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ROCK PROG/CANTERBURY  |  STUDIO

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1972 Matching Mole
Little Red Record
 

- Style : Soft Heap
- Membre : The Soft Machine , Caravan, Quiet Sun, 801, Camel, National Health
- Style + Membre : Robert Wyatt , Hatfield And The North

MATCHING MOLE - Matching Mole (1972)
Par MARCO STIVELL le 14 Septembre 2017          Consultée 2742 fois

MATCHING MOLE est un des nombreux projets de Robert Wyatt au début des années 70, après SOFT MACHINE et son premier album solo, End of an Ear. Il en reste aussi le dernier important en collectif, avant sa carrière solo. La courte existence de ce groupe s'étend sur une bonne année et demie à peine, mais laquelle ! 72, en pleine apogée du rock progressif. Tout est possible, réunir David Sinclair (fondateur de CARAVAN), Phil Miller (dont le frère Steve remplace Sinclair dans CARAVAN), et Bill MacCormick (du groupe QUIET SUN, dans lequel on retrouve Phil Manzanera, futur membre et pilier de ROXY MUSIC).

On traduit le nom de SOFT MACHINE en français, machine molle donc, et on reprend mot pour mot cette expression avec l'accent anglais. Matching Mole donc, jeu de mots double puisque "mole" signifie "taupe", et "matching", "qui regarde". D'où la pochette. C'est élémentaire et à la fois très fin, bien trouvé. Un peu comme la formule musicale de ce groupe qui devait sortir Wyatt du concept SOFT MACHINE initialement.

L'idée était de réaliser, avec l'aide de Sinclair, un disque de ballades mettant en avant l'aspect pop et romantique de Wyatt, le chanteur. C'est ce qu'on entend dès le départ avec "O Caroline", édité en single. Ce morceau très doux et onirique, Wyatt l'a composé au moment de sa rupture avec Caroline Coon, une fille électrique et réputée nymphomane à travers ses oeuvres artistiques, qui travaillera de près avec la scène punk au moment propice, des grands noms comme les CLASH ou THE POLICE.

Rien à voir donc avec les humeurs de Wyatt sur cette chanson et qui se raccrochent à un bonheur passé et partagé. Et c'est très beau, à l'instar de "Moon in June", grâce en particulier au chant de l'intéressé, cette voix d'enfant fragile et sincère. Le métronome joue la rythmique ; le piano de Sinclair, dans un style très folk anglais au final, est augmenté par le mellotron de Wyatt. C'est la couleur particulière de MATCHING MOLE, pas de cuivres comme dans les projets précédents des deux hommes, plus de claviers en revanche.

Cependant, avec Miller et MacCormick, l'album de ballades prend vite une autre tournure, celle que Wyatt préférait éviter, et Sinclair encore plus que lui. Le niveau des quatre musiciens, ou leurs intentions, poussent vite le groupe vers un degré rock prog-psychédélique mêlé de free-jazz. Les morceaux se suivant, "O Caroline" débouche sur "Instant Pussy", transition instrumentale basée sur des délires vocaux de Wyatt.

Celui-ci reprend le micro normal ensuite pour "Signed Curtain", en tentant de se repérer lui-même dans le morceau qu'il chante ("This is the first verse... And this is a chorus, or perhaps it's a bridge, or just another key change... Nevermind" (1)), sur un mode à nouveau désespéré sentimentalement, mais toujours léger. La mélodie est très étonnante, à la fois limpide et dissonante, typique du jazz affranchi et pourtant exigeant. Les instruments font de même ensuite sur "Part of the Dance".

Wyatt reprend la batterie pour de bon, Sinclair tente de suivre au mieux la part jam et libre de ses collègues, et il le fait très bien, en tout cas plus volontiers sur album qu'en concert (ce qui explique son départ prématuré du groupe). La fin de "Part of the Dance" est particulièrement remarquable avec sa remontée d'orgue. Il y a aussi, pour "Dedicated to Hugh..." (Hopper sans doute), la participation excellente de Dave MacRae au piano Fender Rhodes. Ce virtuose néo-zélandais a déjà joué avec Buddy Rich, Chet Baker, Gil Evans pour ne citer qu'eux.

On vous l'a dit, les claviers ont la part belle chez MATCHING MOLE, sans compter toutes les interventions du mellotron qui tâtonne et tisse de beaux accords ("Immediate Curtain"), moins thématiques que Robert Fripp (KING CRIMSON) dans le même genre, et puis Wyatt préfère le son de flûtes par rapport aux cordes. Cette triple personnalité de chanteur et d'amoureux du mellotron fait de la concurrence à son identité de batteur mythique, et pourtant celle-ci ne dépareille jamais.

Ce n'est pas tout, il convient en particulier de saluer le jeu de Miller, qui est aussi à l'origine de "Part of the Dance", quand tout le reste est de Wyatt (sauf "O Caroline", musique de Sinclair). Ce n'est pas le guitariste virtuose qui balance des solos virtuoses à tout va, il préfère employer des effets à commencer par le fuzz et, de là, trancher dans le lard, jeter des sorts. Cela aide beaucoup durant ces quelques récréations qui ne sont peut-être pas toujours passionnantes, mais qui permettent à l'album de garder une bonne progression. En tout cas, par sa diversité, il vaut clairement le détour !

(1) "This is the first verse... And this is a chorus, or perhaps it's a bridge, or just another key change... Nevermind" : "Voilà le premier couplet... Et là c'est un refrain, ou alors peut-être un pont, ou juste un autre changement de tonalité..."

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   MARCO STIVELL

 
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- Phil Miller (guitares)
- Bill Maccormick (basse)
- Dave Sinclair (piano, orgue)
- Robert Wyatt (batterie, chant, mellotron, piano)
- + David Macrae (piano électrique)


1. O Caroline
2. Instant Pussy
3. Signed Curtain
4. Part Of The Dance
5. Instant Kitten
6. Dedicated To Hugh, But You Weren't Listening
7. Beer As In Braindeer
8. Immediate Curtain



             



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