Depuis plus de 18 ans et la fin de M2M, Marion RAVN (anciennement RAVEN) n'a jamais cessé de produire, même si ses projets semblent espacés. Sa période la plus régulière (2012 à 2015) est déjà derrière, mais c'est à bon escient car cela lui a permis de mener à bien une forme de retour aux sources.

En effet, pour un disque plutôt court - 32 minutes - et seulement distribué en téléchargement légal ou en vinyle (une première, pour cette artiste de la génération CD !), Marion RAVN a choisi de tout écrire et chanter dans sa langue natale, le "norsk" ou, comme on dit chez nous, norvégien. Chose plutôt appréciable dans un monde où il est aussi bon de savoir parler anglais et de goûter à cette langue internationale pour d'autres raisons.

Ici, on ne peut nier que c'est "l'attraction" principale, l'apport nouveau de loin le plus marquant, pour l'auditeur bien sûr car pour la femme de tous les jours, ce n'est point le cas. La voix reste accordée à l'image de la chanteuse, belle, sensuelle, et on reconnaît sans mal que ce changement lui apporte un enchantement supplémentaire ! Déjà, rien qu'au titre : "Mellom disse 4 vegger", "Entre quatre murs", qui est aussi la première phrase du disque à teneur elfique, grâce à la jeune femme de 35 ans.

Marion RAVN co-écrit les morceaux avec différentes personnes, dont le chanteur Magnus GRØNNEBERG du groupe CC COWBOYS, dont ils avaient ensemble interprété une reprise en 2013. Elle avait participé, aux côtés de sa "copine" Lene MARLIN à toute la saison 2 de l'émission musicale Hver Gang Vi Møtes (Every Time We Meet), principe très intéressant d'ailleurs, emprunté à la Suède, où sur sept semaines, six invités de la chanson norvégienne reprennent tour à tour des titres des uns et des autres, avec une émission pour chacun et la dernière pour des duos.

Ici, on retrouve GRØNNEBERG aux côtés de RAVN pour "Ikke Deg" ("Pas toi"), slow d'abord séparé et encore plus beau quand les voix se mêlent, sur le final. Il y en a d'autres, de ballades sucrées dans le même style : "4 vegger" ou "4 murs", "Tyv" ("voleuse"), "12-trikken" ("tramway n°12") et toutes celles qui suivent, dont la dernière est un piano-voix, pas sans cordes. Comme toutes les autres, cela dit. Des chansons toutes jolies, encore plus personnelles grâce à la langue natale, et bien servies avec des tons crépusculaires, des arpèges de guitares envoûtants...

L'impression d'être plongé dans les années 90, devant une série TV américaine naïve mais captivante est toujours présente. C'est une bonne chose, mais d'un autre côté, Marion RAVN sort peu d'un tel précarré, et même au niveau instrumentation. Elle qui constituait la part la plus rock de M2M, comme cela a pu être révélé dès la fin du groupe et au début de sa carrière solo, elle qui a même été choisi par MEAT LOAF pour chanter en duo voilà presque quinze ans, elle délaisse quelque peu cet aspect, hélas.

Les guitares sont omniprésentes certes, mis à part le dernier titre, mais elles planent, déroulent leurs beaux arpèges inlassablement et, au final, ne créent une dynamique réelle que sur deux ou trois morceaux. "Fritt Fall" ("chute libre") pour commencer, un single de qualité, deuxième après "Tyv", bel exemple de pop élancée où la voix de Marion RAVN s'envole avec force. Idem pour "Hosten son Kommer" avec son caractère 60's légèrement twist, tous orgue et guitares ronflantes, titre le plus aguicheur de l'ensemble, ainsi que "Svømmer" ("nageuse"), country-pop de qualité.

Celle-ci ne manque pas : tout est bien écrit, interprété... On espère quand même un jour entendre Marion RAVN revenir à une formule rock avec un peu plus de prises de risques en termes d'arrangements, pourquoi pas chanter du funk aussi comme elle l'avait fait parfois durant l'émission Hver Gang Vi Møtes ? Cela lui allait très bien !