The Unraveling est déjà le 12ème album studio de DRIVE-BY TRUCKERS et leur premier en plus de trois ans. Pourtant, il est toujours impossible de classer ce groupe dans une catégorie. Si la tentation de les assimiler au southern-rock à leurs débuts avec Southern Rock Opera et Dirty South semblait cohérente, on s’est aperçu très vite que les gaillards d’Athens ne pouvaient pas rentrer dans un moule. Depuis plusieurs albums, c’est un mélange d’Americana, avec des références à Tom Petty première époque, et aussi à Chris Stapleton, même si les deux leaders Mike Cooley et Patterson Hood n’en font qu’à leur tête et ont fortement politisé leurs paroles au fil du temps.

L’album a été enregistré au légendaire Sam Phillips Recording Service à Memphis par Matt Ross-Spang et toujours produit par David Barbe. Patti King, la chanteuse des Shins, la violoniste Kyleen King et Cody Dickinson (washboard) de NMAS sont les invités.

La pochette, qui représente deux jeunes enfants face à la mer et au soleil couchant en Oregon, est fort différente des autres albums qui présentaient souvent des dessins de monstres. Clairement, le groupe est anti–Trump avec une chanson "Grievance Merchants" qui évoque le poison de la violence suprémaciste blanche en pleine recrudescence avec le peroxydé. Mélange d’espoir avec « Armageddon's Back in Town" et de temps sombres avec "Awaiting Resurrection", le groupe plonge dans le réel avec, à chaque fois, des tempos et des musiques différentes.

Dérangeant, DTB amplifie encore son originalité, avec une écriture acerbe servie par des arrangements musicaux toujours originaux et inattendus..

A ce titre, ce nouvel album est particulièrement déroutant, et il est difficile de pénétrer dans l’univers du groupe, alors que certains opus précédents comme Go Go Boots étaient d’un abord plus accessible. Le groupe plonge au plus profond des détresses de la classe ouvrière américaine. «Heroin Again» parle de la honte et de la douleur de la dépendance, mais aussi de la pauvreté et du désespoir qui y conduisent. Comme le reste de l'album, la chanson parle moins des généralités de l'épidémie d'opioïdes que de la tristesse et de l'impuissance personnelles ressenties en regardant quelqu'un que vous aimez tomber dans le piège de la dépendance. «Babies in Cages», qui a été enregistré en direct en une seule prise, est impossible à ignorer, tout comme les images d'enfants sans chaussures dans des couvertures de papier d'aluminium emprisonnés à la frontière.

Album engagé, qui gratte jusqu’à l’os la misère de la classe ouvrière américaine, The Unraveling dérange, questionne, accuse, constate. On est loin, très loin du rêve américain et d’America First.