakness Is You » du producteur songwriter Norman Whitfield, l’un des artisans du Motown Sound, avait fait l’objet d’une parution en single, c’est une nouvelle version qui nous est délivrée ici. Le type de morceau dansant et plein de peps caractéristique de la Soul de Detroit. Seconde collaboration avec Whitfield et l’entraînant «I Want My Baby Back », un titre capable de faire danser le premier cul de jattes venu. Terminons ce tour de piste avec « Soul Master » qui donne son titre à l’album. Cette ballade pleine de feeling et de dérision dans laquelle le chanteur s’adresse ses propres louanges permet de mettre au grand jour le timbre exceptionnel et la voix hors norme.

En guise de conclusion, ce premier disque demeure fortement recommandé et ce même si Gordy, filiale de la maison Motown, s’est évertué à polir le répertoire. Edwin Starr demeure le parfait prototype du chanteur de la Motor City malgré des aspérités qui rappellent plus le son Stax que celui de la Motown, firme qu’il quittera en 1976 pour se consacrer à des projets plus modestes mais aussi sincères. Installé en Angleterre depuis le milieu des années 80, Edwin Starr est décédé d’une crise cardiaque en 2003. Sur sa pierre tombale figure l’épitaphe « Agent 00 Soul ».

*Ce disque a été réédité en CD en 2014 par le label anglais Big Break Records avec 17 titres bonus. Aucun renseignement ne figure sur les différents accompagnateurs, la liste proposée est donc à prendre avec réserve.

A lire aussi en SOUL par LE KINGBEE :


Wilson PICKETT
The Exciting Wilson Pickett (1966)
Une panthère noire pour un top de soul sixties




Ann PEEBLES
I Can't Stand The Rain (1974)
Petite pluie abat grand vent!


Marquez et partagez





 
   LE KINGBEE

 
  N/A



- Edwin Starr (chant)
- Earlk Van Dyke (piano, orgue)
- James Jameson (basse)
- Richard 'pistol' Allen (batterie)
- Robert White (guitare)
- Eddie Willis (guitare)
- Joe Messina (guitare)
- Jack Ashford (percussions, vibraphone)
- Nickolas Ashford (choeurs)
- Valerie Simpson (choeurs)


1. Agent Double-o-soul.
2. I Am The Man For You Baby.
3. Stop Her On Sight (s.o.s.).
4. Oh How Happy.
5. Way Over There.
6. My Weakness Is You.
7. Headline News.
8. Soul Master.
9. I Want My Baby Back.
10. Love Is My Destination.
11. I Am Your Man.
12. Time Is Passin' By.



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod