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SAVOY BROWN - Street Corner Talking (1971)
Par LE KINGBEE le 19 Novembre 2018          Consultée 1797 fois

Le temps passe à une allure folle, nous sommes en 1971 et SAVOY BROWN met en boite son septième disque. Mais que de changements ! Lonesome Peverett, Roger Earle et Tony Stephens quittent le bateau pour monter FOGHAT.

Kim Simmonds se retrouve dans l’obligation de recruter, le guitariste ayant signé un contrat juteux pour une tournée américaine en février avec The FACES. Aux States, le guitariste embauche à la hâte la section rythmique de Blodwyn Pig, Andy Pyle et Ron Berg, le chanteur Pete Scott et l’organiste guitariste Paul Raymond. (futur UFO, Michael SCHENKER) Jugeant sa nouvelle équipe trop audacieuse et trop risquée, Simmonds rechange son groupe dès son retour en Angleterre. Cette fois il profite de la refonte de CHICKEN SHACK, la formation de Stan Webb, s’adjoignant les services du bassiste Andy Silvester (futur Big Town Playboys, groupe de Mike Sanchez), du batteur Dave Bidwell (décédé en 77 d’une overdose) du chanteur Dave Walker (ex Redcaps et Idle Race), seul Paul Raymond reste. Silvester et Bidwell se sont côtoyés au sein de CHICKE N SHACK mais aussi au sein du Martha Velez Band et forme une section efficace.

Après s’être fait les dents lors d’une tournée regroupant The Grease Band, ancien groupe de Joe COCKER, Savoy Brown, énième mouture, est expédié en septembre à l’Olympic Studio et placé sous la houlette de Neil Slaven, producteur et grand ami de Simmonds.
Si l’album se révèle encore une fois assez personnel avec cinq nouvelles chansons pour deux reprises, c’est la pochette qui frappe en premier lieu avec une double illustration genre bande dessinée de David Ansley⃰, un dessinateur auteur de plusieurs pochettes cultes pour Decca et illustrateur de deux visuels précédents « Blue Matter » et « Looking In ». Le dessin présenté sous forme de double pochette est un clin d’œil au titre de l’album avec cette représentation de la vie quotidienne, à travers une série de personnages clefs allant du bobby londonien, au bookmaker en passant par la mère de famille allant faire ses courses, au caïd local, des gamins, sans oublier deux prostituées (une blonde , une brune pour faire bonne mesure) et divers zigotos.

« Tell Mama » met les choses au point dès le départ, l’emploi de deux guitares (Paul Raymond laissant tomber ses ivoires sur ce titre pour les cordes) lance le disque sur de bons rails. La guitare rythmique venant en contrepoint de la slide de Kim Simmonds. « Let It Rock », titre homonyme au hit de Chuck BERRY, introduit le piano tandis que Raymond succède à Dave Walker au micro. La section basse batterie impulse une sonorité plus américanisée, le piano mélodique permet de mettre au diapason la guitare de Simmonds comme en atteste « Time Does Tell », un titre qui pourrait s’inscrire dans le répertoire de FLEETWOOD MAC

La face B s’ouvre avec « Street Corner Talking », un Rock seventies patiné de Blues avec en fond un subtil nappage d’orgue et une guitare qui s’offre de bons solos percutants et stridents. « All I Can Do », une ballade mid tempo de presque 11 minutes constitue de par sa construction et sa ligne mélodique le moment fort du disque, la guitare nous faisant parcourir toutes sortes d’ambiances avec pour résultat une infusion sophistiquée dont les principaux ingrédients restent bien en bouche.

Deux reprises, une par face, viennent compléter le disque : « Wang Dang Doodle », œuvre de Willie DIXON popularisée par le Loup Hurlant (Howlin’ Wolf) et Koko TAYLOR. Le groupe nous délivre une longue et gouleyante version dépassant les 7 minutes pour tout dire plus groovy que celle antérieure de Love Sculpture groupe de Dave EDMUNDS. Le second emprunt provient de la Soul avec « I Can’t Get Next To You », un ancien Number One US des TEMPTATIONS. Si certains lui préfèreront avec justesse la reprise d’Al GREEN, les plus jeunes auront en mémoire les covers plus récentes (mais aussi plus discutables) de TOTO, Annie LENNOX ou Boyz Nite Out. Toujours est-il que Savoy Brown parvenait ici à faire le pont entre idéalisme psychédélique à la sauce Soul, cher à Norman Whitfield, et Heavy Blues seventies.

Si ce disque ne marque pas une grosse rupture avec ses prédécesseurs, il reste comme le premier dans lequel figure le chanteur Dave Walker. La grande thématique de l’époque consistait à opposer Walker, chanteur à la voix bluesy et chaleureuse, à Chris Youlden, parti en quête d’une carrière solo. Mais rappelez vous, derrière le nom de SAVOY BROWN se cache la guitare et la créativité d’un seul homme, Kim Simmonds.

Si vous discutez au coin de la rue avec un amateur de British Blues, il est possible que cet album ressorte positivement parmi la longue liste des disques du groupe. La production n’a pas pris trop de rides, le répertoire n’a pas trop vieilli et demeure cohérent, il ne manque ici qu’un tube permettant au groupe de passer sur les ondes, alors que « Tell Mama », proche de CREEDENCE CLEARWATER REVIVAL, avait tout pour décrocher une place au soleil dans les radios de l’époque.

Réédité à maintes reprises, ce disque a fait l'objet d'une publication en 2004 via Dorsey Records agrémentée de cinq titres issus de l'album "Live and Kichen" et de la version single de "Tell Mama". Cette chronique provient de l'écoute des vinyles Decca pressages français et anglais.

⃰ David Ansley, dessinateur, illustrateur, designer principalement pour Decca et Deram se fera ensuite connaitre via certaines pochettes de groupes en vogue : 10 CC, CAMEL, CARAVAN, KHAN. David Ansley est également le créateur de maintes pochettes de disques de musique classique édités par Decca.

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   LE KINGBEE

 
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- Kim Simmonds (guitare)
- Paul Raymond (clavier, guitare 1, chant 2)
- Dave Walker (chant)
- Andy Silvester (basse)
- Dave Bidwell (batterie)


1. Tell Mama
2. Let It Rock
3. I Can't Get Next To You
4. Time Does Tell
5. Street Corner Talking
6. All I Can Do
7. Wang Dang Doodle



             



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