Je ne suis pas un grand amateur des textes chantés en français sur des musiques blues ou country. Mais quand Rod Barthet sort un nouvel album, je fais une grosse exception. En effet, l’homme du Jura poursuit sa fructueuse collaboration avec Boris Bergman qui semble avoir retrouvé un chanteur capable, comme Bashung, de superbement enluminer ses textes.
Son écriture épouse parfaitement la personnalité et la musique de Rod qui, d’ailleurs, certainement de manière inconsciente, trouve des tonalités à la Bashung sur « Faux Frère ».
Mais attention, il serait injuste de réduire le talent de Rod à sa seule collaboration artistique avec Bergman. Ainsi « En noir et blanc » co-signé pour les paroles avec Thibaut Calvet est une parfaire réussite qui n’a pas à rougir de la comparaison avec les textes de Boris.
Ce dernier écrit cinq des onze chansons de l’album avec le superbe et épuré ‘Un homme tout petit » superbe chanson mélancolique soutenue par un quatuor à cordes que l’on retrouve également sur « Ascendant Johnny Cash’ hommage intelligent qui évite les poncifs et les gros sabots, pour évoquer délicatement et subtilement The Man in Black.
Les gaillards ont de belles références et cette association, paroles de Boris et musique de Rod, fait des merveilles.

Certes, les paroles sont importantes, mais le son des guitares contribue fortement à la réussite de l’opération. Rod est accompagné par Damien Chopard, encore un homme de l’Est (Belfort) qui a écumé la région avec tous les bons groupes du coin. Sur « Sacha » par exemple, les guitares remarquablement mixées par Yann Marchadour sont lumineuses et se lancent dans un superbe boogie.
Cet album est déjà le dixième de Rod, c’est aussi certainement le plus abouti, celui où il réussit le mieux le mélange des textes en français et des musiques des USA.

Bon, vous n’êtes pas obligé de me croire, mais lisez ce qu’en dit Boris Bergman :
« Le Jura n’a pas inventé que de belles forêts aux pieds de belles montagnes ou l’on déguste la raclette le soir au coin du feu. Il a aussi fait naître de solides chanteurs comme H.F Thiefaine, Rod Barthet est l’un d’eux : en plus de sa maîtresse appelée Guitare, il est doté d’une voix inhabituelle et chante le blues comme nul autre. Cocteau avait raison : « ce que les autres te reprochent, cultive -le : c’est toi-même ».
Après plus de 20 années de complicité et de collaboration avec Rod, je peux affirmer que c’est très certainement l’un de mes meilleurs albums ».