La carrière du rappeur venu de Montpellier se solidifie petit à petit. Les nombreux projets qu’il a proposés et dont il a fait part sont des réussites, notamment ses apparitions sur l’exercice Poignée de Punchline que l’on peut retrouver sur les réseaux. Il n’en n’est plus à son coup d’essai et précédemment il a réussi à nous convaincre grâce à ses albums 42 grammes et Les preuves du temps. Ici, nous allons parler de son projet Boombap 2.0, nouvelle galette proposée par un rappeur qui va à contre-courant du mouvement artistique hip-hop actuel.

Avec LACRAPS, ne vous attendez pas à du rap storytelling ni à de l’égotrip. Le rappeur nous parle juste de vécu, de réalités. C’est un bon, et un mauvais point. En effet, sur quelques morceaux on ressent que les textes n’ont pas vraiment de fil conducteur. Mais cela n’enlève rien à la qualité générale de cet album bien loin d’être décevant.
Le titre de l’album fait directement référence au style de musique boombap, qui veut mettre l’accent sur les percussions, et l’introduction de NIZI – le producteur de l’album entier – nous donne un bon aperçu du contenu qui va suivre. Alors, quand LACRAPS arrive au micro sur « L’enfer c’est », on comprend directement que le style boombap convient parfaitement à sa façon de rapper. Difficile de ne pas apprécier « 1000 ratures », premier extrait de l’album. Le rappeur réussit à faire un refrain convaincant. L’intensité de « Oublié » à la mélodie incisive en fait un des bons morceaux de l’opus.
LACRAPS y réédite le recours au vocodeur qu’il avait commencé à appréhender sur le projet Bootleg Vol.1. Si son utilisation est parfois plutôt réussie comme dans le refrain de « Dans la mêlée », le rappeur dans « Mi Amor » l'utilise beaucoup trop, ce qui est fort dommage car le refrain de cette chanson est très sympathique.

Le point négatif de cet album est de garder le même visage tout le long, sans vraiment de rebondissements ni de surprises. Effectivement, l’apparition de FURAX dans « Dans la marge » où il assure un refrain énorme et un couplet dantesque fait du bien à un album qui perd progressivement en efficacité. L’efficacité générale de « Mes Larmes » en fait un morceau à retenir tant le rappeur sait convaincre par ses qualités techniques. Mais après une écoute entière du projet, on ressort avec l’impression d’avoir écouté un bon album sans avoir retenu de chanson précise.
Sur l’édition deluxe, sortie quelques mois après l’édition normale, le rappeur nous propose « Wanted Seeds » qu’il avait auparavant mise en ligne sur les réseaux, morceau convaincant, accompagné de « FR-UK Connection » qui n’a pas vraiment retenu mon attention et de « Pas d’humeur » en duo avec STARLINE.

LACRAPS gagnerait clairement à diversifier ses productions et ses textes. Le rappeur possède une technique folle et une éloquence qui lui permettra sans aucun doute de convaincre à plus grande échelle la scène française lorsqu’il aura élargi son horizon musical. En attendant, il propose avec Boombap 2.0 un projet assez mou dans l'ensemble, en deçà des moutures qu'il avait jusqu'ici réalisées.