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LUNATIC SOUL - Fractured (2017)
Par BAKER le 23 Janvier 2018          Consultée 1388 fois

Meurtri dans sa chair, le groupe RIVERSIDE avait sorti un album presqu'instrumental faisant écho au décès soudain de son guitariste Piotr GRUDZINSKI. Un album cathartique, mais très inégal, principalement axé ambiant / electro et donc se rapprochant, dangereusement il faut dire, de LUNATIC SOUL, le projet annexe de l'insatiable Mariusz Duda. Projet annexe ? Avec ce dernier album, les cartes se renversent : LUNATIC devient ici un groupe à part entière, et pour tout avouer, ce "Fractured" va à son tour piocher dans les ambiances et quelques sonorités tirées de RIVERSIDE. Juste retour de balancier ? Oui, et autrement plus satisfaisant, alors même que l'intérêt principal de ce groupe est l'absence totale de guitare électrique. Cela évite donc tout basculement dans le monde ténébreux du prog metal, mais ne vous inquiétez pas, cela ne signifie pas que l'album soit mou ou manque de dynamique. Au contraire, les rares tempêtes sont les passages les plus délicieux de ce qui va ressembler à une lente mais stressante série de montagnes russes.

Débutant malheureusement, mais efficacement, par le meilleur titre, un "Blood on the Tightrope" parfaitement maîtrisé, LUNATIC SOUL explore les ambiances synthétiques avec le savoir-faire d'un vieux vétéran de l'électro, mais aussi avec deux frères d'armes mortels : d'une part, un batteur qui sait se montrer parfois expansif (pour le genre s'entend hein, on n'est pas chez Dave LOMBARDO) et qui avec son jeu nerveux et ses percussions sauvages fait un peu penser à Gavin HARRISON. Ce qui est un compliment technique et un indice, chez vous. Ensuite, l'autre arme fatale, c'est bien sûr Mariusz, sa voix chaude et lancinante, son sens de la mélodie simple mais qui rentre dans le lard, et puis sa basse, organique, souvent jouée au médiator, agressive : oui, on avait bien précisé qu'il n'y aurait pas de guitare électrique, et effectivement il n'y en a pas, mais c'était un piège. Ah là là Lucien, quel dommage, je suis sûr que vous le saviez en plus !

Un premier titre, donc captivant, avec des programmations de synthé qui n'auraient pas fait tâche sur un hypothétique "Electronica volume 3", et au beau milieu un piano qui s'invite à la fête, sombre, clairement mixé, enveloppant, avec un second refrain entêtant. On retrouve la qualité et les sonorités d'un vieil ami dont on n'a plus de nouvelles depuis longtemps : CHROMA KEY. Et je n'ai pas dit Kevin MOORE, mais bel et bien CHROMA KEY, celui des deux premiers albums. Seul regret : la dernière partie avec sa montée en puissance ne sert pas à grand-chose. Mais elle est agréable et fonctionnelle. D'autres titres entiers seront dans le même bassin d'eau tiède, et c'est la faiblesse de l'album, cette incessante fluctuation de qualité. "Fractured" est une vraie chanson par exemple, mais elle fait très "segue", un segue long et important mais segue quand même. Minimaliste, "Battlefield" est terriblement austère, plus sombre que le reste, mais dont la première partie est plus lassante que trippante. Rigolote mais anecdotique, "Anymore" sonne comme du... ACE OF BASE, par moments ! C'est une version stripped down de la technopop des années 90 et s'il y a bien pire, LUNATIC SOUL n'en sort pas grandi.

Mais rassurez-vous, si vous aimez l'electro planante, atmosphérique mais mélodique et avec quelques fulgurances, une bonne grosse moitié de l'album vous comblera. "Crumbling Teeth" bénéficie d'un arrangement de cordes somptueux, très soigné, et d'un solo de guitare qui sonne incroyablement comme Steven WILSON. On savait que c'était une influence, mais là... Le long et céleste "A Thousand Shards" est lui aussi l'occasion de mélanger belles programmations, cordes soyeuses, partie instrumentale très prog et couplet assez proche de A-HA ; avec ce petit défaut d'être mal placée. En titre de fin, cette chanson aurait fait un malheur. Sa remplaçante n'a cependant pas à rougir : "Moving On" est furieusement planante et son couplet vous poursuivra jusque sous votre douche.

Mais le résumé de cet album peut être entièrement contenu dans un seul titre : "Red Light Escape". Il mélange le petit défaut du disque, à savoir un début qui met du temps à décoller, qui peut rebuter certains (mais emmener d'autres dans les stratosphères), et les qualités avec l'ouverture vers des sonorités nouvelles, une batterie impeccable qui fait très... "Deadwing" (eh ! revenez ! vous oubliez votre encyclopédie Larousse !) et un saxophone qui, à chaque intervention sur le skeud, vous met le sourire tant il est parfaitement utilisé. Peut-être un peu trop sombre et intimiste pour réellement fédérer une base d'auditeurs large, mais soigné et à la redondance relativement maîtrisée, ce cinquième opus se veut une carte de visite globale de Duda pour ses deux groupes et mérite votre attention, que vous soyez du côté obscur de la force ou non. En attendant maintenant la prochaine étape : si RIVERSIDE est en perte de vitesse et LUNATIC en hausse, n'y a-t-il pas risque de croisement des effluves ?

(NdAuteur : Notez que les arrangements de cordes magnifiques sont signés Michał Mierzejewski qui prouve ici qu'il possède un réel talent d'arrangeur autrement plus convaincant que sur le catastrophique Symphonic Theater of Dreams)

Note réelle : 3,5 avec le petit plus pour la douleur sincère qui émane de la galette

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   BAKER

 
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- Mariusz Duda (chant, basse, guitare acoustique, claviers, prog, )
- Wawrzyniec Dramowicz (batterie)
- Marcin Odyniec (saxophone)
- Michał Mierzejewski (arrangement de cordes)
- Sinfonietta Consonus Orchestra (orchestre)


1. Blood On The Tightrope
2. Anymore
3. Crumbling Teeth And The Owl Eyes
4. Red Light Escape
5. Fractured
6. A Thousand Shards Of Heaven
7. Battlefield
8. Moving On



             



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