DAMSO est en ascension constante depuis son premier album. Amené sous le feu des projecteurs par BOOBA grâce à une collaboration, le rappeur belge convainc tous les auditeurs francophones à travers des textes parfois crus, parfois poétiques, mais toujours écrits avec une plume digne des plus beaux noms du rap. Troisième album, Lithopédion signifie le fœtus dont le développement finalisé se verra être mort sans avoir été expulsé. Cela montre la vision sombre du rappeur, qui doit certainement voir en ce mot une analogie envers sa carrière qui bien que lancée aurait pu ne jamais voir le jour.

La capacité principale de DAMSO est d’être à l’aise sur chaque mélodie, les productions ne lui posent aucune barrière tant il manie aussi bien le chant que le rap. C’est ainsi que le rappeur va nous proposer en guise d’introduction un rap très incisif et agressif sur un piano léger, tandis que le titre « Festival De Rêves » nous apporte une ambiance planante à travers laquelle le rappeur enfile sa casquette de chanteur. Il explique en interview que c’est le morceau qui lui a posé le plus de difficultés à enregistrer dans l’album, car il a écrit le texte sous forme de palindrome pour permettre de le lire dans les deux sens, soit pour le terminer avec la drogue, soit avec la mort. DAMSO va continuer à pousser sa voix de chanteur sur « Silence », morceau en collaboration avec la chanteuse belge ANGELE, très réussi grâce à des paroles et une interprétation proche de la perfection tandis que la production gérée par la chanteuse est fort soignée. Le rappeur nous propose un morceau assez déconcertant avec « Julien » qui aborde les thèmes du suicide, de la pédophilie entre autres à travers un storytelling franchement réussi.

DAMSO va bien évidemment nous prouver sur cet album toutes ses qualités de rappeur aussi. Cela se remarque directement sur « Feu De Bois », morceau pourvu d’une grande technique d’interprétation qui est lui aussi une réussite de production. Accompagnez vous du texte écrit si vous voulez comprendre toutes les paroles, car le rappeur belge débite à une vitesse affolante et l’écriture est fignolée de telle sorte que la compréhension n’est pas des plus aisées. Sur « Smog » également, titre choisi en tant que single, DAMSO attaque la production avec une simplicité déconcertante, et son interprétation en fait automatiquement un morceau calibré pour plaire à l’écoute. Le rappeur va critiquer la société avec toute la sincérité dont il peut faire preuve sur « Baltringue », ce qui en fait un morceau plutôt réussi même si pas le plus marquant de l’album.
Sur « Même issue », DAMSO me donne raison en prouvant que l’instrumentale choisie importe peu sur l’interprétation qu’il nous propose, qui saura presque à chaque morceau toucher dans le mille. En effet la mélodie très rythmée à la guitare ne nous empêche pas d’apprécier le morceau, tout comme sur « Dix Leurre », franche réussite lui aussi. La lassitude que l’on peut ressentir sur « NMI » un peu en deçà de la qualité générale de l’album sera rattrapée sur « Perplexe » où DAMSO tente de dédramatiser le fait qu’il ait trompé sa compagne. Les morceaux « 60 années », « Aux Paradis » ou encore « Noir meilleur » font preuve d’une qualité indéniable, tandis que « William » clôture l’album avec une sincérité de la preuve de DAMSO qui se révèle agréable à écouter. La piste supplémentaire bonus qu’est « Ipséité » avait déjà été révélée par le passé mais sa présence nous fait le plus grand plaisir, car c’est une grande réussite.

Lithopédion est une réussite. Dans la continuité d’une carrière qui est entrain de solidifier une base très solide, cet album se révèle être rempli de bonnes idées que le rappeur DAMSO met en avant par une interprétation affolante de technique et de réussite.