«J'avais l'intention de me retirer de la route, je ralentissais mes activités certainement, voulant consacrer plus de temps à ma maison, à l'aquaculture et à la pêche. Mais un fan m’a expliqué qu'il avait un nouveau label de musique et m’a demandé si je pensais à un projet solo.
On m'a fait des offres solo dans les années 70, mais j'ai toujours senti que Poco était plus important. Maintenant, je pense que je suis meilleur que je n'ai jamais été en tant que chanteur et auteur-compositeur, et j'ai une meilleure compréhension de la musique. Je me suis rendu compte que c'était le moment idéal pour faire quelque chose qui pourrait être une partie vraiment enrichissante de mon héritage musical".

Voilà comment Rusty Young a débuté une carrière solo à 71 ans.

Son rôle et son importance musicale ont souvent été éclipsés par les autres membres de Poco, étant donné que Jim Messina forme Loggins et Messina, Randy Meisner et Timothy B. Schmit rejoignent les Eagles, et Richie Furay créé Souther-Hillman-Furay.
Toutefois Rusty Young a toujours incarné l’esprit originel de Poco et le son de sa pedal-steel guitare est indubitablement lié à l’histoire du groupe, mais aussi ses talents d’auteur-compositeur et de chanteur ont permis au groupe de s’imposer parmi les meilleurs du genre et de traverser les années sans perdre de ses qualités.

C’est donc sur Blue Élan Records, le label de Kirk Pasich, que sort cet album, agrémenté d’une très belle pochette, produit par Rusty avec l’aide de son compère Jack Sundrud (chanteur et bassiste de Poco) et supervisé par Bill Halverson, une grosse pointure qui a produit entre autres Crosby, Stills & Nash, Eric Clapton, et Emmylou Harris et aussi avec un coup de main de Joe Hardy (ZZ Top, Steve Earle) et enregistré à Cash Cabin à Hendersonville, dans le Tennessee.
C’est carrément l'ancien studio d'enregistrement « à domicile » de Johnny Cash et June Carter Cash et comme le souligne Rusty le vieux piano de June est toujours là ainsi que la Les Paul de Johnny.

Les musiciens de Poco accompagnent Rusty, toutefois, la teneur de l’album est plus « campagnarde » que la musique dispensée par le groupe.
Young habite, avec son épouse, dans une cabane qui domine la forêt nationale Mark Twain dans le sud du Missouri et il y puise son inspiration tôt le matin quand il regarde le soleil se lever. Cette atmosphère bucolique est remarquablement bien rendue dans le morceau éponyme qui ouvre l’album et dans « Seasons » au son cristallin.
Les anciens compères Jim Messina et George Grantham sont passés dire bonjour et jouent sur « Honey Bee ». Et Richie Furay et Timothy B. Schmit sont présents sur le bien nommé « My Friend ».

On reste donc dans la famille, même recomposée, d’autant que « Hey There » rappelle les grandes heures de Poco et que «Gonna Let The Rain» termine l’album en puissance avec de sacrées jolies guitares et des harmonies qui vont bien. Avec ”Sara's Song”, écrite pour le mariage de sa fille, on replonge dans un registre encore plus familial, intimiste.

La réussite de cet album est de rester dans la lignée de ceux de Poco tout en y incluant une forte touche originale et personnelle, qui donne aux chansons une forte sincérité, un sentiment de vécu. On s’imagine facilement assis aux côtés de Rusty « pour attendre le soleil ».