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MUSIQUE ÉLECTRONIQUE  |  SINGLE

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- Membre : Divers Jeux Video

Charles CALLET - La Quête De L'oiseau Du Temps (1989)
Par BAKER le 18 Mars 2019          Consultée 1129 fois

L'achat de ce 45 tours par votre humble serviteur, après 29 ans d'hésitation, sera le prétexte pour vous parler un peu de Charles CALLET. Pianiste et compositeur hétéroclite, s'amusant autant dans le registre classique ou "pop opéra" cher aux années 70 ("Le matin sur la rivière") que dans la synth-pop funky à la con de nos inénarrables années 80 ("Zanzibar"), CALLET a passé sa seconde partie de carrière à développer des logiciels de M.A.O. et des bandes sonores pour des jeux comme Bivouac, Les Dieux de la Mer, Prohibition, Gobliiins... et surtout son chef-d'oeuvre, son magnum opus, les deux volets des Passagers du Vent.

Ces "suites" qui à elles deux comptabilisent une demi-heure de musique sont pratiquement ce qui se faisait de mieux en matière de chiptune. La puissance dramatique du premier morceau est un des plus grands moments de l'histoire du genre. Laissant s'exprimer toute sa sensibilité classique, CALLET fait de simples bips une symphonie, avec une maîtrise des dynamiques à en laisser pantois. Une adaptation orchestrale (et pop, pour certains morceaux) de ce bijou fait partie de mes fantasmes musicaux les plus chers, et même les anglo-saxons se sont inclinés devant la puissance de ces mélodies qui arrivaient à sublimer le trait classieux de François Bourgeon.

"Les passagers" ayant fort bien marché, l'éditeur Infogrames voulut profiter du filon et après le drame saphico-esclavago-maritimo-bourgeois se pencha sur le cas heroic fantasy de la saga La Quête de l'Oiseau du Temps, de Loisiel et Le Tendre. Bien évidemment, CALLET fut mis en charge de la bande sonore et profita du budget pour sortir un 45 tours. Et à l'époque, en France, c'était une révolution. Evidemment, notre homme ayant déjà une bonne expérience des sorties discographiques, ce n'est pas la musique sur Amiga reprise telle quelle qu'on vous propose ici, mais une réinterprétation avec CALLET aux synthétiseurs, de vrais synthés qui à l'époque avaient bien sûr plus de cachet que votre Paula habituelle, mais aussi des invités sur la face A.

Et quels invités, pour un pauvre 45 tours de musique de jeu vidéo au tirage extrêmement limité et qui n'avait pas franchement pour but de passer à Stop ou Encore ! D'abord, les Choeurs de l'Opéra de Lyon. Pour ahanner maladroitement une mélodie bip-bip ? Non, pour du chant atonal et des cris barbares. Ensuite, une soprano opératique, Nicole Subtil. Featuring largement facilité par le fait que ladite soprano est l'épouse du compositeur. Ca aide (sauf chez Ike TURNER). Une Nicole qui, elle, suit la mélodie principale, mais avec un déballage technique impressionnant, pour ne pas dire virtuose. La face A est une bataille rangée entre la mélodie doublement interprétée (avec une pompe qui fait plaisir à entendre) et des séquences de percussions, le tout sonnant étonnamment bien et même largement mieux que prévu. C'est majoritairement synthétique, c'est un peu plus cheap que les grands cadors du genre, mais c'est surtout original et curieusement hypnotique. Il y a un côté sale gosse dans ce maelström de sons qui est réjouissant et quasi-punk dans l'esprit.

La face B, moins folle mais assez agréable aussi, est un thème lent, très lent, à la prod encore un peu plus kitsch mais toujours écoutable, notamment la voix mélodique. Dommage qu'il manque d'emphase sur la reprise (traduction : une grosse note de synthé grave bien putassière) car là aussi, il y a du charme et ce côté évident et presque cinématographique qui caractérise toutes les compos de CALLET, même les plus loufoques.

Indispensable ce 45 tours ? Non, évidemment. A vrai dire, l'écoute des "Passagers" en mode 'bip bip cru et sans assaisonnement" l'est bien plus. Mais c'est un disque un peu fou, pas bâclé - du tout même - et qui aurait dû préfigurer un bel avenir pour le genre. Bel avenir il aura, le genre. Des années et des années plus tard, loin dans le temps, trop loin, après 1995, date fatidique. Surdoué et malicieux, Charles CALLET aura toute sa vie été poursuivi par la maladie des os de verre, fragilisant sa santé jusqu'à son décès prématuré en cette funeste année où les vagues ont cessé de ronger les planches de la Marie-Caroline. L'homme nous laisse en héritage quelques mélodies inoubliables, et si celles accompagnant la délicieuse poitrine de la non moins affriolante Pelisse ne sont pas ses plus incroyables, ce 45 tours hors-normes, à la fois drôle, dépaysant et techniquement digne, est un bel objet de memorabilia à s'offrir, comme le point de départ d'un univers sonique multiculturel qui n'aurait jamais éclos.

Et quand je vois ce que Michal Mierzejewski a fait subir à DREAM THEATER, de me dire que Charles CALLET mériterait bien un David Campbell.

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   BAKER

 
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- Charles Callet (claviers, prog)
- Nicole Subtil (chant)
- Choeur De L'opéra De Lyon (chorale)


1. Bragon
2. La Marche Des Mille Verts



             



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