Si le monde du hip-hop est prêt à accueillir du plus talentueux artiste au plus loufoque inconnu, c’est bien parce que c’est l’expression qui prime. Le hip-hop c’est un mouvement, une culture, un art, qui s’exprime autant qu’il se vit. Imaginez donc ma réaction quand j’apprends que l’un des joueurs que je suis en NBA (Ligue nationale de Basket Américaine) mène une double vie de rappeur. Je dois l’avouer, ce n’est pas un de mes joueurs préférés, pour les néophytes je me contenterais de dire qu’il n’est pas du calibre de Michael Jordan. Parenthèse sportive passée, le basketteur converti en rappeur nous propose donc avec Born 2 Ball sa première mixtape.

Lonzo BALL, c’est un gars plein de charisme, qui ne va pas avoir trop de mal à convaincre en tant que rappeur. Il va tout le long de l’album se contenter de reprendre les codes très usés du rap actuel pour en faire une musique totalement prévisible. Ceci étant, il faut reconnaître certaines qualités.

Il y a beaucoup de basse. Pas mal de vocodeur. Très peu de mélodie, et aucun véritable instrument me semble-t-il. On se contente donc ici de créer des musiques assez basiques via un synthé, un logiciel de mao tout ce qu’il y a de plus classique et roulez jeunesse. On remarquera l’effort d’interprétation du rappeur sur le titre « Get Off » qui se révèle être le plus efficace de l’album grâce à un refrain entêtant et franchement bien exécuté. Le rappeur nous ressort les mêmes idées positives sur « BBB », un morceau dédié à sa famille, qui a créé en BBB la marque Big Baller Brand. Pour comprendre un peu mieux cela il faut se mettre dans la peau d’un américain qui consomme les médias, qui aime le sport, qui apprend à connaitre le père de notre rappeur Lavar Ball, un homme d’affaires impressionnant qui a projeté toute la famille. Un morceau lui sera dédié, « LaVar », une des réussites de l’album, plein de vérité même si toujours et encore dans la compétition – surement encore plus car le rappeur est un sportif.

Au-delà des titres qui sortent du lot, on trouve « Grind Mode » très terne mais plutôt réussi car il trouvera facilement sa place dans nos soirées animées de l’été. La présence d’un morceau nommé « Super Saiyan » nous rappelle une fois de plus l’impact que Songoku et Vegeta ont eu dans le monde du hip-hop, cependant il n’arrive pas à rendre hommage au classique qu’est Dragon Ball. Les paroles comparent son attitude de basketteur à une transformation en Super Saiyan des grands moments, la métaphore est donc louable mais le morceau a malheureusement une instrumentale fort terne qui n’arrive pas à nous tenir en haleine. D'autres petites réussites, comme « Better » qui se laisse écouter, ou « LAML » qui se veut épique mais reste finalement bien moyen, « Bring It Home » assez satisfaisant, et enfin un « ZO2 » aux allures de tube. Pour ce qui est du reste de la mixtape, les titres s’enchaînent et on ne voit pas vraiment de différence entre chaque morceau.

Le basketteur a osé tenter des choses derrière un micro, et rien que pour cela il force le respect. Une mixtape complète, qui a le mérite de ne pas partir dans tous les sens comme certaines productions américaines. Mais voilà, pour le moment il va falloir se contenter d’une mince poignée de morceaux de qualité, et c’est trop peu pour considérer cette mixtape comme étant essentielle. Lonzo BALL va, s’il continue sa carrière de rappeur comme je l’espère, nous sortir de meilleures productions en apprenant de ses erreurs, principalement en diversifiant ses thèmes, trop centrés autour du ballon orange. L'album écope d'un 2/5, qui aurait pu aussi bien être noté un cran au dessus ou un cran en dessous, bien qu'il ne soit ni médiocre ni particulièrement fort.