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2019 Wired For Madness
 

1993 Listen
2004 Rhythm Of Time
2007 The Road Home
 

- Style + Membre : Dream Theater, Liquid Tension Experiment

Jordan RUDESS - Wired For Madness (2019)
Par BAKER le 7 Octobre 2019          Consultée 1414 fois

Les sorties d'albums solo et celles des disques du groupe, c'est toujours un casse-tête. Il faut décaler les agendas de telle sorte que le groupe soit prioritaire sans pour autant sacrifier le solo au risque que l'artiste fasse sa mauvaise tête. D'habitude, on a donc droit à un grand numéro d'équilibriste où la maison de disques ménage la chèvre et le chou pour ne pas sacrifier l'une ou l'autre partie. Pour le dernier album solo de Jordan RUDESS, les maisons de disques étant différentes, il n'y a pas eu gants pris, et Wired... est sorti en frontal, en même temps que Distance Over Time de DREAM THEATER.

Ami lecteur, sur ces deux disques, un seul avait des choses à dire. Sauras-tu le retrouver ?

Jordan RUDESS en solo, ça fait un paquet d'années que ce n'est plus franchement la panacée. Saoûlante et parfois même inutile, l'oeuvre en solitaire du mecha-claviériste prodige arrivait à devenir encore plus stérile que celle de son groupe, pourtant critiqué à hue et à dia depuis que Saint Portnoy a quitté le cocon. Alors soyons clairs dès le départ : ce disque, c'est absolument tout ce qu'on peut détester chez Jordan, et qui fait son identité : la virtuosité écoeurante et totalement gratuite, le mauvais goût impondérable côté sons pourris, la technologie utilisée à tort et à travers, le verbiage pianistique caquetant, tout y est. En dix fois pire.

Et malgré tout, peut-être même grâce à cela, Wired... est de loin son meilleur album depuis Listen.

Il s'agit avant tout d'un disque fun, où l'empilement de sons divers (des centaines) fait partie intégrante de la composition, tout autant que les mélodies, et où aucune limite n'est tolérée. Notre homme joue de tout ce qui se branche dans une prise jack, guitare comprise (il est devenu grâce à Petrouche un redoutable gratteux), et il chante, souvent, bien, avec une voix grave et agréable - Listen, bis. Il a également fait appel à des copains, et c'est ce qui permet au disque, en plus de ses qualités intrinsèques, de se montrer varié et intéressant malgré sa longueur. Il y a bien cinq / six minutes de trop, qui auraient permis à Wired de se hisser encore plus haut, de taper le 5 étoiles, mais par rapport aux autoroutes d'ennui dont il est coutumier, c'est peanuts.

L'album se scinde en deux parties : un énorme epic prog choucroute, coupé en deux (pour quelle raison ? peut-être pour tenir dans le très beau vinyl), et les titres "normaux". On va commencer par les deux epics : il y a de tout, un peu trop, et la partie 2 aurait effectivement mérité quelques bons coups de ciseaux, la folie techno-jazz-fusion-furieuse des minutes disons de 15 à 20 se montrant redondante. Mais si l'on passe outre les éclaboussures de gammes gratuites et de zigouigouis peu érotiques, la construction et le fun complet de ces titres saute aux yeux, surtout sur la partie 1. Deux intermèdes jazz big-band très maîtrisés (ah ce solo de clarinette !), des sons vraiment au taquet (le glissement d'orgue à 4 minutes... oui, je parle bien de glissement, pas de glissando !), les parties de gros bourrin avec riffs metalliques lourds et distrayants, c'est franchement sympathique. La mélodie débutant à 6 minutes est du pur fusion prog de grande qualité, et à 9 minutes Jordan se permet une partie plus pop et chantée, excellente, vraiment très, très très bonne... et PUTAIN QU'ELLE FAIT ASTONISHING !!!

