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2003 Rediscovered

HOWARD TATE - Rediscovered (2003)
Par LE KINGBEE le 8 Mars 2019          Consultée 1102 fois

En 2003, le monde de la Soul était marqué par deux retours surprenants, le premier voyait Bettye LAVETTE qui enregistrait en début d’année « A Woman Like Me », le second plus étonnant encore voyait le retour d’Howard TATE, figure légendaire de la Soul sixties et seventies disparu des écrans radars depuis trois décennies.

Natif d’Eberton, un hameau près de Macon (Géorgie) où il voit le jour en 1939, le jeune Howard suit son père pasteur à Philadelphie alors qu’il n’a que 5 ans. Il fait ses gammes à la Philadelphia Second Unit Baptist Church où officie son paternel. Il intègre ensuite les Bel-Airs, un ensemble vocal dans lequel chante Garnet Mimms, enchaîne au sein des Gainors toujours en compagnie de Garnet Mimms. Les Gainors enregistrèrent sept singles pour Cameo, Talley-Ho et Mercury qui ne rencontreront aucun succès.
Les deux amis prennent alors des chemins séparés, Mimms rejoint New-York et devient la vedette des Enchanters, alors qu’Howard devient chanteur dans l’orchestre de Bill DOGGET. Howard est recommandé au producteur Jerry Ragovoy qui lui décroche un contrat avec le label Verve. Notre bonhomme enregistre l’album « Get It While You Can », mais le disque ne connait qu’un succès d’estime. Verve, label de Jazz par excellence, ne savait pas promouvoir une telle pépite contrairement à Stax, Atlantic ou la Motown.

En 1969, Howard atterrie chez Turntable, le label de Lloyd Price et Harold Logan, ce dernier se faisant descendre devant son club pendant qu’Howard enregistre « Howard Tate’s Reaction ». Ne récupérant que des miettes et encore, Howard change encore de crèmerie et part écumer les clubs de la Côte Est et du Sud. En 1972, Howard retrouve Ragovoy et met en boite un troisième opus pour la firme Atlantic. Mais encore une fois, le disque ne rencontre pas le succès escompté; les amateurs de Soul ne se retrouvent pas dans l’album, perdus entre une reprise de DYLAN, une autre du BAND et des titres oscillants entre Pop et Gospel. Deux ans plus tard, Howard retente sa chance chez Epic gravant un single pour un nouveau caramel.
A partir de là, Howard Tate quitte la route des studios pour entreprendre un vrai chemin de croix. Devenu assureur, l’ancien chanteur essaie de survivre bon an mal an, combattant tant bien que mal son addiction à la dope et son penchant pour la bibine, un calvaire sinueux qui va durer près de vingt ans. Lors de l’incendie de l’immeuble où il vit, Howard Tate essaie de sauver une fillette de 13 ans, tombe accidentellement et ne doit la vie qu’à son fils alors que sa jeune voisine décède. Pour le chanteur, c’est une tragédie, il s’enfonce dans la dépression et la came et sa femme divorce emmenant leurs deux enfants. Howard Tate est un homme à la dérive.
En 1994, Howard, au bord du gouffre, rencontre Dieu qui lui offre une rédemption spirituelle, l’ancien chanteur quitte Philadelphie, le milieu des maquereaux et des dealers et rejoint le New Jersey où il monte sa propre congrégation.

On ignore si la voix de Dieu est impénétrable, toujours est-il qu’à la suite de plusieurs concours de circonstance les routes de Jerry Ragovoy et d’Howard se recroisent avec à la clef un nouveau disque.

