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2005 I'M From Phunkville

Mem SHANNON - I'm From Phunkville (2005)
Par LE KINGBEE le 18 Mars 2019          Consultée 965 fois

Contrairement à ce que pourrait laisser suggérer le titre, Mem SHANNON n’est pas originaire de Phunkville, ville totalement imaginaire et métaphorique, mais de la Crescent City. Le guitariste connaît parfaitement le moindre centimètre de la Nouvelle Orléans puisqu’il a été pendant de longues années chauffeur de taxi.
Son premier disque « A Cab Driver’s Blues » publié en 1995 par le label Hannibal Records dévoilait le guitariste debout à côté d’un rutilant taxi. Dans une interview, le guitariste nous apprenait qu’il écrivait pas mal de textes dans son taxi, en observant le quotidien de ses concitoyens et la vie de tous les jours.
En 2005, le bluesman enregistrait son cinquième opus édité par NorthernBlues Music, label qui a contribué à lancer Otis Taylor ou J.W Jones Blues Band. Malgré un visuel peu porteur, « I’m From Phunkville » allait récolter les éloges de la presse spécialisée. Les revues françaises Soulbag et BCR lui décernèrent la note maximale, même chose pour le site docteur blues et la revue Living Blues, tout le monde (enfin parmi ceux qui s’intéressent au Blues) semblait unanime pour déclarer qu’on avait entre les mains l’un des meilleurs albums de l’année. Impression confirmée par les trois concerts que Mem Shannon est venu donner en France en mars 2006, dont l’un mémorable à l’Espace B dirigé par Christian Legras, avec une formation légèrement différente comprenant entre autres Robert « Rhock » Dabon aux claviers mais aussi le bassiste Angelo Nocentelli (ex Meters, Patti Labelle et frangin de Leo). Une série de concerts dont certains aficionados se souviennent encore.

Alors presque quinze ans après sa sortie, que vaut encore ce disque ? Si la pochette avec cette porte de cabane ou de placard ne s’avère guère porteuse, le disque avait bénéficié lors de sa sortie de l’intérêt de la critique spécialisée pour le petit label canadien qui venait de connaître deux nominés aux Grammy Blues Awards (ni Eddie Turner et Janiva Magness ne décrocheront la timbale).
Quinze ans après, c’est avec une énorme joie qu’on ressort cette pépite de notre discothèque. Beaucoup de joie mais paradoxalement un brin d’incompréhension et de tristesse, car comment s’expliquer que Mem SHANNON n’ait par la suite pas connu le succès qui lui tendait les bras ? Sans doute par excès d’humilité et un caractère qui l’empêchait de se mettre en avant ou de se soumettre aux diktats d’une industrie du disque complètement à côté de ses pompes, une industrie qui ne pense qu’à amasser des liasses de billets verts alors que d’autres parlent de musique et d’art. Lors de son passage à Paris, Mem m’avait plus parlé de Jimmie Moliere, un ancien guitariste de Fats Domino et Jean Knight et lui aussi cab driver, que de sa propre personne.

