Kanye WEST est fou. « Name a genius that ain’t crazy », dit-il dans une des chansons de son dernier album The Life of Pablo. Après Yeezus, qui avait bluffé toutes les critiques par son côté inattendu et novateur, le rappeur américain revient en trombe avec un album qui a – encore une fois – fait l’objet d’une communication pour le moins étrange, basée sur quelques tweets, quelques faux titres, beaucoup de fausses annonces, pour une sortie censée être exclusive à Tidal, plateforme créée par JAY-Z et compères pour concurrencer les géants Spotify & Deezer.

Ceci étant, The Life of Pablo montre sa tête tout de même. Difficile de se le procurer, obligé de faire son mois gratuit sur Tidal pour pouvoir l’écouter légalement… pas top la technique. Mais venons-en au fait. Cet album est génial. Un foutoir bourré de génie.

C’est un album de rap/soul, teinté de gospel comme le prouve d'emblée le premier titre "Ultralight Beam" qui frôle la perfection sur le plan de la composition, aussi bien des chœurs sur les refrains, le chant de Kanye WEST que les quelques instruments qui accompagnent CHANCE THE RAPPER lors du dernier couplet. Un morceau sur les croyances, la dévotion que l’on peut nourrir en Dieu et la relation du rappeur avec cela.
"Ultralight Beam" est une introduction à un album magnifique. Si on trouve bien entendu des morceaux un peu plus prévisibles comme "Father Stretch My Hands Pt. 1 & 2", tout le reste est construit avec une intelligence qui nous prouve que Kanye WEST est loin d’être le niais prétentieux qu’il veut laisser paraitre lors des interviews et apparitions tv. L’apparition de RIHANNA sur "Famous" fait aussi partie de mes coups de cœurs. La chanteuse a une voix sublime sur ce morceau, et même si Kanye WEST se la joue égo-trip, comme sur "I Love Kanye", petit interlude assez comique.
L’album ne perd pas en couleurs au fil des morceaux, c’est même peut-être le contraire. Un Chris BROWN vient épauler le rappeur sur "Waves", aux teintes épiques et calibré pour le live. "Real Friends", bien que déjà connu avant la sortie de l’album, est une petite pépite avec des basses qui font vibrer le corps, un rap maitrisé et toujours plus perfectionné.
"Wolves" est mon coup de cœur de l’album, grâce à son instru qui m’a fait bondir la première fois, qui m’a foutu les larmes aux yeux la seconde fois et qui ne me laisse pas de marbre depuis. Un morceau magnifique, avec une utilisation très juste de l’autotune (sujet que Kanye WEST maitrise depuis son album 808’ Heartbreak). Si Kanye nous fait vivre le grand moment de rap de "FML", il est très faible par rapport au grand "No More Parties In LA", en collaboration avec Kendrick LAMAR, qui est une référence au rap des années 80 aux Usa. Les deux rappeurs bluffent par une prestation de folie, et je demande à voir une version live de la même trempe.
Sur "Facts", le rappeur clame haut et fort sa dévotion à l’équipe Adidas, avec un rap de qualité encore une fois, qui arrive à varier de façon à être agressif tout en ayant du flow. Le dernier morceau de l’album, "Fade", est très groovy avec ses basses dansantes, pour donner une touche éclairée à cet album.

The Life of Pablo est un album en demi-teinte. Parfois sombre, parfois positif, la seule chose qu’on peut lui reprocher est de ne pas avoir de fil conducteur – peut-être le reflet de l’esprit de Kanye WEST ? Hormis cela, la plupart des morceaux sont bons, voire très bons, ce qui en fait un des albums phares de 2016.