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MUSIQUE ÉLECTRONIQUE  |  B.O FILM/SERIE

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B.O FILMS/SERIES

2019 Chernobyl

Hildur GUÐNADOTTIR - Chernobyl (2019)
Par ERWIN le 4 Novembre 2019          Consultée 1184 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

On va m'accuser de privilégier tout ce qui vient d'Islande là encore ! Qu'y puis-je, s'ils sont plus doués que nous en général dans tous les arts et les sports ? Bref, une surdouée de plus en provenance de la terre de feu et de glace. Issue d'une longue lignée de musiciens et élevée dans une ambiance tolérante et ouverte, Hildur GUÐNADOTTIR vient d'exploser sur la scène Internationale en signant les B.O. de la série Chernobyl puis du long-métrage Joker. Violoncelliste classique accomplie, la jeune artiste de 36 ans n'en est pas son coup d'essai puisqu'elle a participé à de nombreux projets au fil des ans de son apprentissage. Ainsi les expérimentaux de THROBBING GRISTLE et les black metalleux de SUNNO l'ont déjà comptée dans leurs rangs, entres autres pointures. On signale aussi ses collaborations avec Johan JOHANSON sur Trapped – la série produite par Sigurjon Kjartanson de HAM, tout ceci est très familial, comme tout ce qui a trait à l'Islande – et Marie Madeleine de Garth Davis.

Nous voici donc rendus à la B.O. de la mini série Chernobyl. En préambule de cette analyse, on se contentera de remarquer que l'épisode ô combien dramatique vécue par la ville de Pripyat en Ukraine se prête magnifiquement à une musique grave, sourde et angoissante, c'est l'évidence.

Et ça ne rate pas ! Dès le titre d'ouverture "The Door", les percussions se mixent avec les ondoyances de sons synthétisées exprimant la douleur et l'attente, une sorte de prélude à la catastrophe ! On comprend mieux dès lors le choix porté par les producteurs vers la compositrice islandaise. C'est qu'il en faut pour mixer ainsi les sons humains et ceux dont la nature tellurique n'a plus rien de compréhensible à la seule expression artistique. "The Turbine Hall" est certes plus ambiant, mais la sensation d'angoisse et de stress ne fait que monter.

Sur "Bridge Of Death", on perçoit certains éléments d'angoisse plus lointain, le destin des enfants regardant depuis le pont le feu nucléaire, tous promis à une mort de décrépitude lente et terrifiante. Mais à nouveau, on perçoit le son du Metal qui se tord et se corrompt. La radioactivité en marche. Les choeurs de Vichnaya Panmyat nous replongent dans une sauce plus liturgique que l'on pourrait croire plus proche de la formation de base de Hildur. N'en croyez rien, cette artiste est une touche à tout, et comme le veut là-bas la tradition, chaque genre musical est traité à l'égal des autres. Le choeur de Lvov abat un travail considérable : l'aspect terrifiant est gommé au profit d'une douceur immaculée. Le tellurique a disparu, seul demeure l'homme perdu face à l'immensité de la catastrophe.

La mort du cœur atomique prend corps avec l'irruption d'un compte à rebours : "Pump Room" est la descente dans le confinement du réacteur des pompiers nageurs qui n'ont pas d'autre choix que d'aller face à la mort pour sauver ce qui peut l'être. On y ressent la pulsation de mort du réacteur agonisant, le métal se tord de plus en plus. La pulsation d'une basse monocorde nous parvient sur "Dealing With destruction". C'est électrique et vibratoire sur « Corridors » où l'acier se froisse et les gaz se dilatent, instant d'une froideur terrifiante et assourdissante. Le battement morbide se fait presque palpable sur "Gallery" qui met en scène le travail harassant et fatal des pompiers sacrifiés pour la cause... Quelle cause ! Il y en aurait des choses à dire ! Mais là n'est pas le lieu, hélas !

"Evacuation" tente de nous éloigner du danger, c'est le cas de le dire. La pulsation a disparu, mais la souffrance reste présente. On perçoit détresse et douleur dans les bruitages divers de ce titre aux relents spectraux tandis que "Waiting For The Engineer" semble charrier avec lui les âmes des défunts dans un élan spectral presque sardonique. Enfin, un piano retentit sur "Lydur" où retentit la voix d'Hildur, qui est aussi chanteuse. Un violoncelle, son instrument de prédilection, prend la suite et l'ambiance nous ramène aussitôt vers les compatriotes de SIGUR ROS et les expérimentaux de THROBBING GRISTLE.

En revanche, seule la vibration cathartique du metal retentit dans "12 Hours Before" dans un équilibre ténu, mais palpable, ne laissant aucunement présager du désastre à venir, comme si l'homme pouvait contenir la toute puissance de la nature. C'est l'éternel combat de l'immanent et du mortel qui prend ici conscience de sa tangibilité. Le ton diaphane rappelant à mon sens certaines compositions de Brian ENO.

Une B.O. est faite pour illustrer des images. Dans ce cadre prédéfini, la musique – les sons ? Le bruit ? - créée par Hildur GUÐNADOTTIR pour Chernobyl est d'une efficacité maximale. Le tellurique des forces naturelles déchaînées par la technologie humaine y atteint un paroxysme de souffrance. C'est magnifique de réalisme, et c'est bien ainsi que nous l'imaginons tous... en moins bien ! Il faut du talent pour retranscrire la radioactivité ou la dilatation du metal. La jeune Islandaise prend ainsi le lead des expérimentaux et assume l'héritage d'une contrée tellurique où pourtant la quasi-absence de technologie énergétique rend la rencontre entre les deux plus qu'improbable. Mais il est vrai que le fracas des volcans ou la puissance des glaciers sont une sacrée introduction au monde des bruits telle que le reste du monde l'ignore. Un produit rare et superbement réalisé.

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   ERWIN

 
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1. The Door
2. Bridge Of Death
3. Turbine Hall
4. Vichnaya Pamyat
5. Pump Room
6. Clean Up
7. Dealing With Destruction
8. Waiting For The Engineer
9. Gallery
10. 12 Hours Before
11. Corridors
12. Liður
13. Evacuation



             



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