La bataille entre les puristes des courants musicaux a toujours fait rage, le fait encore et continuera probablement tant que l’espèce humaine possédera des oreilles pour écouter de la musique. La lutte que mènent musiciens, passionnés et autres chroniqueurs est sans merci, on se mutile à coup de sarcasmes, comparaisons, termes philosophico-mathématiques et j’en passe et des meilleures ! Le meilleur exemple actuel est le conflit « Troue metal - néo metal ». Ces débats tout à fait stériles peuvent durer jusqu’à plusieurs semaines sur les forums les plus engagés ! Et moi, fier de me considérer au-dessus de ça, j’ai fini par me prendre au jeu et par me trouver ma bête noire ! Une fois n’est pas coutume, laissez moi être de mauvaise foi, borné, méchant gratuitement et pas drôle.

Vous vous rappelez tous de la mode des boys band à la fin des années 1990? Difficile d'oublier cette période de renouveau musical incarné par cette bande de belles gueules interprètes de chansons mémorables aux mélodies travaillées et aux textes profonds. Ils nous ont cassé les oreilles soit directement, soit par le biais de groupies en jubilation devant le charme de l’illustre Filip des 2BE3 (si vous avez eu le malheur de vous appeler Philippe comme moi à cette époque, vous avez probablement été la cible d’analyses comparatives, que ce soit sur la voix, le style ou la plaque de chocolat).
Le concept? Trouver quelques playboys, si possible des êtres n'ayant pas le rêve d'accéder un jour à une carrière musicale décente. Leur faire bouger les lèvres ainsi que le corps sur une chorégraphie digne des Power Rangers et sur une musique totalement vide. D’après un témoignage d’un ex-ALLIAGE lors d’une émission de M. Delarue, les ingénieurs du son faisaient un excellent travail pour ce qui est des voix, si vous voyez ce que je veux dire.
Cela dit, derrière ce regard parodique que l'on a tous eu sur le titanesque "Partir un jour à carrefour" des teubés frites, se cache la réalité de l'après, bien moins amusante. Le boys band est plus une porte de sortie que d'entrée de le monde de la musique. Ces propos sont d'ailleurs appuyés par quelques témoignages d'anciens membres de telles formations auxquels on a ri au nez plusieurs années après. Un des chanteurs du groupe ALLIAGE a d'ailleurs sombré dans la dépression et l'oubli (ce n'est pas trop difficile à comprendre) avant d'heureusement trouver le salut dans le christianisme. Jouer sur le physique des chanteurs est une chose. Le réel problème est que la plupart ne chantaient même pas et que TRES peu de ces chansons étaient écoutables.

Quelques années après apparaît IL DIVO, groupe représentés par quatre jeunes chanteurs : un Espagnol, un Suisse, un Français et un Américain. Ca ressemble en tout point à un boy’s band… Ne me dites pas le contraire, quatre chanteurs au physique pas franchement repoussant, un livret couvert de photos… Mais force est de constater que cette fois, j’ai été agréablement surpris ! Pour le prix que coûtera la galette, vous aurez un extra que les GSQUAD n’auront pas pu fournir malgré tout leur talent : de la musique, et de qualité en plus.
Oui, ces quatre premiers de la classe ont un sérieux bagage musical et possèdent des voix proches de l’opéra. Certes, ils ne sont qu’interprètes, mais ils le font très bien, ce qui est déjà pas mal ! Alors oui, ils jouent sur leur physique. En même temps, quatre beaux gosses en costar bien propret, ça change de la mode du bad guy. Une sorte de retour rafraîchissant à un modèle traditionnel. Ce n’est pas désagréable.

Le concept d’IL DIVO est de créer une musique plus accessible, moins pompeuse que l’opéra, mais toutefois moins commune que la variété internationale traditionnelle (à l’instar d’un ANDREA BOCELLI, par exemple). Les voix sont beaucoup plus posées que celles des opéras traditionnels (plus proches de la variété) et les instrumentations sont plus discrètes, moins grandiloquentes pour ne pas égarer l’oreille. Les mélodies, chantées principalement en anglais et italien, sont simples et faciles à retenir, mais sonnent comme très professionnelles. L’émotion passe immédiatement, avec des paroles universelles. Mention spéciale à « Mama », que l’on dédiera à toutes nos mamans chéries (merci maman’o phil !!!) et à « The man you love », très belle chanson sur le thème le plus bateau du monde en musique : l’amour. Enfin bon, rien à dire, ça marche encore et toujours. De grands tubes planétaires ont également été repris pour agrémenter ce premier opus du quatuor (« Unbreak my heart » et « Comme d’habitude » de notre cloclo national, chanson la plus reprise au monde). Elles sont bien interprétées, dans une version alternative, « classique » plus qu’intéressante. La symbiose entre variété et musique classique est parfaite, et le groupe en propose une version plutôt rafraîchissante de part l’image jeune du quatuor. Ce premier album devrait plaire à des auditeurs de tout âge.

A ma grande déception, je dois renoncer à mon orgueil et admettre qu’IL DIVO a produit une musique qui touche facilement et de qualité. Quant au packaging... bah, quatre mâles un peu classes, pas trop moches et aux voix angéliques, eh ben ça change ! Eh ouais… cette fois on a de quoi être jaloux les mecs, ces quatre là ont de quoi emballer!