Certains groupes ou projets musicaux ne perceront jamais là où d'autres atteindront un statut culte. Parmi les plus doués des perdants certains vivront d'une autre manière... C'est ainsi que le duo composant LES FRICTION vit tranquillement en composant pour des films et autres trailers. C'est bien évidemment à la toute dernière mode, et cela présente le bon goût de les décharger de tout stress superflu quand il s'agit de composer. Pas la moindre compromission à attendre, et au contraire, une entière liberté et tranquillité pour atteindre le summum de leurs capacités artistiques. Nous retrouvons donc Helmut et Evan pour leur second opus, la tête toujours pleine des mélodies assez incroyables de leur premier opus... que 27 personnes ont acheté... C'est comme ça, mais nous ne sommes pas ici pour les billets verts, ça non !

Matière noire, ainsi se nomme cet album... "Dark Matter" doit donc être un titre avec lequel il faut compter. La song commence, très alternative, mais aussi très B.O, les sequencers sont déjà à bloc. Un petit côté de décadence romantique. Le chant se fait angoissant, agressif sur une base ambient. Puis les synthés se lancent et créent un mur du son impressionnant. La chanson monte jusqu'à l'insertion des guitares grasses et abrasives lors du refrain dantesque... Exténuante mais terriblement addictive. Très proche de ses quelques fans, le groupe a lancé un concours pour nommer une de ses chansons, un fan a gagné le droit de voir sa proposition porter le nom d'un morceau, il s'agit de "Who Will Save us Now", un piano atone et dramatique, et la voix qui monte, désespérée mais encore forte, prête à lutter contre la fin du monde qui s'approche. On le comprend lorsque retentissent les déflagrations, un véritable compte à rebours qui s'égrène avec la répétition du titre digne d'un Armaggedon.

"Your World Will fail" s'ouvre comme l'aube de la création tellurique. Le chant est calme, posé, très mainstream, magnifique. Les sequencers s'agrègent et montent jusqu'à l'explosion finale. Une ambiance très lourde se dégage aussi de l'ambient "This Is A Call" qui, comme ses camarades, gagne en puissance à la manière d'une B.O pour s'achever en feu d'artifice. Les cordes investissent "Firewall", presque à la manière d'une chanson des BEATLES. Le chant pressé et racé débouche sur les omniprésents sequencers habiles mais intraitables. L'ambiance est celle d'une course contre la montre, c'est à nouveau superbement réalisé, un très beau morceau. C'est encore très tellurique sur "Love Comes Home", comme une masse magmatique qui avance malgré le sujet sentimental de la chanson. "Your Voice" est un autre slow à l'orchestration dantesque. C'est l'avantage de créer ses compos avec les moyens les plus abouties de la technologie, très complexe avec des couches et des couches d'instruments.

"Make Believe" rappelle certaines ambiances de Devin TOWNSEND, en plus pop bien sûr. On s'approche là des cadors de la musique mainstream. En parlant de pop, nous avons deux featuring avec des voix féminines. Tout d'abord "I Remember", chantée avec Emily VALENTINE, quelques aspects exotiques qui donnent à la chanteuse l'occasion de lancer sa puissante voix. Tiens mais oh ! Diantre ! Quelle n'est pas notre surprise à l'heure d'apercevoir le nom de la francophone Lara FABIAN sur cette œuvre ! J'aurais volontiers cité quelques noms, mais le sien ne me serait jamais venu à l'esprit. Un piano solitaire, la voix d'Evan sur une mélodie assez sympa... Et donc Lara nous rejoint en angliche, ce qui lui va franchement mieux, même si cette petite nana m'a toujours plu. Au final, ce slow a une belle allure romantique, pas la chanson du siècle, mais assez réussie.

Une musique aussi sophistiquée est aussi le fruit de certaines écoutes. Et dans le grand livre des titres originaux, quoi de plus évident que d'en reprendre un des plus mythiques ? Le plantage est interdit, condition sine qua non pour que moi et les 23 autres continuions à les écouter ! Et nous voici avec une version de "Kashmir" dans les oreilles. Le début en B.O est méconnaissable jusqu'à l'arrivée du riff. La progression est là, correspond à merveille à l'esprit du dirigeable, le chant n'a pas à rougir face à celui de PLANT. C'est lourd, toujours épique, truffé d'effets en tous genres. De la belle ouvrage, un magnifique hommage à LED ZEPPELIN!

Voilà la confirmation d'un projet musical à la pointe de la créativité. LES FRICTION reprend à son compte tous les apports technologiques existants pour créer une nouvelle fusion musicale qui emprunte à tous les genres sans la moindre vergogne, et avec raison. C'est là que réside l'avenir ! Si j'osais, je dirais que voilà la musique que les jeunes générations d'aujourd'hui devraient sans doute écouter, s'elles n'avaient pas les oreilles scotchées à leur portable toute la journée. Si on regarde de près l'évolution de la musique, c'est l'évidence. J'attends avec impatience leur troisième offrande. Un puissant 4.