Enregistré au Funk Foundation Recording Studios à Atlanta, « Rediscovered » porte la patte d’un producteur de talent et d’une voix de ténor hors norme. S’il n’a rien enregistré pendant presque trente ans, la voix d’Howard Tate a gardé un timbre intact et un falsetto toujours aussi rempli de ferveur.
Jerry Ragovoy a concocté un environnement aux petits oignons pour son chanteur : des chansons issues de l’imagination créative du producteur agrémentées de cinq co-écritures comprenant entre autre la collaboration d’Elvis Costello.
Idem pour l’accompagnement, Ragovoy a convié un parterre de sessionmen triés sur le volet, du cousu main pour son chanteur : le guitariste Rick Hinkle (ex Ben E King, Travis Haddix, Trudy Lynn), le batteur Sean O’Rourke (ex Jeff Floyd, William Bell, Solomon Burke) et une section cuivre haut de gamme avec le tromboniste Bob Lewis (ex Trudy Lynn, Chick Willis), le sax Rick Bell (ex Lou Reed, Belouis Some, Ruben Blades)ou le trompettiste Lester Walker (ex Temptations, O’Jays, Bela Fleck ou Cab Calloway). Pour la partie piano, étant rarement mieux servi que par soit même, Jerry Ragovoy non content d’avoir composé ou coécrit tous les titres hormis le « Kiss » de Prince, s’assoie afin de triturer les touches d’ivoire.
Dès les premières mesures, on est rassuré, tout semble friser les sommets. La voix est intacte et parfaitement maitrisée, l’orchestration et la qualité des arrangements mettent en lumière douze titres qui s’enfilent comme des perles de manière imparable.
Ragovoy et Tate nous offre ici un superbe voyage au cœur d’une Soul à l’ancienne. Les ballades « Show Me The Man », « Sorry Wrong Number », « Either Side Of The Same Town » croisent des pièces Funky « Organic Love (100% Natural) », « She May Be White (But She Be Funky) » issues du meilleur tonneau. « Don’t Need No Monkey On My Back » nous renvoie lui vers le Blues, le piano et la guitare délivrent de délicates arabesques arbitrées par un falsetto qui produit toujours autant d’effets.
« Eternity » nous expédie quelques années en arrière, vers le Philadelphia Sound et une Soul à la tonalité plus légère contenant des parfums de Gospel. La reprise de « Kiss » de PRINCE demeure majestueuse et fait oublier l’étrange guimauve d’Art Of Noise & Tom Jones et plus encore celle de Sabrina qui réussissait le tour de force de massacrer dans le même album pas moins de quatre intemporels.
Le disque s’achève sur un duo stylisé piano/voix, Ragovoy et Tate reprenant « Get It While You Can », titre jadis enregistré par la doublette et qui aurait pu se vendre en millions d’exemplaires si Verve avait su y faire. Au lieu de cela, c’est une jeune chanteuse blanche et rouquine qui décrochera le gros lot. Mais cette version épurée nous semble supérieure à l’originale

Devant le succès que rencontrera le disque lors de sa sortie aux Etats Unis, BMG décidera de sortir une publication française. Peut être le meilleur disque de Soul de l’année 2003. Howard Tate connaitra quelques années de quiétude et de réussite musicale jusqu’à ce qu’il perde son combat contre une méchante leucémie en décembre 2011 à 72 ans.

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   LE KINGBEE

 
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- Howard Tate (chant)
- Jerry Ragovoy (piano, keyboard bass)
- Tom Grose (piano, orgue 5)
- Rick Hinkle (guitare)
- Joe Reda (basse 5)
- Sean O'rourke (batterie)
- Crispin Cioe (saxophone 1-2-8-9-10-11)
- Arno Hecht (saxophone 1-2-8-9-10-11)
- Sam Skelton (saxophone 3-4-6-7)
- Rick Bell (saxophone 3-6-7)
- Bob Funk (trombone 1-2-8-9-10-11)
- Bob Lewis (trombone 3-4-6-7)
- Larry Etkin (trompette 1-2-8-9-10-11)
- Bob Millikan (trompette 1-2-8-9-10-11)
- Lee King (trompette 3-6-7)
- Lester Walker Trompette 3-6-7)
- Mike Barry (trompette 4)
- Bryan Cole (tambourin 11)
- Lola Gulley (chœurs 6)


1. Mama Was Right
2. Show Me The Man
3. Organic Love (100% Natural)
4. Sorry Wrong Number
5. Either Side Of The Same Town
6. All I Know Is The Way I Feel
7. Don't Compromise Yourself
8. Don't Need No Monkey On My Back
9. She May Be White (but She Be Funky)
10. Kiss
11. Eternity
12. Get It While You Can



             



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