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The CONSOLERS - The Consolers Collection 1952-62 (2014)
Par LE KINGBEE le 16 Octobre 2018          Consultée 1099 fois

Si on voulait paraphraser un célèbre film de Woody Allen, ce double CD pourrait s’intituler : « Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les CONSOLERS sans jamais avoir osé le demander ». Le label anglais Acrobat propose ici 37 titres de ce duo atypique (durée 1H40 de musique). Partenaires sur scène comme à la ville, Sullivan et Iola Pugh connurent une riche carrière couronnée par de nombreuses ventes de disques. Peu connu dans notre contrée, ce duo peut se targuer de figurer parmi les plus gros vendeurs de disques de Gospel pendant près de quatre décennies.

Les choses ne s’annonçaient pas sous le meilleur hospice pour le jeune Sullivan. Né en 1925 dans une bourgade de Floride, il perd sa mère à un an, victime d’un ouragan (the great Miami hurricane). Le bébé est alors adopté avec son frère James et sa sœur Essie par un couple floridien Jales et Virgina Pugh. Il s’intéresse très tôt à la musique et joue très vite dans l’église où prie sa nouvelle famille le dimanche. Iola Lewis n’aura guère plus de chance. Originaire d’un bled paumé de l’Alabama, Iola, la troisième d’une famille comptant quatre filles perd sa mère à trois ans et est élevée par sa grand-mère maternelle. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, Iola connaîtra une enfance heureuse, elle ira à l’université et rejoindra son père à Miami en 1947. C’est là qu’elle débute au sein du Miami Gospel Singers, un petit ensemble de Gospel et qu’elle rencontrera Sullivan deux ans plus tard. Iola convole en juste noce en 1950 et devient alors Madame Pugh.

Le jeune couple s’associe brièvement avec Perle Nance Rayford, le trio se produisant sous le nom des Miami Soul Stirrers. L’ensemble enregistre alors 2 78 tours pour le label Glory d’Henri Stone, futur patron du label T.K. qui lancera le groupe de Disco Soul KC & The Sunshine Band. En 1953, alors que Sullivan Pugh se lance activement dans la composition, le trio devenu duo grave un 78 tours pour Deluxe, filiale de King Records sous le nom des Spiritual Consolers, mais le single ne connait aucun succès et Syd Nathan décide de ne pas poursuivre l’aventure.
C’est en 1955 que l’aventure commence véritablement pour le couple Pugh avec un contrat avec le label de Nashville Nashboro dirigé par Ernie Young. Homme d’affaire et propriétaire d’un magasin de disques, Young s’intéresse au Gospel, son label a enregistré Edna Gallmon Cooke, le Swanee Quintet, les Skylarks et Prof. Harold Boggs et est à la recherche de nouveaux talents. Le répertoire rustique du couple qui se produit maintenant sous le nom des CONSOLERS intéresse Ernie Young. On est ici chez les péquenots qu’on le veuille ou non, en plein territoire Hillbilly et Young demeure assez friand des tonalités à la Blind Willie McTell. Cette collaboration entre les Consolers et le label Nashboro restera des plus fructueuse, le duo enregistrant un total de 23 singles et 15 albums auxquels il convient de rajouter 4 compilations éditées en CD. Une belle aventure qui se poursuivra jusqu’à la fin des eighties, Nashboro étant racheté par AVI Records. Le couple poursuivra sa route chez Savoy, Atlanta International Records et enfin avec un dernier disque publié en 1994 par Benson Records. Après huit semaines de concerts dans l’Ouest du pays, Iola décède des suites de son diabète.
Sullivan Pugh va se remarier avec une enseignante, l’abstinence n’ayant rien de bon chez les « Brothers » et se produira en solo sporadiquement tout en se consacrant à des œuvres caritatives et à la First Born Chuch of the Living God de Miami, la paroisse de son enfance. Le guitariste rejoindra Iola le 30 décembre 2010.

Contrairement à ce que propose la grande majorité des labels anglais, Acrobat respecte ici une chronologie ferme. Les faces Glory, DeLuxe et les 14 premiers singles Nashboro sont regroupés pour la première fois dans un même recueil. Le compilateur agrémente cette riche période par trois titres issus du premier disque « Give me my Flowers » non parus en single. C’est donc une véritable anthologie qui nous est présentée ici. Le suivi chronologique permet à l’auditeur de se rendre compte de l’évolution minime de leur répertoire.
Pour schématiser, les Consolers constituent le chainon manquant entre le Gospel roots du couple McTell (Kate et Blind Willie) marqué par le Blues et le Folk, Radio Four et enfin les Staple Singers. Sullivan Pugh est un adepte de la guitare à plat, à la manière des grands guitaristes hawaïens (Sol Hoopi, Benni Nawahi) mais la comparaison s’arrête là, Pugh jouant principalement en fingerpicking sur une guitare distordue et plus ou moins bien accordée. Le chant d’Iola tout en décalage vient se greffer sur celui de son mari comme une sorte de puissante interférence.

