Recherche avancée       Liste groupes



      
VARIÉTÉ INTERNATIONALE  |  STUDIO

L' auteur
Acheter Cet Album
 

ALBUMS STUDIO

1957 Calypso Is Like So

Robert MITCHUM - Calypso Is Like So (1957)
Par LE BARON le 17 Novembre 2019          Consultée 1369 fois

En 1956, le grand Robert MITCHUM, qui vient de camper un inquiétant pasteur dans La Nuit du chasseur, le chef d’œuvre de Charles Laughton, part tourner deux films à Trinité-et-Tobago : L’Enfer des tropiques de Robert Parrish, et Dieu seul le sait de John Huston. Entre deux prises, il s’ennuie. Ayant un goût plutôt prononcé pour l’alcool, il fréquente les bars et y entend la musique locale, le Calypso. Il adore, au point d’imaginer enregistrer un album, ce qu’il fait dès 1957 avec Calypso Is Like So... Bizarre ? Oui et non. De la part de MITCHUM, oui, car même s’il a déjà chanté, on peut s’étonner du choix de ce type de musique, pas très raccord avec son personnage de film noir. Mais l’époque est à l’Exotica, ce smooth jazz mâtiné de rythmes plus ou moins caribéens et africains, parfois proche de la muzak. Et puis Harry BELAFONTE vient de connaître un très grand succès avec "Day-O (The Banana Boat Song)".

Alors MITCHUM se lance dans le Calypso, et il s’en sort pas mal du tout ! Il a une belle voix grave, bien posée. L’orchestre sui joue bien est précis. La musique semble toutefois un peu tiède, mais elle est honnête en son genre. Quel genre ? On nous présente un disque de Calypso, mais il s’agit à l’évidence d’un faux, de caraïbes de pacotille, à l’image de la pochette du disque avec son palmier en plastique. Certes, il y a des cuivres, des percussions, des chœurs, bref tout ce qui donne à penser, pour des oreilles occidentales, que l’on écoute une musique "exotique", ou "des îles". Mais il ne suffit pas d’évoquer le Merengue ("I Learn a Merengue, Mama") pour en atteindre la folie parfois furieuse. Ici, tout reste de bon ton, propre et soigné, et – il faut bien le reconnaître – à la limite de l’ennui.

Restent le contenu des chansons et leur interprétation pour éveiller notre intérêt. Les textes se veulent légers. Ils le sont, mais dans un mode très années 1950, avec beaucoup de misogynie dedans. Au premier degré, c’est effrayant. Au second, c’est hilarant. "From A Logical Point Of view", au hasard, qui célèbre les bienfaits d’avoir une épouse plus laide que soi, est une pépite en la matière. Ajoutons à cette misogynie bien établie le fait que MITCHUM chante avec un accent qui se veut local et qui déforme donc allègrement l’américain. MITCHUM, Michel Leeb*, même combat ? Disons que l’on pardonnera davantage à MITCHUM qu’à Michel Leeb puisque nous sommes en 1957.

Résumons : l’album propose une musique propre et toc, des textes misogynes, le tout saupoudré de quelques vagues effluves racistes. Et pourtant, il est quand même vachement bien, ce disque. Pas en tant que disque de Calypso, non, mais tout simplement parce qu’il est chanté par Robert MITCHUM. MITCHUM, c’est la classe américaine, une distance ironique** avec les choses, une façon unique de faire la gueule entre deux verres, entre deux joints. MITCHUM a la classe, il le sait. Il pourrait nous fourguer à peu près n’importe quoi. En fait, Calypso Is Like So ne tient que par l’opposition apparente entre une musique légère, joyeuse - pas mauvaise mais pas bonne non plus – et ce que l’on connaît de son interprète. Calypso Is Like So, c’est Metal Machine Music ! Ben oui, Metal Machine Music est un disque formidable parce que c’est un disque de Lou REED. Mais si vous écoutez l’album sans connaître son "compositeur", il n’a aucun intérêt. Là, c’est pareil.

Calypso Is Like So n’est donc pas un grand disque, mais il est chanté par un type qu’on adore et qu’on n’attend pas du tout dans ce style***. Ce n’est pas la musique qui est formidable, c’est le décalage ainsi créé qui fonctionne dès lors comme une curiosité.

Nous voilà devant un disque difficile à noter. On tâche de sortir de l’ornière avec un 3 oscillant entre la qualité intrinsèque du disque, moyenne et méritant un 2, et le côté désuet, classe et finalement très réjouissant de l’ensemble, qui lui vaut un 4.


*Comique des années 1980 que les moins de 40 ans ne peuvent pas connaître. Michel Leeb faisait rire son auditoire à grands renforts d’accents "africains", "asiatiques", etc. Oui oui, dans les années 1980, en France, il y avait encore ce type de numéro.
**Comme preuve du sens de l'humour de MITCHUM, on l'écoutera s'inquiéter des moeurs de la jeune génération, dans "What Is This Generation Coming To?", alors qu'il a lui-même beaucoup profité de beaucoup de choses, légales ou non.
***L’édition vinyle de 1957 comporte 12 titres, tous issus des mêmes séances. La réédition de 1995, en CD, en comprend deux de plus, enregistrés plus tard, et très éloignés du Calypso. "The Ballad Of Thunder Road" n’en est pas moins excellente.

A lire aussi en VARIÉTÉ INTERNATIONALE par LE BARON :


John ZORN
The Big Gundown (1985)
C'era una volta Ennio e John




Spike JONES
The Best Of Spike Jones And His City Slickers (1967)
Guimauve et dynamite


Marquez et partagez





 
   LE BARON

 
  N/A



Non disponible


- calypso Is Like So...
1. Jean And Dinah
2. From A Logical Point Of View
3. Not Me
4. What Is This Generation Coming To?
5. Tic, Tic, Tic
6. Beauty Is Only Skin Deep
7. I Learn A Merengue, Mama
8. Take Me Down To Lover's Row
9. Mama Look A Boo Boo
10. Coconut Water
11. Matilda
12. They Dance All Night
13. +++
14. Ballad Of Thunder Road (bonus)
15. My Honey's Lovin' Arms



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod