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PUNK-ROCK CELTIQUE  |  STUDIO

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IRISH MOUTARDE - Perdition (2018)
Par GEGERS le 27 Avril 2018          Consultée 1498 fois

Chercher à voir dans l'utilisation des instruments traditionnels ou assimilés comme tels (banjo, violon, cornemuse...) dans les musiques punk ou metal une tentative de se raccrocher à une tradition perdue, ou un moyen de porter un message identitaire ou protectionniste face au mondialisme galopant est un poil réducteur, pour ne pas dire erroné. Et l'énergie, bordel ? Qu'en fait-on ? Une guitare électrique et un biniou ont ceci de particulier qui, lorsqu'ils fusionnent, dégagent une puissance faite de hargne et de mélodies entremêlées. Le résultat, s'il est bien mixé, est généralement appétissant aux oreilles de ceux qui aiment le punk lorsqu'il voit plus loin que le bout de ses revendications. IRISH MOUTARDE, avec son deuxième album, nous prouve que loin d'être un repli sur soit, le punk d'obédience celtique sait se faire une véritable explosion, un manifeste à l'attention des blasés et des sceptiques : si le bruit le plus fort du monde est sans doute celui de la météorite Tunguska qui a survolé la Sibérie en 1908, le nouvel opus des Québécois constitue une sacrée déflagration sonore.

Alors qu'il avait livré un premier album déjà fort abouti, le groupe propose avec Perdition un album en tous points supérieur à son prédécesseur. Constitué de 13 titres (7 en français, 6 en anglais), alternant chant masculin et féminin, Perdition laisse de côté les tonalités plus légères du première opus pour foncer tête baissée vers un punk brut de décoffrage. "Terre Rouge", que l'on dirait tout droit sorti d'un album des REAL MCKENZIES (la filiation naturelle avec leurs compatriotes canadiens s'entend à plusieurs reprises sur cet album), rassemble le principe musical des IRISH MOUTARDE : il s'agit, en substance, de proposer des couplets agressifs, introduits par des mélodies remarquables et mémorisables (interprétées à la cornemuse et/ou au banjo), et sur lesquels viennent se greffer des refrains porteurs d'une nouvelle couche mélodique. Le résultat, puisqu'il est bien fait (les morceaux sont dotés d'une construction efficace, le son est clair et puissant), est un moment de bonheur.

Sans y aller par le menu, l'album s'il est réussi dans son ensemble brille par la présence de quelques titres particulièrement inspirés. "Jarrets", punk à la fois old-school dans la construction et moderne et très mélodique sur le refrain, est bluffant de dextérité et de savoir-faire. Tout dans ce morceau est parfait, de l'ambiance "in your face" jusqu'au refrain aux allures de respiration salvatrice, en passant par un break tribal de grande qualité. "N'oublions pas", qui démarre comme un titre de folk celtique (guitare acoustique en avant), porté par une cornemuse celtisante, change ensuite son braquet pour s'inscrire quelque part entre rock et punk, mais bordel, quelle mélodie ! Celle-ci peut sembler évidente, "facile", mais c'est justement sa force. Pour donner cette impression, le groupe a certainement bossé d'arrache-pied, et le résultat constitue un des meilleurs titre punk-rock celtique de ces cinq dernières années, rien de moins. Autre moment particulièrement brillant, "The Bitter End", plus ambitieux et varié dans la construction, constitue une fin d'album un poil plus alambiquée, mais toujours aussi efficace. Cela tombe bien, puisque c'est l'essentiel. En bonus, "Old Days", ballade folk dont la mélodie peut faire penser à une chanson à boire, offre un poil de variété supplémentaire sur un album qui n'en manque pas. Il y en a ici pour tous les amateurs de punk/rock celtique et de mélodies irrésistibles.

IRISH MOUTARDE fait coup double en proposant un album non seulement efficace dès la première écoute, mais dont les atours continuent de se révéler au fil du temps. Si quelques titres semblent un peu confus ou redondants ("A la santé de Lucifer"), ce deuxième album des Québécois reste un tour de force incroyablement inspiré et réussi. Les amoureux du genre peuvent se procurer cet album les yeux fermés.

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   GEGERS

 
  N/A



- Jérôme Bélanger (guitare électrique)
- Sébastien Malenfant (batterie, voix)
- Andrée-anne Mchalley (voix, accordéon)
- Gabor Somogyvari (cornemuse)
- Fred Vandal (basse, voix)
- Tony Vandal (banjo, voix)


1. Prélude En La (lala)
2. The Poison Trail
3. Terre Rouge
4. Jarrets
5. Eat, Drink And Be Merry
6. N'oublions Pas
7. À La Santé De Lucifer
8. Only In Your Lies
9. Bientôt
10. Old Days
11. Go Away
12. Condamnés
13. The Bitter End



             



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