Et de quatre. C'est en effet le quatrième disque que sort Mariusz Duda depuis le soudain et tragique décès de Piotr Grudzinski. Alors certes, sur 4 albums, 2 sont des E.P, et d'ailleurs si on fait le compte, ce "Waste7and" avec sa graphie particulière met bien les points sur les i : Wasteland est le septième album du groupe, reléguant Eye of the Soundscape au rang, qu'il aurait toujours dû avoir, de E.P. Et certes, 2 albums sur 4 étaient signés du nom de LUNATIC SOUL. Mais justement, là est le souci, qu'on pouvait pressentir à des kilomètres et qui ici se confirme : la fracture (pun intended) entre LUNATIC SOUL et RIVERSIDE est désormais réduite à peau de chagrin, et avec Duda prenant en charge la majorité des guitares (solos compris), les deux entités n'en forment plus qu'une. Une qui a donc sorti quatre disques, tous de durée conséquente, depuis ce funeste 21 janvier 2016.

Comprenons-nous bien : il était compréhensible, et nécessaire, que le désormais trio exorcise son chagrin et sa lourde perte au travers d'un album mémoriel, un vrai album conceptuel, "focused". Mais cette dispersion musicale récente se montre fatale à Waste7and, et s'il ne nous appartient pas de juger le travail de deuil, musicalement ce disque se montre décevant face aux monstres dont le groupe polonais s'est par le passé montré capable. Un disque qui, vous vous en doutez, ne sent pas la gaudriole. Son début et sa fin se montrent d'ailleurs assez solides et dignes d'intérêt. "The Day After" est une litanie mortuaire a capella à glacer le sang, déboulant sur un "Acid Rain" en demi-teintes : le côté prog metal se montre froid, trop mathématique, avec une batterie manquant d'humanité (le côté pataud de la batterie plombe d'ailleurs l'album de façon régulière). En revanche, le refrain est leur meilleur depuis des années, aussi épique que désespéré, la puissance mélancolique du RIVERSIDE qu'on aimait tant, renforcée par une seconde partie semi-acoustique typique et un solo lorgnant vers GILMOUR.

Le duo de fin se montre aussi à la hauteur avec un "Wasteland" long et complexe où l'on retrouve pêle-mêle des influences DEEP PURPLE, ARENA et... LUNATIC SOUL ! Mais le résultat est convaincant, bien que nécessitant un temps d'adaptation. Une chanson difficile à appréhender, l'inverse du final, le très beau piano-voix "The Night Before", solennel et respectueux, le vrai hommage que tout le monde attendait, pas parfait mais très touchant.

Malheureusement, tout le milieu de l'album se montre déséquilibré. Si "Guardian Angel", avec un chant d'outre-tombe un peu Roger WATERS et un riff acoustique (cet album est assez peu électrique au final) rappelant le ANATHEMA de la fin des 90s, se montre plutôt bon malgré sa rigidité, on ne peut pas en dire autant de "Vale of Tears", sorte de sous-MUSE (riff saccadé mêlé à des samples) dont l'agressivité heavy prog metal ne convainc à aucun moment. Sur "Lament", le violon de fin sauve les meubles après un titre trop haché pour que l'émotion trouve sa place. Quant à "Struggle for Survival", il s'agit d'un instrumental inutilement long et qui ressemble plus à une longue jam live qu'à un titre prog construit. L'ennui prédomine sur la réflexion de la condition humaine, qu'on n'aperçoit que fugacement.

Il est curieux de noter que si le style du groupe semble avoir bifurqué vers une sorte de LUNATIC SOUL bis mâtiné de pêches heavy prog, ce sont au final les chansons les plus simples, comme "River Down Below", qui font mouche. Le côté progressif à tout prix ne fonctionne pas sur ce qui est avant tout un album de recueillement, de douleur et de recherche de l'apaisement. Vous retrouverez les éléments habituels, la voix douce de Mariusz, les nombreux apartés acoustiques, la basse très mélodique, mais Waste7and porte hélas trop bien son nom : l'inspiration de RIVERSIDE est désormais un champ de bataille qu'il va falloir laisser reposer en paix avant de pouvoir reconstruire quelque chose de solide. Qu'ils s'en sortent pour de bon, c'est tout le mal qu'on puisse leur souhaiter.