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2019 (Begin Anywhere)
 

- Membre : This Heat, Camberwell Now, Quiet Sun, V For Victory

Charles HAYWARD - (begin Anywhere) (2019)
Par JOVIAL le 21 Octobre 2019          Consultée 1592 fois

Elle est étrange cette photographie. Charles HAYWARD est seul. La posture semble fatiguée, l'allure est quasi-spectrale. C'est aussi la toute première fois qu'il figure lui-même sur une de ses pochettes, se contentant habituellement de dessins ou d'artworks plus abstraits. L'horloge et ce bleu crépusculaire en plus, et cette porte qui se referme, on pourrait croire à un adieu. On pourrait croire à un dernier album. Il faut dire que l'homme fêtera dans quelques mois ces cinquante ans de carrière. Batteur d'une rare inventivité, on l'aura notamment entendu au sein des groupes QUIET SUN, THIS HEAT, CAMBERWELL NOW et MASSACRE, mais également sur plus d'une centaine de disques en collaboration avec d'autres artistes, sans compter ses propres œuvres en solo ainsi qu'une multitude d'autres projets, de concerts et de performances en tous genres. À soixante-huit ans, on comprendrait aisément que laisse poindre chez notre Londonien une certaine envie de retraite.

Mais ne tirons pas des plans sur la comète et laissons, au moins par politesse, l'avenir en décider à notre place. Considérons plutôt (Begin Anywhere) comme une pause. C'est cela, Charles HAYWARD a voulu se retirer du monde. Ce n'est certes pas la première fois qu'il compose et produit seul, comme récemment avec One Big Atom (2011) ou plus loin pour Switch On War (1991) et Skew-Whiff (1990). Seulement ici, le ton est changé.

Ce nouvel album est une œuvre avant tout très intime. L'artiste est absolument seul, il dialogue avec lui-même. Il se conte ses solitudes, ses craintes. L'exercice pourrait à juste titre sembler excluant, il est au contraire des plus touchants. Charles HAYWARD chante les tourments d'un homme avec une énergie vive mais aussi profonde, enfouie, quasiment indicible. Dans cette pièce où il est entré, il s'interroge sur ses peurs : peur de décevoir ou de perdre un être cher (« Watching You »), peur de l'ennui (« Safe as Houses »), peur d'avoir peur (« Rattlesnake»), peur du mensonge (« The Camera, The Actor »), peur de la Fin (« Perfect Storm »). Mais le discours n'est ni pathétique, ni mélancolique et il y a dans ce disque quelque chose d'incroyablement rassurant. Dans ce tableau d'un bleu sombre, dans cette « Nuit » comme l'aurait dit Céline, luit une porte de sortie. Seul avec nous-mêmes, la tête encombrée de souvenirs et de pensées obsédantes, nous sommes aussi tous ensemble. « All together » dans ce même drame shakespearien. Il faut passer outre les regrets, sortir de son corps et s'émanciper des douleurs, voilà ce qu'en substance Charles HAYWARD nous donne aussi indirectement à entendre, sous forme d'une confession brute mais poétique, intrigante, déroutante, presque provocante.

Pour la première fois encore, le Londonien a rangé sa batterie. Vous lisez bien : le batteur reconnu, mercenaire de luxe d'innombrables projets, a laissé cymbales et baguettes au placard. À la place, il s'est installé au piano. D'autres instruments font aussi leurs apparitions, des claviers, du mélodica, quelques percussions, un peu de basse, mais dans l'ensemble (Begin Anywhere) se limite principalement à cette unique formule chant et piano. Il en ressort évidemment des titres minimalistes et nus, bruts même, ce qui n'est pas forcément pour nous surprendre venant du sieur de Camberwell, mais qui font cependant montre d'un lyrisme voire d'une élégance inattendus. Les compositions donnent ainsi souvent l'impression d'une musique très fragile et d'un équilibre pouvant se rompre à tout moment. Au chant, Charles HAYWARD se montre très convaincant, théâtral et fier sans jamais rien exagérer, et se risque même parfois à monter dans les aigus (« Slow Train »). Il y a aussi dans (Begin Anywhere) une certaine puissance, une chaleur souterraine en sommeil qui prend aux tripes et donne corps à cette musique, intense même dans ses instants les plus dépouillés.

Si quelques passages peuvent peut-être sembler moins évident (« Unknow Unknows ») voire s'essouffler dans la durée (« Alphabetical Order »), ce nouvel album reste globalement très bon et ne déçoit que rarement. Au contraire, on atteint même des sommets d'excellences sur « Watching You », « Rattlesnake » et « The Camera, The Actor ». Quoique certaines ambiances pourraient rappeler les premiers morceaux de CAMBERWELL NOW, le batteur anglais étonnera d'autant plus par sa capacité à proposer une œuvre radicalement différente de ce à quoi il nous avait habitué jusqu'à présent. Le pari était risqué, mais il est finalement gagné ! Well done, monsieur HAYWARD.

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   JOVIAL

 
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- Charles Hayward (tout)


1. Watching You
2. Safe As Houses
3. Rattlesnakes
4. Slow Train
5. The Camera, The Actor
6. Out Of It
7. Alphabetical Order
8. Unknown Unknowns
9. Perfect Storm



             



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