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1970 Ton-Ton Macoute!

Johnny JENKINS - Ton-ton Macoute! (1970)
Par LE KINGBEE le 21 Mars 2019          Consultée 1009 fois

Originaire de Macon (Géorgie), Johnny Jenkins est un guitariste gaucher au jeu de scène époustouflant, il joue de la gratte derrière la tête ou dans le dos pour épater la galerie. Son histoire reste rattachée indirectement à celle d’Otis REDDING.
En 1962, Johnny Jenkins participe à une séance d’enregistrement mais curieusement plante tout ce qu’il touche, les accords, le chant, jusqu’à son jeu de guitare. Dans le studio, le jeune Otis Redding qui fait office de chauffeur, Johnny n’ayant pas le permis, entame une ritournelle qui tombe dans l’oreille de Phil Walden, manager des Pinetoppers, le groupe de Jenkins. Otis grave ses deux premiers titres pour Volt, single qui va lancer sa carrière vers les sommets alors que celle du bon Johnny va rester plus ou moins en stand-by.

Passionné de musique, Johnny débute la guitare en autodidacte à 9 ans. Pur gaucher, il accumule les mauvaises habitudes, essayant de copier le jeu des droitiers. Sa sœur lui offre une guitare et notre Johnny se lancer plus ou moins sérieusement dans la musique en stoppant ses études dès 16 ans. En 1959, Johnny Jenkins and The Pinetoppers tournent dans le giron de Phil Walden. Johnny enregistre un premier single avec « Love Twist » couplé à « Pinetop » pour le label Tifco ; le disque tombe dans les mains de Joe Galkin, un chargé de promotion de la firme Atlantic, qui le presse à 25000 exemplaires et revend les droits à Atlantic. Johnny Jenkins est le dindon de la farce : Phil Walden, futur fondateur du label Capricorn, laisse tomber son poulain pour suivre Otis Redding et notre Johnny se retrouve sans le moindre sous. S’il est toujours considéré comme la grosse vedette locale, son statut de star ne dépasse pas les frontières de Macon. De passage dans la ville pour raison familiale, il se dit que Jimi Hendrix restera subjugué par le jeu de guitare et le charisme de Jenkins.

En 1967, Walden qui vient de perdre Otis suite à son tragique accident d’avion monte Capricorn Records en collaboration avec Jerry Wexler, big boss d’Atlantic. Walden embauche alors un jeune guitariste de session ayant œuvré à Muscle Shoals Duane ALLMAN et son ancien poulain repointe le bout de son nez trois ans plus tard. « Ton-Ton Macoute »♠ devait au départ être un album solo de Duane Allman, mais celui-ci ayant le projet de monter un groupe avec son frangin, Johnny Jenkins devient le porte-drapeau et le héros du disque, endossant le premier rôle. Un juste retour des choses pour un musicien qui privilégiait avant tout ses concerts dans sa ville natale et différents petits métiers dans les mines ou l’industrie forestière.

