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OPéRA ROMANTIQUE  |  OEUVRE

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Guiseppe VERDI - Nabucco (riccardo Muti) (1842)
Par MARCO STIVELL le 10 Mars 2020          Consultée 1272 fois

Après la fin de l'empire napoléonien en 1815 et jusqu'au milieu du XIXème siècle, la Lombardie est, tout comme la Vénétie, le Trentin-Haut-Adige et l'actuel Frioul-Vénétie-Julienne (Udine, Trieste), sous domination autrichienne. Les provinces de Milan et de Parme sont les premières à s'émanciper et à retourner à l'Italie, en 1859, mais avant cela, le peuple lombard a eu quelques décennies pour "regretter" une telle situation politique. C'est ce qui explique le succès de Nabucco, sans précédent pour l'opéra italien de façon générale et pour un compositeur qui, quoique doté d'un fort caractère, ne prévoyait visiblement pas une telle filiation politique.

Pour Giuseppe VERDI, un temps long de vaches maigres prend fin (d'autant qu'en l'espace de cinq années, ses deux enfants et sa propre femme ont trouvé la mort) et ouvre une époque autrement laborieuse. L'idée ici est d'adapter en quatre actes une thématique de l'Ancien Testament, le conflit qui a opposé le peuple Juif au roi de Babylone et d'Assyrie, Nabuchodonosor II qui les traite en prisonniers et esclaves. Il y a donc l'analogie politique susmentionnée, mais l'histoire prend son sens romanesque (pour l'époque même, romantique) dans le lien d'Ismaël avec les filles du roi ennemi, Fenena et Abigaïlle, apportant son lot de passions, de trahisons... Jusqu'au final glorieux où les opprimés renversent la tendance.

Nabucco bénéficie du succès déjà remarquable d'Oberto, Conto di San Bonifacio, première commande de Merelli, l'impresario de la Scala de Milan, le temple de l'opéra. À partir du 8 mars 1942, date de sa création, c'est un véritable triomphe, dont le succès s'étend au-delà des frontières italiennes. L'écriture "sanglante", parfois jugée confuse, de VERDI est un des aspects soulignés en bien comme en mal de Milan jusqu'à Paris, de même que sa capacité à écrire des mélodies fortes.

Le chant soliste n'est peut-être pas son domaine de prédilection, et même dans l'interprétation de 1978 dont nous parlons, conduite par Riccardo MUTI (son deuxième grand oeuvre, après Aida du même VERDI), on constate des rôles qui peuvent paraître difficiles notamment pour les femmes, Elena Obraztsova en Fenena et Renata Scotto en Abigaïlle. Le roi Nabucco (Matteo Manuguerra, baryton), malgré quelques monologues marquants où il tend à s'élever au rang de Dieu dans l'histoire, n'est pas le "clou" tout en demeurant le rôle principal, même le grand prêtre juif Zacharie (Nicolai Ghiaurov), voulant détruire Babylone, peut lui apparaître supérieur. C'est surtout dans le premier acte que l'on peut émettre de telles réserves, alors qu'au fil de l'action, celle-ci comme la musique permettent de splendides dialogues comme "Eccelsa Donna..." (3ème acte).

En revanche, du côté de l'orchestre, dès le départ il n'y a rien à redire, et même si beaucoup critiquent encore la "fermeture" créative du courant classique (fin du XVIIIème siècle), le romantisme à la VERDI s'en inspire de telle sorte qu'il en garde le meilleur. Même les conclusions assénées, si caractéristiques du genre, cette fausse légèreté qu'on entendait déjà au temps de MOZART, le compositeur n'en fait pas abus. À la fin du long dialogue Nabucco/Abigaïlle, "Donna, chi sei?", cela passe très bien.

Si l'oeuvre, dépassant les deux heures, est comme tout opéra susceptible d'entraîner des longueurs, musicalement au moins c'est sans temps mort. VERDI tient compte de la rigueur classique autant que des chants populaires. On apprécie autant les thèmes royaux lumineux que les différentes interventions du choeur. Le choeur ! Suivant ce qui a déjà été dit des voix, il apparaît en fait comme "l'étoile" de cette oeuvre puissante, rouge comme la colère et pleine de tensions directes ou sous-jacentes. Ses apparitions les plus infimes, comme au début du quatrième acte, ou à la fin du premier lors de la délivrance de Fenena, en attestent.

Et puis il y a le "Va', pensiero...", aussi appelé "Choeur des Esclaves", annoncé durant l'ouverture, moment d'accalmie nostalgique au milieu du troisième acte où les Juifs prisonniers se remémorent leurs beaux jours passés. Cet air où toutes les voix, femmes, hommes, sont, sinon à l'unisson, très rapprochées (en tierces) pour donner plus de force collective, débute par l'orchestre et dans la douceur valsée, avec des couplets déjà mémorables, avant "d'exploser" au moment du refrain, passant d'un volume faible à fort, vice-versa... Il est là, le clou de Nabucco, le morceau de toute une carrière on pourrait presque dire ! 5 minutes et quelques qui marquent à jamais la musique italienne.

Il est très rare qu'un pays ait deux hymnes. Certes, pour la péninsule à la Botte, "Fratelli d'Italia" demeure l'officiel. Cependant, le "Va', pensiero..." talonne car il reste, dans la mémoire collective, le chant d'opposition à l'Autriche comme on l'entend dans le dernier épisode de la saga Sissi d'Ernst Marischka au cinéma (enfant, je ne m'en suis jamais relevé, quelle grâce mélodique !), et l'illustration sonore de l'unification italienne en 1861 - même si la guerre continue jusqu'en 71 -. Lorsque, pour les 150 ans de cette date, il rejoue Nabucco en 2011, Riccardo MUTI offre un "bis" au public avec "Va, pensiero..." à la fin du concert comme ce fut apparemment le cas à la première de 1842, chose rare dans l'histoire de l'opéra, conviant même la salle à chanter avec le choeur. Une grande oeuvre musicale, chargée d'histoire !

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   MARCO STIVELL

 
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- Giuseppe Verdi (composition, écriture, orchestrations)
- Riccardo Muti (adaptations)
- Matteo Manuguerra, Veriano Lucchetti (chant)
- Renata Scotto, Elena Obraztsova (chant)
- Nicolai Ghiaurov, Robert Lloyd (chant)
- Anne Collins, Kenneth Edwards (chant)
- Choeur Ambrosian Opera
- Orchestre Philharmonique


- acte I
1. D'egitto Là Sui Lidi
2. Io T'amava
3. Coro Lo Vedeste?
4. Viva Nabucco! - Tremin Gl'insani

- acte Ii
1. Anch'io Dischiuso Un Giorno - Salgo Già Del Trono
2. Tu Sul Labbro De' Veggenti
3. Che Si Vuol?
4. S'appressan Gl'istanti - Chi Mi Toglie Il Regio Sc

- acte Iii
1. È L'assiria Una Regina
2. Eccelsa Donna
3. Donna, Chi Sei? - Oh, Di Qual Onta Aggravasi
4. Va', Pensiero, Sulla Ali Dorate...
5. Oh, Chi Piange? - Del Futuro Nel Buio

- acte Iv
1. Son Pur Queste Mie Membra - Dio Di Giuda
2. Va', La Palma Del Martirio - Oh, Dischiuso è Il Fi
3. Viva Nabucco! - Immenso Jeovah - Su Me Morente, Es



             



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