C'est probablement la révélation de cet album : il est parsemé d'excellents couplets et refrains très mélodiques et accrocheurs, et tous, sans exception, font immanquablement penser aux meilleurs moments d'Astonishing. Ah, cet album décrié ne peut pas être répudié ! La partie 2 est donc moins bonne car un peu trop expansive, et longue, mais on pense souvent au Karn Evil 9 d'ELP : les amateurs de cette pièce grasse y trouveront sans nul doute leur bonheur, surtout que des bribes de Tarkus s'y glissent. Jordan fait de l'orchestral, du funky, du vieux prog, de tout et s'amuse franchement. La présence d'un chant féminin, très bon en prime, aère le final et si l'on regrette quelques détails, notamment James LaBrie qui ici apparait diminué et mal enregistré en prime, la grande suite "Wired For Madness" à elle seule est assez généreuse mélodiquement pour que même les plus réfractaires aux RUDESSeries puissent tendre une oreille.

Attendez, ce n'est pas tout. Un peu pressé par sa maison de disques (qui, pour une fois, a eu une bonne idée), Jordan a aussi composé des titres plus courts. Le résultat va de correct à très surprenant. Certes "Drop Twist" est un peu trop foutraque, faisant penser à l'album commun des frères GRUSIN, certes "Perpetual Shine", plus funky, fait un peu double emploi avec les epics même si l'on sent une approche plus Joe Zawinul et que Jonas Reingold n'est pas venu faire de la figuration, mais ce sont surtout les 4 titres plus pop-rock qui vont achever de faire de ce disque un gros plaisir coupable.

"Off The Ground" est une ballade mid-tempo au couplet absolument excellent (le refrain est plus culcul), enrichie par un solo extra-terrestre de Guthrie Govan. "Why I Dream", qui finit le disque de façon convaincante, est expansif mais jamais trop, avec là encore un côté "best-of Astonishing" flagrant. "Just For Today", la plus dépouillée de toutes, n'est que Mélodie avec un grand M, un très bon moment, plein de feeling. Enfin, OVNI du disque, "Just Can't Win" voit Jordan se frotter au blues rock avec... une grande réussite ! Oui, il y a des solos de synthé et orgue bien cheapos, mais il y a aussi un feeling terrible, des cuivres impeccables, un solo de piano-bar comme on aime, une apparition divine de Joe BONAMASSA qui se la pète à mort, et puis ce final, oh yeahhhhhhhhhhhh ! C'est du pur, du dur, du certifié, mais avec la touche sale gosse morveux de Jordan. C'est à l'image du disque.

Wired For Madness est un disque qui ne plaira pas à tout le monde, c'est certain. Il faut supporter le style RUDESS, et quand je parle de supporter, c'est physiquement, certains n'y arrivent pas. C'est un disque long, rempli (merci les ballades pour l'aération !), terriblement prétentieux. Mais il est surtout fun comme pas permis. Et CA, c'est ce qui manque à DREAM THEATER depuis bien trop longtemps. Astonishing était une bouffée d'air frais oui, mais raide comme un piquet : RUDESS en prend les meilleurs passages et accomode ça avec une p'tite sauce au poivre vert bien piquante, un poil sucrée, qui fait le délice des petits commeuh des grands. C'est une des surprises de l'année, à prendre ou à laisser bien évidemment, mais si je vous dis que dans les tous meilleurs moments de folie, Jordan se rapproche de SFAM, ça ira comme laisser-passer A38 ?

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   BAKER

 
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- Jordan Rudess (chant, claviers, prog, guitare)
- James Labrie (chant)
- Marjana Semkina (chant)
- Guthrie Govan (guitare)
- Joe Bonamassa (guitare)
- John Petrucci (guitare)
- Vinnie Moore (guitare)
- Alek Darson (basse, guitare)
- Jonas Reingold (basse)
- Elijah Wood (batterie)
- Marco Minnemann (batterie)
- Rod Morgenstein (batterie)
- Josh Plotner (saxophone)
- Kushal Talele (saxophone)
- Armando Vergara (trombone)
- Jack Kotze (trombone)
- Peter Wikle (trombone)
- Kai Sandoval (trompette)
- Kali Rodriguez-pena (trompette)
- Stuart Mack (trompette)
- The Page Brothers (choeurs)
- Shem Cohen (guest)


1. Wired For Madness (part 1)
2. Wired For Madness (part 2)
3. Off The Ground
4. Drop Twist
5. Perpetual Shine
6. Just Can't Win
7. Just For Today
8. Why I Dream



             



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