Ne nous leurrons pas, au niveau des textes il est ici question de Sainte Trinité, du Père, du Fils, du Saint Esprit, de pain, d’eau, de baptême, de la Résurrection, de vie éternelle et de tout un tas de concepts baptistes. Mais il n’est pas nécessaire de croire dans ces notions bibliques pour se laisser emporter par le rythme et la puissance des chants. La plupart du temps, c’est un accompagnement minimaliste auquel on est confronté. En dehors de la guitare, il a parfois que battements de mains ou l’apparition du piano ou d’un guide-chant sur de rares titres, mais cette austérité est compensée par la force et la robustesse des deux voix qui ne s’en laissent jamais compter.

A mesure que les pistes défilent, on découvre certains refrains rentrés dans l’inconscient collectifs. Le duo reprend ainsi plusieurs chants issus du traditionnel : « Wade In The Water », un negro spiritual des Fisk Jubilee Singers repris au fil des années par des nombreux quartets religieux jusqu’à Harvey Mandel, The Fine Young Cannibals et plus récemment par le Tedeshi Trucks Band, une invitation à baigner sa progéniture. « Fix me Jesus », un véritable sermon dans lequel Perle et Iola ne cessent se relancer leur foi envers le Seigneur, connaitra diverses variantes via Queen Latifah ou Bobby McFerrin. La ferveur semble déborder sur plus d’un titre : « How Long Has it Been you’ve Been Home » délivré en deux versions (la 1ère avec Perle Nance-Rayford, la seconde d’un titre gravé en 1961). La chanteuse Shirley Caesar reprendra le sermon à sa sauce le transformant en hit religieux au milieu des seventies. « Give me my Flowers », future reprise de James Cleveland, évoque la rencontre entre Sullivan et Iola. Enfin comment ne pas attribuer une mention à « It May Be the Last Time », titre repris entre autre par les Staple Singers, Bessie Jones et les Blind Boys of Alabama et qui aura influencé le « Last Time » des ROLLING STONES et « Maybe the Last Time » de James Brown.

« Waiting for my Child », le dernier et seul succès du duo en dehors du circuit Gospel, ne figure pas ici puisqu’enregistré en 1964. Mais le version originale explique à elle seule l’engouement et la ferveur que pouvait diffuser le couple. Les futures versions de Pops Staples, Patty Griffin ou de Mavis Staples se situent un cran en dessous.

Il n’est pas nécessaire d’être une grenouille de bénitier ou d’aller se faire fondre une hostie lors de la messe du dimanche pour apprécier une telle ferveur, même si finalement elle ne produit sur vous aucun effet en dehors du plaisir sonore. Signalons que le CD est agrémenté d’un livret intérieur de 22 pages dont un épilogue rédigé par Eli « Paperboy » Reed, comme quoi les voies du Seigneurs sont souvent impénétrables. Une excellente anthologie, soignée et bien conçue idéale pour découvrir l’un des duos majeurs de l’âge d’or du Gospel. Rien à voir avec Nicoletta, Jeane Manson ou le Gospel pour 100 Voix, là nous ne sommes pas sur la même planète.

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   LE KINGBEE

 
  N/A



- Sullivan Pugh (chant, guitare)
- Iola Pugh (chant, tambourin, percussions)
- Perle Nance Rayford (chant 1-2-3-4)


1. My Soul Can't Rest Contented
2. Jesus Precious King
3. For Ever And Ever
4. Fix Me Jesus
5. Wade In The Water
6. How Long Has It Been Since You’ve Been Home
7. Nobody Knows
8. Give Me My Flowers
9. I Cried To The Lord
10. I’m Gonna Use Just What I Got
11. Let Jesus Come In
12. I Remember The Bridge
13. Revival Time
14. When Others Fail
15. I Shall Not Want
16. Glad To Be In The Number
17. It May Be The Last Time
18. God Will Take Care
19. Help Me To Understand
20. Every Christian Mother
21. Another Days’ Journey
22. Some Sweet Day After A While
23. Never Could Have Made It Pt1
24. Never Could Have Made It Pt2
25. By The Help Of The Lord
26. Almighty God
27. I Know What It Means
28. After The Clouds Roll Away
29. Goin’ Across The River
30. Glory Land
31. Waiting At The River
32. Say A Prayer For Me
33. Over Yonder
34. God Makes No Mistakes
35. How Long Has It Been Since You’ve Been Home
36. Long Long Journey
37. My Soul's Salvation



             



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