DELTA MOON est un groupe d’Atlanta qui existe depuis 2002 et qui sort cette année son dixième album. Le nom du groupe est venu à l’esprit de Mark Johnson, cofondateur avec l’autre guitariste Tom Gray ; à l’occasion d’un pèlerinage à la cabane de Muddy WATERS près de Clarksdale, dans le Mississippi, quand une pleine lune brillante a illuminé l’autoroute. Les deux gaillards ont un look de professeurs d’université, mais avec une guitare entre les mains ils nous transportent sur les rives du blues. Assez souvent, ils jouent en Europe mais sont venus de trop rares fois en France, la première en 2014 au Terri’Thouars Blues à l’initiative de l’ami Erik, le boss du festival, grand défricheur de bons groupes devant l’éternel.

Babylon Is Falling est composé de six originaux et cinq reprises enregistrés dans les studios Diamond Street et Vick Stafford de Marlon Patton et mixé par Jeff Bakos. Il démarre avec l’excellent "Long Way To Go", une belle chanson écrite par Gray suivi par le traditionnel "Babylon Is Falling" avec Marlon Patton à la batterie. "One More Heartache", le classique de Motown de Marvin GAYE sorti en 1966 (écrit par Smokey ROBINSON & MIRACLES) est une surprise car le groupe s’aventure rarement dans ces morceaux mi-tempo qui sentent le bayou. On retrouve les belles guitares sur "Might Take A Lifetime" avant deux superbes cover : "Skinny Woman" de R.L Burnside et un hommage à Tom PETTY avec "Louisiana Rain" de l’album Damn The Torpedoes superbement interprété par Tom Grey. Au passage, on remarque que les lascars ont un goût très sûr dans leurs reprises, Tom PETTY et R.L. Burnside cela vous classe tout de suite un groupe dans la bonne catégorie.

Retour au blues avec "Little Pink Pistol" et "Nobody's Fault But Mine", rendu célèbre par LED ZEPPELIN sur l’album Presence(fi] mais écrit par Blind Willie JOHNSON en 1927, DELTA MOON transformant le morceau en un délicieux blues funky et gospel. On continue dans le blues avec un morceau du loup en personne ("Somebody In My Home" d’Howlin 'WOLF), puis un peu de boogie avec "One Mountain At A Time" et un solo superbe de Mark Johnson à la guitare, avant de terminer par "Christmas Time In New Orleans" encore du blues funky.

L’originalité du groupe provient de l’atmosphère dégagée dans les chansons et de la manière d’arranger les reprises choisies. Enormément d’influences s’intègrent dans le son, mais par exemple la reprise de Tom PETTY est jouée dans le style de DELTA MOON. Pourtant, elle est particulièrement proche de l’esprit d’origine. C’est subtil, bien mis en place, et la musique s’écoule naturellement.

C’est la force de ce groupe qui évolue dans la grande et belle cité du Sud, Atlanta, carrefour de beaucoup d’influences, celles du Deep South, celles du southern-rock, mais aussi d’une atmosphère plus urbaine, moins bucolique. La fusion de toutes ces influences donne l’inspiration à Tom et Mark pour proposer une musique particulièrement moderne mais ancré dans des traditions ancestrales superbement assimilées et revisitées.

La musique de DELTA MOON est incontestablement à découvrir, et puis il reste toujours le son absolument merveilleux des guitares et de la slide qui font décoller irrémédiablement.