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2017 Roll With The Punches

Van MORRISON - Roll With The Punches (2017)
Par LE KINGBEE le 24 Novembre 2017          Consultée 1733 fois

Nous sommes en 2017 et VAN MORRISON, ancien leader des THEM, semble avoir traversé les ans comme les océans tel un véritable insubmersible, inoxydable à toute épreuve. Oui mais le bonhomme a non seulement pris du poids mais aussi de l’âge, accusant 72 printemps au moment où j’écris ces modeste lignes.

L’ancien porte drapeau du Blues irlandais propose avec Roll With The Punches son 37ème album. On peut penser que le titre traduisible par « Encaisser les coups » est une manière de répondre à la critique internationale qui ne l’a parfois guère épargné. Van Morrison, c’est un peu une institution chez les « rosbeefs », ou plutôt c’était. Auteur de disques fortement recommandables, VAN MORRISON reste l’auteur d’albums marquants : « Moondance », « Astral Week », ou « Saint Dominic’s Preview ». Oui mais voilà, ces disques frisent maintenant le demi-siècle, l’irlandais était alors porté par un état de grâce aussi bien au niveau de l’écriture que du chant. Et les chefs-d’œuvre ont commencé à se faire de plus en plus rares, jusqu’à se tarir telles les sources du désert du Kalahari. L’ancien porte-voix de la classe ouvrière et de la jeunesse de Belfast s’est alors fourvoyé dans des registres de substitution qu’il ne maîtrisait pas totalement. Le chanteur a tenté de survivre dans des zones de confort comme le Rock, le Folk, La Soul, le Jazz et parfois dans des combinaisons discutables dans lesquelles sa poésie, sa force de persuasion, son charisme parvenaient parfois à marivauder ou du moins à faire illusion.

Mais au fil des ans, le bonhomme, réputé d’un caractère peu commode, faisait plus figure d’attraction, en droite ligne avec ces innombrables artistes qui ont connu un succès interplanétaire et qui en sont réduits à faire des concerts réunion ou des concerts who’s who. Mais VAN MORRISON, toujours victime d’un appétit pantagruélique, poursuit son petit bonhomme de chemin, enfilant les disques comme d’autres les perles, et le voici de retour à ses premiers amours : le Blues.

Roll With The Punches propose une contreplongée à travers dix classiques du Blues et cinq originaux. D’entrée de jeu, le vétéran quitte la Tamise nous expédiant vers les rives boueuses du Delta du Mississippi avec « Roll With The Punches ». L’ombre de Muddy Waters plane. Mais cet album est également prétexte à une réunion d’artistes triés sur le volet: le chanteur Chris Farlowe (ex COLOSSEUM et ATOMIC ROOSTER) participe à quatre titres, tandis que Jeff BECK intervient sur cinq pistes. Autres invités de renom avec l’organiste Georgie Fame, ancien coéquipier de Van MORRISON et l’harmoniciste Paul Jones (ex MANFRED MANN). Une sacrée double paire d’artistes en devenir totalisant les 299 ans. Vous l’aurez deviné Van MORRISON demeure le plus jeune.
Ce genre de procédé nuit généralement à la cohésion d’un projet cohérent, il n’en est rien ici, nos quatre vétérans se montrant d’une rigueur quasi religieuse. Jeff BECK, le plus prolixe des quatre, se montre d’une sobriété presque monacale. "Transformation" se révèle une ballade délicate. Le chanteur épaulé ici par Farlowe ne peut plus nous offrir ses poussées furieuses, mais le morceau demeure agréable et reste sur le tempo de ses meilleures ballades embaumées par une voix chaleureuse et une poésie panthéiste. Parmi ses compositions, il reprend « Fame », une ballade à la sauce Blues, secondé brièvement par l’harmonica de Paul Jones. « Too Much Trouble », un nouveau titre, tient plus du Jazz vocal et s’éloigne quelque peu du ton d’ensemble, malgré les efforts du bonhomme au saxophone. Dernière œuvre avec « Ordinary People », un blues lent figurant dans l’album The Philopher’s Stone dont on préférait la version initiale, malgré les coups de slide de Jeff BECK.

Au rayon des reprises, il y a à boire et à manger. Des déceptions : "I Can Tell", popularisé par Bo DIDLEY, ne décolle jamais, le rythme oscille sans cesse entre R&B et Country et finit par se perdre. Le meddley "Stormy Monday/ Lonely Avenue" parait brouillon. La première partie, standard de T. Bone Walker ne propose aucune envolée de guitare, tandis que la seconde parait bien plate par rapport aux interprétations de Ray Charles, Pearl Woods ou Mel Saunders. On peut toujours se dire que les EVERLY BROS ou Mike Hucknall feront bien pire, cela n’empêche pas cette version d’être nettement moins intense que la version figurant dans l’album « Too Long In Exile » du même MORRISON. A noter pour les amateurs de French Rock, qu’Eddy MITCHELL adaptera la chanson sous le titre « Qui l’a Rendu Fou ».

Autre déconvenue avec "Goin’ To Chicago", un jazz popularisé par Count BASIE et dont on se demande ce qu’il vient faire ici ? Là notre irlandais s’égare bel et bien, navigant entre crooner et Rétro Jazz. Il y avait pourtant matière vues les versions de Fenton Robinson ou de BB KING. Même impression avec "Benediction", titre du pianiste Mose Allison que Van MORRISON reprenait dans l’album « Tell Me Something ». Le chanteur a toujours été fan de Jazz, mais le morceau ne s’imposait pas. Enfin on restera partagé sur la reprise de "Bring It On Home To Me". Si le hit de Sam COOKE a été repris à toutes les sauces, (on se souvient des interprétations du duo Carla Thomas/Otis Redding, des Orlons, ou de Tab Benoit sans parler la version Bluegrass déjantée de Run C &W), le chanteur délivre ici une version reposant quasiment sur une trame Gospel perdant ainsi l’essence de son groove. Si vous naviguez sur la toile, vous vous apercevrez que certains journaleux, à mon avis consensuels, crient ici au génie, mais le morceau touche moins que la version figurant dans l’album Live It’s Too Late To Stop Now.

Mais l’album dévoile tout de même des reprises honorables, certaines frisant même les sommets : l’inusité" How Far From God", un Rock Gospel de Sister Rosetta THARPE, prend un petit air de jeunesse, le piano de Stuart McIlroy et la guitare de Dave Keary semblent fusionner sur ce Gospel Boogie. Autre cover issue du R&B féminin avec "Teardrops From My Eye" œuvre de Rudy Toombs popularisée par Ruth Brown. Si le titre a connu plusieurs essais intéressants (Ella Mae Morse, Louis Jordan et Ray Charles) Van MORRISON s’en sort haut la main en assemblant R&B et Swing et en évitant tout effet trop sirupeux. C’est encore dans le domaine du Blues que le chanteur se montre à son aise avec « Automobile Blues », un inusité de Lightnin’ Hopkins qui nous renvoie entre Texas et Chicago. A noter l’excellente partie d’harmonica de Ned Edwards, comme quoi Van Morrison sait parfois déléguer. Une reprise bien plus consistante que celles de Townes Van Zandt ou Bernie Paul (on conseillera la version Live du guitariste non voyant Bryan Lee). Autre bon moment avec « Mean Old World » (sans lien avec le titre homonyme de T. Bone Walker repris par Clapton) dans laquelle l’irlandais fait sonner son chromatique au rythme du piano tandis que la guitare de Ned Edwards se fait aérienne. Dernière reprise avec « Ride On Josephine », hit mineur de Bo DIDLEY, qui vient clore les débats sur un rythme enjoué et festif.

Devenons-nous trop exigeants ? Ou Van MORRISON nous délivre t-il un album trop inégal ? La vérité se situe probablement entre les deux. Toujours est-il que ce nouvel opus contient une bonne moitié de bons moments, l’autre moitié (principalement les titres les plus tempérés ou Jazz) nous semble manqué de relief, de dimension et de prise de risque. A l’heure ou cette chronique devrait paraître, VAN MORRISON était la tête d’affiche du Blue Note Festival à Paris. Cerise sur le gâteau, Roll With The Punches est à peine dans les bacs que le label annonce la préparation d’un futur album. Quand on vous disait que le bonhomme avait de l’appétit ! Malgré une moitié de titres trop sages, cet album ne peut descendre en dessous de 3.

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- George Van Morrison (chant, guitare 1-5-9-12, harmonica 3-4-5-14-15, sa)
- Chris Farlowe (chant 2-3-4-9)
- Georgie Fame (chant 5, orgue 5-11)
- Paul Jones (chant 6, harmonica 6)
- Jeff Beck (guitare 2-3-4-8-9)
- Dave Keary (guitare 2-3-4-6-7-8-9-10-11-13)
- Ned Edwards (guitare 14-15, harmonica 12)
- Chris Hill (contrebasse 5)
- Laurence Cottle (basse 1-2-3-4-7-8-9-10-13, trombone 7)
- Pete Hurley (basse 2-11-12-14-15)
- Paul Moore (basse 6)
- Mez Clough (batterie 1-2-3-4-6-7-8-9-10-11-13,chœurs 2-3-4-8-1)
- James Powell (batterie 5)
- Colin Griffin (batterie 12-14-15)
- Dave Ellis (percussions 11)
- Paul Moran (orgue 1-2-3-4-7-8-9-10-13, trompette 7)
- Stuart Mcilroy (piano 1-3-4-9-10-12-14-15)
- Jason Rebello (piano 2-7-8-11-13)
- Dana Masters (chœurs 2-3-4-8-11-13-15)
- Sumudu Jayatilaka (chœurs 2-3-4-8-11-13-15)
- Elizabeth Jane Williams (choeurs 15)


1. Roll With The Punches.
2. Transformation.
3. I Can Tell.
4. Stormy Monday/ Lonely Avenue.
5. Goin' To Chicago.
6. Fame.
7. Too Much Trouble.
8. Bring It On Home To Me.
9. Ordinary People.
10. How Far From God.
11. Teardrops From My Eyes.
12. Automobile Blues.
13. Benediction.
14. Mean Old World.
15. Ride On Josephine.



             



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