Le disque s’ouvre sur une curiosité de Dr. John, « I Walk On Gilded Splinters », un Voodoo Blues tribal avec de bons coups de slide et dans lequel Johnny ne se contente de chanter, secondé par la troupe vocale du Southern Comfort. Il reprend « Leaving Trunk », vieille création de Sleepy John Estes parfois reprise sous le nom de « Milk Cow Blues » ou « Ax Sweet Mama ». L’harmonica s'y fait entêtant et évoque par moment un mélange de Tony Joe White et de Whispering Smith, tandis que Pete Carr lance de bons riffs bien aigus. Une chose est sûre, les bayous ne sont pas loin. On s’écarte du côté des marais de la Nouvelle Orléans dans une ambiance suffocante avec gros taux d’humidité avec « Blind Bats And Swamp Rats » guère éloigné de l’univers cher à Dr. JOHN ou Screamin’ Jay Hawkins : « New Orleans, red beans- Mardi Gras- French quarters, okra stew- Voodoo- Comme ci Comme ça … ».
Jenkins nous offre « Rollin’ Stone », standard de Muddy Waters, en trio dans une version bien roots avec un Duane Allman à la slide. Il reprend dans une version mollassonne « Sick and Tired », gros carton de Chris Kenner, enrobant la chanson de deux monologues. Le rythme paresseux correspond parfaitement au climat des bayous mais le titre ne parvient pas à faire oublier les versions de Fats DOMINO, John FOGERTY ou Ronnie HAWKINS. Etonnante reprise de « Down Along The Cove », un inusité de DYLAN dont on se demande de prime abord ce qu’elle vient faire ici. Mais la slide de Duane Allman contribue à apporter une atmosphère digne des marécages. On assiste à une transformation presque totale du « Bad News » du songwriter John Loudermilk. Jenkins quitte les bayous pour remonter vers Muscle Shoals et nous délivre un vrai morceau de Southern Soul bien fiévreux. Rien à voir avec la version originale ou celles de Johnny CASH, Eddy ARNOLD ou George Hamilton qui font office de mièvreries péquenaudes. La reprise de « Dimples », grand classique de John Lee HOOKER, vaut essentiellement par son passage d’harmonica et le chant volontaire, la guitare de Pete Carr devenant vite gonflante et répétitive. Seconde reprise de Jackie Avery⃰, infatigable auteur de nombreux hits mineurs, avec « Voodoo In You » qui s’inscrit entre HENDRIX et l’Allman Brothers Band. Retour vers plus de classicisme avec « I Don’t Want No Woman », une compo de Don Robey et l’un des rares titres dans lesquels Jenkins officie à la gratte, épaulé par Duane ALLMAN à la rythmique d’une façon presque trop scolaire, comme si les deux guitaristes avaient trop de respect l’un pour l’autre. Une version excellente mais qui ne parvient pas à faire oublier celles de Bobby « Blue » BLAND ou de Magic SAM. Le disque s’achève avec une pépite de slow blues « My Love Will Never Die »⸋ popularisé par Otis RUSH avec pour la seconde fois Jenkins et Allman associés à la guitare.
Ce disque entièrement constitué de reprises, ce qui en soi n’est pas rédhibitoire, ne servira hélas pas de tremplin à Johnny Jenkins. Honnêtement accueilli lors de sa sortie, « Ton-Ton Macoute » allait propulser l’Allman Brothers Band vers une consécration méritée. Pour Jenkins, la roue a tourné deux fois du mauvais côté, Phil Walden se concentre sur son label Capricorn, le Rock sudiste et la fratrie Allman, l’ancienne idole de Macon passant au second plan. En 1996, Phil Walden publie « Blessed Blues » mais la collaboration entre les deux hommes n’a pas de suite. Au nouveau millénaire, Johnny Jenkins enregistre deux albums édités par d’obscurs labels. En 2006, Johnny est victime d’un accident vasculaire cérébral foudroyant qui le voit rejoindre Otis Redding.
♠ Le titre Ton-Ton Macoute n’a rien à voir avec les sbires de la police secrète de Papa Doc Duvalier, feu président d’Haïti, mais fait référence à l’Homme Fantôme, personnage des folklores haïtien et louisianais qui emmenait les enfants turbulents dans sa besace le jour de Noël.
⃰Jackie Avery est l’époux d’Ella Brown, chanteuse du groupe Wet Willie.
⸋ Contrairement à ce qu’indique la pochette, ce titre n’est pas d’Otis Rush mais de Willie Dixon. Rendons à César ce qui lui appartient.

Cette chronique provient du pressage Capricorn édité par Atco pressage français.

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- Johnny Jenkins (chant, harmonica 2-6-7-8, guitare 4-10-11)
- Pete Carr (guitare)
- Duane Allman (guitare 4-6-9-10-11, dobro 1)
- Robert 'pops' Popwell (basse 1-2-3-5-9-10-11)
- Berry Oakley (basse 4-6-7)
- Johnny Sandlin (batterie 2-3-5-6-8-10-11)
- Butch Trucks (batterie 1-9)
- Paul Hornsby (orgue 1-2-6-7-9-10-11, guitare 6)
- Jaimoe (timbales 1-3-9)
- Johnny Wyker (shaker 2)
- Eddie Hinton (cloche 9)
- Tippy Armstrong (cabasa, percussions 9)
- Ella Brown (chœurs 3)
- Donna Thatcher (choeurs 1-9)
- Ginger Holladay (choeurs 1-9)
- Mary Holladay (choeurs 1-9)
- Jeanie Greene (choeurs 1-9)


1. I Walked On Guilded Splinters
2. Leaving Trunk
3. Blind Bats And Swamp Rats
4. Rollin' Stone
5. Sick And Tired
6. Down Along The Cove
7. Bad News
8. Dimples
9. Voodoo In You



             



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