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Otis REDDING - The Dock Of The Bay (1968)
Par LE KINGBEE le 1er Octobre 2017          Consultée 2445 fois

1967 demeure une année exceptionnelle pour celui que l’on surnomme “The Big O”. Véritable porte-drapeau de la Soul Sudiste, Otis REDDING a ouvert depuis 1964 la boite à Pandore, celle de l’âge d’or de la Soul. Depuis 1964 et la parution de son premier 33 tours, alors support privilégié d’une élite sociale, le chanteur engrange les succès. Digne successeur de Ray CHARLES et Sam COOKE, REDDING va parachever l’œuvre des deux pionniers en transformant la Soul en un registre reconnu et accepté par tous. A contrario de Ray CHARLES qui avait fait de la Country et du R&B ses principales composantes, ou de Sam COOKE dont le répertoire reste marqué par des dominantes de Gospel et de ballades sentimentales orientées vers la Pop, le natif de Géorgie a mis l’accent sur ses racines Blues et Gospel à une époque où la contestation et la révolte de la jeunesse ne sont plus à l’état de germe mais sur le point d’exploser. En clair, Otis répond à l’attente d’un public en pleine mutation socialo-politique.

1967 est donc une année aussi riche que particulière pour le chanteur. Il vient de triompher en juin lors du Monterey Pop Festival, un événement annonciateur du futur Woodstock, et ses diverses tournées européennes ont fait de lui une vedette sur le vieux continent. La genèse de ce disque prend sa source en Californie, au moment du Monterey Pop Festival, Otis et le guitariste Steve Cropper imaginent une nouvelle chanson sur les quais de Sausalito. Le 7 décembre Otis va enregistrer « The Dock Of The Bay » avec sa troupe habituelle. La plupart des titres ont été répétés préalablement, « The Glory Of Love » est même déjà sorti en single. Comme il en a souvent l’habitude, Otis fredonne le refrain d’une nouvelle chanson que seul Steve Cropper connait, et comme souvent la symbiose entre ses accompagnateurs et leur chanteur vedette se fait en deux coups de cuillère à pot. Incontournable hit Soul qui ne tardera pas à rentrer dans l’inconscient collectif, « The Dock Of The Bay » réussit la gageure d’intégrer plusieurs sources pouvant paraître comme discordantes : du Blues, de la Soul de Memphis et du Folk pour un morceau imparable. Souvent repris mais rarement (voir jamais) égalé, ce titre connaîtra cependant quelques bonnes reprises (STAPLE SINGERS, Archie BELL & The Drells), mais la plupart se casseront lamentablement les dents (CHER, Al JARREAU ou Popa CHUBBY).

Outre ce gros classique (rappelez vous du passage sifflé), REDDING propose des ballades flirtant entre Gospel, Blues et brumé électrique : « I Love You More Than Words Can Say », une composition d’Eddie Floyd, est rempli de conviction, avec un chant plein de conviction. Il suffit d’écouter les versions de Karen Dalton (en folk acoustique) ou des Leo Sayer (tristement gorgée de synthé et violons) pour se rendre compte du pouvoir de persuasion de l'artiste. Vieux titre des années 30, « The Glory Of Love » a été interprété à toutes les sauces : instrumentale (Benny GOODMAN, Count BASIE), doo-wop ((Five Keys, Skylarks), en soul guimauve (The PLATTERS, Clyde McPhatter) mais Otis parvient à dynamiser le titre par le biais de modulations de voix et d’un accompagnement groovy aux petits oignons.