Produit par le guitariste, mettant ainsi en pratique l’adage qu’on n’est jamais mieux servi que par soi-même, le résultat nous renvoie légèrement vers le brillant Dennis Walker, producteur des deux précédents disques, et on ne peut s’empêcher de penser que Mem Shannon n’a retenu que le meilleur du Maître.
Au niveau de l’accompagnement, on retrouve une équipe efficace et soudée avec l’organiste vétéran Robert Dabon (ex Chocolate Milk, Albert KING, Etta JAMES), les saxophonistes Jason Mingledorff (ex Galactic, Dr. JOHN) et Frederick Sheppard (ex Fats Domino, Cyril Neville), le trompettiste Barney Floyd (ex Ruth Brown, Marcia Ball, Bryan LEE), le batteur Doug Belote (ex Anders Osborne, Big Chief Monk Boudreaux) et un tout jeune Trombone SHORTY (déjà apparu avec les Neville Brothers et Kermit Ruffins). Plusieurs de ces sidemen jouent avec le guitariste depuis pas mal de temps, principalement dans leur terroir de la Nouvelle Orléans, d’où une cohésion et une complicité quasi permanente.
Dès le premier morceau, « The Reason », la vérité saute aux yeux ou plutôt aux oreilles, on a là un groupe rompu au groove Nola, si cher à l’environnement local, carrefour des différents creusets ethniques et sonores. « Swing Tiger Swing » confirme la première piste, tout semble ciselé, la guitare pose le scénario dans lequel les cuivres et les claviers viennent s’engouffrer pour ne faire qu’un. Plus doux, « Perfect World » frappe par son humanisme et son bon sens, un titre qui respire et insuffle une profonde quiétude.
Mais la Crescent City est également propice au Funk et « Phunkville » se révèle être une vraie pépite de Funk Jazzy. Là tout semble s’emboîter comme dans un mécanisme d’horlogerie suisse, le phrasé de guitare délicat et mélodieux, une basse et des baguettes pleines de rondeurs et un orgue qui fait oublier Allen Toussaint. Une vraie claque de dix minutes !
« I’ll Kiss A Pitbull » débute par un long et lent monologue de presque deux minutes avant de tomber dans la besace d’un Funk nouvel-orléanais humoristique. « Battle Ground » s’inscrit lui dans le domaine de la ballade sudiste avec un gros saupoudrage Jazzy, alors que l’instrumental « The Lights Of Caracas » nous plonge dans une délicate ambiance latine aux confins du Jazz. Le ton devient plus grondant avec « No Religion », le phrasé de guitare lorgnant sur le Rock. « Ignant Stick », relevé par l’orgue de Robert Dabon, « Forget About You » ou « We Going » viennent s’ancrer au cœur du répertoire Blues de la Nouvelle Orléans.
Excellent compositeur, Mem Shannon nous offre toutefois une reprise avec « Eleanor Rigby », des BEATLES. Repris à toutes les sauces sur moult tempos, le grand classique des Fab Four est interprété ici sous la forme d’une délicate et longue litanie de 7 minutes, dans laquelle la guitare remplace les violons de la version originale. Ce bien beau titre sur la solitude et le temps qui passe fait oublier les adaptations françaises, des Diamants et de Richard Anthony.

On aurait pu croire que cet album allait permettre à cet ancien chauffeur de taxi reconverti dans le Blues de connaître enfin le succès et la réussite qu’il était en droit d’attendre. Mais que nenni ! Mem enregistrera un album Live en 2007, continuera de se produire dans sa ville natale et au New-York Jazz & Heritage Festival (et celui de la Nouvelle Orléans où il est devenu l’un des attitrés) mais n’atteindra jamais le statut de vedette, preuve que l’industrie du disque était encore une fois passée à côté de la plaque. Avec « I’m From Phunkville », vous avez entre les mains un album figurant dans le tiercé des meilleurs disques de Blues des deux dernières décennies !

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- Mem Shannon (chant, guitare)
- A.c. Gayden (guitare 6)
- Robert 'rhock' Dabon (claviers)
- Ian Michael (basse)
- Doug Belote (batterie 1-3-6-7-8-11-12)
- Josh Milligan (batterie 2-4-5-9-10-13)
- Billy Martin (percussions 1-7-11)
- Jason Mingledorff (saxophone, clarinette)
- Frederick Sheppard (saxophone)
- Barney Floyd (trompette)
- Troy 'trombone Shorty' Andrews (trombone 3)
- Tyrone Pollard (choeurs 1-6)


1. The Reason
2. Swing Tiger Swing
3. Perfect World
4. Phunkville
5. I'll Kiss A Pitbull
6. Battle Ground
7. The Lights Of Caracas (i Didn't Know)
8. Sweet Potato
9. No Religion
10. Forget About Me
11. Eleanor Rigby
12. Ignant Stick
13. We Going



             



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