Avez-vous remarqué dans le monde de l’art cette omniprésence d’artistes qui ont tout pour eux ? Je parle du physique, du talent, de la force mentale nécessaire à accomplir tout leur parcours. Non il n’est pas question ici de Monica Bellucci ou Brad Pitt, je vais plutôt vous parler de Jorja SMITH. Tout droit arrivée d’Angleterre, tout fraîchement majeure au moment où ces lignes sont écrites, elle arrive dans nos oreilles françaises via la radio Nova qui l’a largement mise en avant avec son album Lost & Found. Seulement avec un EP sorti deux années plus tôt en bagage, elle arrive directement avec les grands moyens à travers cet album.

Lost & Found est un album sur lequel Jorja SMITH va être seule, en effet aucune apparition d’un artiste venu d’ailleurs. Le single sorti directement du projet est « Blue Lights », un morceau qui nous montre d’une manière évidente le potentiel de la chanteuse. Sur une mélodie chaleureuse jouée au piano-synthétiseur, l’interprète nous parle de sa conscience constamment coupable alors qu’elle ne fait rien de mal, probablement dictée par une pression constante sur ses épaules. Ce tube, au-delà d’être fort réussi, nous offre les talents d’une artiste qui, vocalement n’a rien à envier à Lauryn HILL, qui techniquement ne doit en aucun cas jalouser Amy WINEHOUSE, et qui a des inspirations hip-hop variées mais de qualité.

L’album va suivre cette tendance, allant de morceaux chantés aux chansons typées hip-hop, où la chanteuse se convertit en rappeuse pour varier le style et nous satisfaire avec un autre talent qu’elle a sous le coude. « Lost & Found », morceau éponyme, d’une grande puissance vocale, nous transporte. Le morceau suivant, « Teenage Fantasy », nous rappelle sans aucun doute les albums sortis vingt années plus tôt de Lauryn HILL, mais la chanteuse possède un timbre de voix bien spécial qui la rend unique, et qui pour notre plaisir fait ressentir ses émotions.

« February 3rd » nous emmène dans un style plus lent, avec un rythme très réduit que s’approprie la chanteuse avec une voix qui frise la nonchalance. Ceci étant, on peut remarquer sur ses prestations scéniques qu’elle ne bouge quasiment pas ses lèvres quand elle chante, ce que l’on peut facilement imaginer sur ce genre de morceaux. Les titres « On Your Own », « Wandering Romance » et « The One » s’opposent clairement, les deux premiers parlent de rupture, tandis que le troisième d’amour. Et sans surprise on retrouve beaucoup plus d’intensité dans « The One », grand moment de chanson. Dans le même thème et la même intensité on retrouve « Goodbyes », un des titres les plus réussis de son projet, s’inscrivant parmi les grandes prestations vocales de l’année. En parlant de chant magnifique, jetez un coup d’oreille à « Tommorow ». L’interprétation presque classique sur le refrain est très réussie.

Les morceaux plus typés hip hop sont tout autant qualitatifs, prenez par exemple un « Where did I go » qui n’est pas sans rappeler le rythme redondant des musiques rap, sur lequel la chanteuse va nous parler des relations sentimentales qui demandent finalement du courage. Cette chanson est une réussite. La prestation de Jorja SMITH sur « Lifeboats » est assez impressionnante et inattendue. La chanteuse se transforme complètement et enfile son costume de rappeuse, pour nous livrer une des meilleures pièces de l’album, qui se clôture avec un « Don’t watch me cry » qui a une touche nostalgique particulièrement vibrante.

Quel premier jet que nous propose avec Lost & Found la chanteuse Jorja SMITH ! Un condensé de fraîcheur, de nostalgie et d’inattendu. Impossible de ne pas voir le regard bienveillant de Lauryn HILL sur ses épaules, mais c’est ce qui fait son charme et la rend plus forte, car elle a pris de ses inspirations pour créer son propre style. Affaire à suivre très sérieusement.