Redding est dans son élément sur des titres plus énergiques : « Don’t Mess With Cupid », coécrit avec Eddie Floyd, avec une intro de guitare plaçant le chanteur sur orbite est l’exemple type d’une Soul mid tempo aussi efficace qu’émotionnelle. Le titre sera repris l’année suivante par Vigon et adapté par Johnny HALLYDAY (« Ne Sois Pas Si Stupide ») dans des versions nettement moins probantes. Les NEW YORK DOLLS en délivreront bien plus tard une version complètement relookée. La complicité quasi naturelle entre l’organiste Booker T. Jones et le chanteur semble couler de source sur « Let Me Come On Home », titre publié en single en mars 67 et aussitôt repris en version Ska par Hopeton Lewis. Les influences Blues et Gospel sont bien palpables sur « Open The Door », titre issu de la plume du chanteur. « I’m Coming Home » prend une coloration Pop bien cuivrée portée en chant qui monte en véhémence crescendo. Les racines Blues sont toujours bien présentes avec la reprise du standard de Lowell Fulson « Tramp », chanté en duo avec Carla Thomas pour une piste apportant un peu de fantaisie. Le titre était sorti préalablement sur l’album « King & Queen ».

Autre bon passage avec une version Soul du classique « The Huckebuck », une soupe du tandem Andy Gibson/ Roy Alfred, cuisinée au fil des ans avec des épices aussi incroyables qu’improbables : R&B, Jazz, Swing (Lucky Millinder, Roy Milton), Twist (Bill HALEY, Chubby CHECKER), crooner (SINATRA), latino (Ray BARRETO). Là, Otis REDDING se réapproprie carrément le morceau. Autre titre à avoir connu moult versions « Nobody Knows You (When You’re Down And Out) » dans des interprétations parfois étonnantes (Bessie SMITH, Nina SIMONE, DEREK & The DOMINOS, Blue Magoos, Duane et Gregg ALLMANN jusqu’à l’excellente Colette MAGNY). Cette version accentue l’orientation Blues à contrario de la version de Sam COOKE qui dirigeait la chanson sur une route Crooner Pop peu captivante. Nino FERRER adaptera la chanson sous le titre « Le Millionaire ». Dernier titre avec « Ole Man Trouble », une compo du chanteur, qui pourrait être la synthèse de son répertoire et de son pouvoir de persuasion et de séduction. Un pur titre de Deep Soul.

Malheureusement, le chanteur ne connaîtra jamais ni le succès ni la portée de son disque. Quatre jours après l’enregistrement, Otis REDDING part de Cleveland, où il vient d’enregistrer un show TV, pour se rendre à Madison dans le Wisconsin. L’avion personnel du chanteur, un Beechcraft 18, n’arrivera jamais à destination, l’avion s’écrasant pour cause de mauvais temps dans les eaux glacées du lac Monona. Outre Otis, toute la troupe des Bar-Kays périra dans cette tragédie (hormis le trompettiste Ben Cauley seul survivant). Le disque sortira en janvier 68 et atteindra la première place des charts Pop et R&B au printemps. A la mort du chanteur, Atlantic, propriétaire des titres inédits, publiera une série de disques composés de faces non publiées (il faut bien vivre comme dirait l’autre). Peut être un ton en dessous de « Otis Blues » et comportant une coloration innovante sonnant moins Stax, on attribuera la note maximum à « Dock Of The Bay » et à un chanteur qui avait réussi à rallier de nombreux publics autour du registre Soul.

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   LE KINGBEE

 
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- Otis Redding (chant)
- Steve Cropper (guitare)
- Al Jackson (batterie)
- Donald 'duck' Dunn (basse)
- Floyd Newman (saxophone)
- Charles 'packy' Axton (saxophone)
- Wayne Jackson (trompette)
- Booker T. Jones (orgue)
- Isaac Hayes (claviers)


1. (sittin'on) The Dock Of The Bay.
2. I Love You More Than Words Can Say.
3. Let Me Come On Home.
4. Open The Door.
5. Don't Mess With Cupid.
6. The Glory Of Love.
7. I'm Coming Home.
8. Tramp.
9. Thehuckle-buck.
10. Nobody Knows You (when You're Down And Out).
11. Ole Man Trouble.



             



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