Avant FANTASTIC NEGRITO il y avait Xavier Amin Dphrepaulezz. A prononcer plusieurs fois d'affilé devant votre miroir. Né au Massachusetts d'une famille musulmane avec un père extrêmement strict, ils déménagent à Oakland en Californie lorsque le jeune Xavier a 12 ans, et il finit très tôt dans la rues à enchaîner les petites arnaques et à vendre de la drogue.

Sa découverte de la musique survient avec PRINCE lorsqu'il écoute l'album Dirty Minds et découvre que l'artiste est autodidacte. Cette information le pousse à faire de même et le voilà qui s'immisce dans les cours de musique de la prestigieuse université de Berkeley sans y être étudiant pour apprendre. Après plusieurs années de galère il parvient à se rapprocher du manager de PRINCE qui lui fait signer un deal chez Interscope Records chez qui il sortira un album passé complètement inaperçu en 1996. Il n'aura pas le temps de sortir de l'anonymat puisqu'il est victime d'un grave accident de voiture en 1999 qu lui fait passer trois semaines dans le coma. A son réveil il apprend qu'Interscope l'a lâché, et le voilà qui retourne à la rue.

Il ne reviendra aux affaires qu'à partir de 2014, avec tout d'abord un album d'afro-funk qui ne fera pas grand bruit, mais avec c'est The Last Days of Oackland en 2016 qu'il commence à trouver son style et se fait remarquer. C'est pourtant avec son dernier album sorti en 2018 que les projecteurs se tournent vraiment vers lui. Please Don't Be Dead de son petit nom, de son petit nom, a eu l'infime honneur de recevoir le Grammy Awards du Meilleur Album de Blues Contemporain à la 61ème Cérémonie des Grammy Awards. Une récompense qui pourrait avoir la classe si les Grammy n 'étaient pas de la merde, mais qui a au moins permit à cet album intéressant de faire parler de lui.

Est-ce qu'intéressant rime avec excellent ? Dans notre cas oui. Ce n'est pas l'album du siècle, mais dans le genre bien troussé, il se pose là. FANTASTIC NEGRITO joue très bien au petit jeu à la mode actuellement de mélanger plusieurs siècles de musique afro-américaines : si l'on devait décrire sa musique, on pourrait dire qu'il s'agit de blues-funk avec des teintes de rap et de rock. Tout un programme, mais pour être plus concret il s'apparente à un mélange entre Gary CLARK JR et les BLACK KEYS. Le premier titre « Plastic Hamburgers » nous accueille avec un riff de guitare rugueux et bien enthousiasmant tandis que « Bad Guy Necessities » n'a pas peur de lorgner plus près du hip-hop avec des chœurs soul. « Transgender Biscuits » nous rappelle pourquoi cet album est d'abord classé en blues pendant que « The Duffler » et « A Boy Named Andrews » ont tout du hit avec des vocalises réjouissantes. Notre artiste n'a pas peur d'être là où on ne l'attend pas en coupant son album avec le court interlude « Never Give Up ».

FANTASTIC NEGRITO : voilà un nom qui vaut la peine d'être surveillé. Fort de son expérience personnelle, sa musique comme un melting-pot s'inscrit dans l'air du temps mais prouve qu'on ne se lasse tout simplement pas de bon sons, surtout quand il s'agit de bons riffs bien gras et bien saturés. Je laisse le mot de la fin à mon collègue Le Kingbee, qui a parfaitement résumé mon ressenti sur ce disque : « Fantastic Negrito c'est de la bonne balle ! »