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1968 Get It On

PACIFIC GAS & ELECTRIC - Get It On (1968)
Par LE KINGBEE le 11 Août 2018          Consultée 1131 fois

On est en 1967, une belle année : le Général de Gaulle prononce le discours « Vive le Québec libre », La Guerre du Biafra débute, celle des Six Jours prend le relai, le Ché se prend deux cartouches, Detroit s’enflamme suite aux émeutes, le pétrolier Torrey Canyon vient polluer nos côtes, John COLTRANE et Spencer Tracy passent à trépas. Musicalement, PROCOL HARUM grave « A Wither Shade Of Pale », les HERMAN’S HERMITS refusent de siroter leur lait, DUTRONC s’accoquine avec des Cactus, Sandy SHAW triomphe à l’Eurovision avec « Puppet On A String ». Inch Allah, comme le chante ADAMO. Tout va bien.

Du côté de Los Angeles, le guitariste Tom Marshall rencontre le bassiste Brent Block, musicien tout aussi obscur. Les deux gars décident de monter un groupe, activité beaucoup plus pépère que la Guerre du Vietnam ou le travail à la chaîne. Nos deux gus sont rejoints par Charlie Allen, un modeste batteur que ses copains expédient rapidement au micro tant il est bon, et par le guitariste Glenn Schwartz qui vient de se faire virer du James Gang remplacé par Joe Walsh. Frank Cook en provenance de CANNED HEAT devait s’occuper du groupe comme manager remplace alors Charlie aux baguettes.

Le groupe se fait les dents en écumant les scènes de la côte ouest et enregistre un premier single pour le petit label Power avec « Wade In The Water » couplé à « Live Love ». La formation se produit alors sous le nom de PACIFIC GAS & ELECTRIC BAND, appellation étrange reprenant celle d’un consortium américain spécialisé dans l’énergie. Ce premier single est aussitôt réédité par Bright Orange, micro filiale de Power Records. Le single ne connaît qu’un succès d’estime, mais le groupe a le vent en poupe : fin 68, il enregistre son premier album « Get It On », édité dans un premier temps par Power Records et Bright Orange, et fait un carton lors de son passage au Miami Pop Festival en décembre, attirant ainsi la convoitise de la Columbia.
« Get It On » est racheté par Kent, filiale du label de R&B Modern, mais le groupe n’en tire que de faibles bénéfices, étant alors embauché par Columbia. Kent laisse tomber la promotion de sa réédition. CQFD, on ne paye pas pour un groupe parti chez un gros concurrent. En 1969, le disque est réédité par le label suédois Sonet bien implanté en Europe mais n’intègre jamais le moindre classement.

Pile poil un demi-siècle après sa sortie, on peut se demander pourquoi ce disque n’a pas connu un plus grand succès. Une faible promotion, un label minuscule et un répertoire s’orientant dans la même vague qu’une fourmilière de groupes alors en gestation demeurent les principales raisons de cet échec. Aujourd’hui encore, on peut s’étonner que certains gros sites se consacrant au Rock 70’s proposent un parallèle avec MC5, The Young Rascals et P G & E. La sonorité et les orientations entre ces trois groupes demeurent totalement différentes, PACIFIC GAS étant nettement plus bluesy que ses concurrents. En fait, en dehors de l’époque et du pays d’origine, il n’y a strictement aucun lien entre eux.

En ouverture, « The Hunter », œuvre de Booker T. & The MG’s, groupe attitré de la maison Stax, place la formation dans la bonne direction, celle d’un blues musclé respectueuse des codes. Bien sûr, les puristes se tourneront probablement vers la version postérieure d’Albert KING mais celle offerte par nos musiciens électriciens n’a rien à envier aux entreprises d’Ike et Tina TURNER, FREE, ou Paul Rodgers. « Jelly, Jelly »⃰, un blues lent dépassant les six minutes se boit comme du petit lait. Qui en 1968 osait reprendre un hit mineur du grand James COTTON ?
N’allez pas croire que P.G. & E ne fait que dans la reprise Blues ou Baba. Leur compo « Long Handled Shovel » si elle reprend des passages de textes liés au Chicago Blues nous expédie en plein Blues Rock sixties aux confins du Rock Psyché. Autre compo, « Stormy Times » sert de pont entre T. Bone Walker et le West Coast Blues (blanc et rock). Second titre à être apparu en single, « Live Love », une compo de Tom Marshall, témoigne de la fraîcheur mais aussi de la jeunesse du groupe. Un titre sans grand intérêt qui sert d’étalonnage en matière de progression.

