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VARIÉTÉ FRANÇAISE  |  STUDIO

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Jean FERRAT - Seize Nouveaux Poèmes D'aragon (1995)
Par BAYOU le 30 Mars 2013          Consultée 6561 fois

Les années ont passé, Aragon est mort, le rêve communiste d’un monde meilleur s’est écroulé un soir de novembre sous les coups de pioche donnés au mur de Berlin le neuf novembre 1989… Pourtant, FERRAT, pour qui ce sera son dernier album studio, enregistre en 1995 seize nouveaux poèmes de son auteur préféré, et, c’est un nouvel enchantement, avec des hommages à Pablo Neruda, Carco, et Chagall.

Musicalement déjà, il ouvre ses arrangements aux musiques du monde, et dès la première chanson, des chanteurs chiliens donnent une touche originale au refrain «Comment croire, comment croire au pas pesant des soldats» qui allège les mots terribles du poète. Aragon a raconté en vers, "ce siècle de tragédie" et je vais avouer un petit regret, j’aurais aimé que soit mis en musique un de mes poèmes préférés : "Ballade de celui qui chanta dans les supplices".

Mais ne boudons pas notre plaisir, seize nouvelles madeleines et les mots d’Aragon sur la (faussement naïve) ritournelle de Jean dans un moment exceptionnel de beauté, «Carco» : "Tu meurs sans avoir vu le drame/Carco qui ne sus que chanter/Te souviens-tu de cet été/De Nice où nous nous rencontrâmes/On faisait semblant d'être heureux/Le ciel ressemblait à la mer/Même l'aurore était amère/C'était en l'an quarante-deux". Mélange de l’insouciance revendiquée combiné au drame qui s’avance, les mots, comme toujours chez Aragon, sont forts, expressifs, violents, comme dans l’autre chanson sur Pablo Neruda : "Pablo mon ami qu'avons-nous permis/L'ombre devant nous s'allonge s'allonge/Qu'avons-nous permis Pablo mon ami/Pablo mon ami nos songes nos songes". Ces mots graves (cette autocritique?) sont bien loin de ceux, enjoués de la chanson d’ouverture "Lorsque la musique est belle/Tous les hommes sont égaux/Et l'injustice rebelle/Paris ou Santiago". Mais c’était un autre onze septembre (1973), que l’espoir et la musique se sont arrêtés à Santiago. Et le vingt-trois septembre Neruda s’éteignait.

Contraste avec la beauté d’un peintre de génie (Chagall) : "Tous les animaux et les candélabres/Le violon-coq et le bouc-bouquet/Sont du mariage/Mon peintre amer odeur d'amandes". Je ne veux pas multiplier les citations, pourtant elles donnent bien le ton de ce disque, un regard lucide sur le temps qui passe, sur les jeunes années qui s’enfuient, sur la beauté d’une peinture, d’un paysage, d’un sentiment. Et le génie de FERRAT est là, il enveloppe les mots d’Aragon, les cisèle, les magnifie, leur donne une nouvelle vie, un nouveau souffle

Le disque se termine par un long poème, Epilogue, qui raconte une certaine utopie communiste: "J'écrirai ces vers à bras grands ouverts qu'on sente mon coeur quatre fois y battre/Quitte à en mourir je dépasserai ma gorge et ma voix mon souffle et mon chant/Je suis le faucheur ivre de faucher qu'on voit dévaster sa vie et son champ/Et tout haletant du temps qu'il y perd qui bat et rebat sa faux comme plâtre".

Aragon et FERRAT se sont tus, mais les mots et les musiques résonneront encore longtemps dans nos cœurs.

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1. Complainte De Pablo Neruda
2. Elle
3. J’arrive Où Je Suis étranger
4. Devine
5. Chagall
6. Les Feux De Paris
7. Chambres D’un Moment
8. Lorsque S’en Vient Le Soir
9. Qui Vivra Verra
10. Odeur De Myrtils
11. Carco
12. Musique De Ma Vie
13. Pablo Mon Ami
14. Pourtant La Vie
15. Les Oiseaux Déguisés
16. Epilogue



             



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