Quand j’écrivais plus haut qu’il n’y avait aucune similitude entre MC 5 et nos électriciens gaziers, j’exagérais un poil, le groupe reprenant « The Motor City Is Burning » du band de Detroit. Si le morceau fut longtemps repris par John Lee HOOKER, bluesman de cette même Motor City, les cinq Californiens nous en proposent une version de presque 7 minutes sous forme de slow blues efficace.

Les frontières entre Blues, Rock et Soul sont parfois plus minces qu’il n’y paraît, la preuve avec « Cry Cry Cry »⃰ ⃰, une tuerie Soul de Deadric Malone (pseudo de Don Robey) popularisée dès 60 par Bobby BLAND. Si certains risquent de s’accrocher à la voix noire de Bobby « Blue » BLAND ou à celle de Geater Davis également repreneur du titre, le timbre de Charlie Allen colle parfaitement au morceau, il faut admettre que le bon Charlie était le seul membre afro-américain du groupe.
Gros standard de la bien pensante Amérique, « Wade In The Water » un negro spiritual, œuvre probable du Fisk Jubilee Singers, a été repris à toutes les sauces. Si le Sunset Four Jubilee Singers a gravé le titre pour la première fois en 1925, cette ode au pouvoir de l’eau a connu moult versions. On se rappelle généralement les versions de Big Mama Thornton, des Staples Singers ou des Blind Boys Of Alabama. L’essai du groupe s’avère totalement convaincant avec plein de breaks, de nuances, de changement de tons et un chant plein de verve qui n’en rajoute pas. On peut penser que Glenn Schwartz, futur membre de l’All Saved Freak Band, une troupe alliant Rock et évangiles, était l’instigateur de cette reprise.

Si certains sites spécialisés préconisent « Are You Ready ? » publié deux ans plus tard par la Columbia, un disque contenant le plus gros succès (en termes de ventes et de charts) du groupe, notre préférence se porte sur ce premier jet. Maintenant, avouons que la formation vaut essentiellement pour le chanteur Charlie Allen et le fulgurant Schwartz qui ne tardera pas à endosser la soutane. Deux ans après son premier disque, seuls le bassiste et le chanteur seront encore de la partie.

⃰Titre homonyme à celui du trompettiste chef d’orchestre. Billy Eckstine.
⃰⃰Titre homonyme à celui de Johnny Cash & The Tennessee Two gravé en 1955 pour Sun Records.

A titre informel, en 1970, le groupe (ce qu’il en reste) est au générique du film « Dis-moi que tu m’aimes, Junie Moon » un drame d’Otto Preminger. Cette chronique provient de l’écoute du vinyle Sonet et du CD édité par Big Beat en 2008 sous le titre « Get It On – The Kent Records Sessions » comportant six versions alternatives et trois bonus. Bien que n’ayant jamais vu les publications Power et Bright Orange, ces disques se négocient en ce moment aux environs des 240 €.

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   LE KINGBEE

 
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- Charlie Allen (chant)
- Glenn Schwartz (guitare)
- Tom Marshall (guitare)
- Brent Block (basse)
- Frank Cook (batterie)
- Joe Sample (piano 3, orgue 8)


1. The Hunter.
2. Long Handled Shovel.
3. Jelly, Jelly.
4. Stormy Times.
5. Live Love.
6. Wade In The Water.
7. Cry Cry Cry.
8. Motor City's Burning.



             



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